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3e dimanche de carême (2018) avec l’oeuvre “Le Christ chassant les marchands du Temple”

Publié le 01 mars 2018

3e dimanche de carême (2018) avec l’oeuvre “Le Christ chassant les marchands du Temple”

Cette année dans le livret de carême nous vous proposons une lecture d’oeuvre d’art. Pour ce troisième dimanche, la réflexion portera sur une oeuvre de Giotto.

Le Christ chassant les marchands du Temple  
Chapelle Scrovegni Padoue
Giotto (1267-1337)
Entre 1303 et 1305

Cette fresque haute d’un mètre soixante et large de deux mètres soixante fait partie d’un ensemble bien plus vaste qui décore  la chapelle des Scrovegni. Cette petite église gothique a été construite au tout début du XIVe siècle à Padoue par le fils d’un riche banquier.

Enrico Scrovegni va faire appel à Giotto di Bondone (1267-1337) pour créer un exceptionnel ensemble de fresques consacrées à la vie de Joachim, de la Vierge, du Christ, aux Sept Vices et aux Sept Vertus. En trois ans (1303-1306) Giotto peint l’un des sommets de l’art du Trecento.

Ce fragment est situé sur le mur d’entrée au niveau intermédiaire il est entouré d’autres  fresques représentant la vie publique du Christ : Le Christ parmi les docteurs, Le baptême du Christ, Les noces de Cana, La résurrection de Lazare, l’entrée à Jérusalem et celle qui nous intéresse Le Christ chassant les marchands du temple.

A l’arrière-plan se détache sur un ciel bleu le temple de Jérusalem. Ce temple d’une blancheur rayonnante est doté d’un narthex, animé par des colonnes de marbre. Remarquez sur le haut des arcades l’alternance entre les lions et les chevaux.  Sur le coté on aperçoit une sorte de guérite, une chaire pour les discours à l’extérieur. On peut également noter les trois arcades du temple, ce rythme ternaire pourrait être une allusion visuelle aux paroles du Christ sur le relèvement du temple en trois jours.

La scène principale de la fresque a lieu sur le parvis du temple. Il y a un fort contraste entre l’immobilité, l’aspect massif du temple et l’agitation qui anime le premier plan.

Giotto, pour qui a été inventé le mot d’artiste, est au sommet de son art, les personnages sont graves mais émouvants, les modelés des visages et des vêtements ont l’aspect gracile du style gothique international alors en vogue. Les couleurs notamment des vêtements sont douces dans un camaïeu qui va du vert tendre au bordeaux en passant par le violet éteint de la tunique du marchand.

Le rythme des gestes et les réactions des personnages présents montrent clairement l’énergie qui émane de Christ. La peinture s’organise autour de lui. A sa droite les apôtres, à sa gauche les marchands et les scribes qui marmonnent perfidement. Ces deux personnages, littéralement nez à nez, peuvent être rapprochés des juifs qui vont interpeller Jésus.

Le Christ armé d’un fouet lève la main sur un marchand, ses deux poings sont fermés, dans sa fureur il a renversé la table des changeurs. Le profil de son visage loin d’exprimer la colère est empreint d’un mélange de douceur et de détermination. Les marchands s’enfuient, l’un d’entre eux cherche à se protéger en élevant sa main ouverte devant le Christ. Les animaux profitent de l’agitation pour fuir d’un côté un bouc et un agneau brun, de l’autre une vache et son veau. Giotto suit au plus près le texte de saint Jean. Les colombes sont également présentes, notamment dans les mains de l’enfant qui se réfugie auprès de saint Pierre (on le reconnait grâce à son nimbe doré et à sa barbe courte). Un autre enfant en tunique rouge s’agrippe aux vêtements de saint Jean qui se penche vers lui pour le consoler. Trois autres apôtres regardent avec un air d’inquiétude le Christ mais ils ne prennent surtout pas part à son action contre les marchands du temple.

Ce qui se dégage de cette fresque c’est plus de la détermination que de la violence. Giotto fixe un moment précis, il met en quelques sorte la scène sur pause. Cette volonté de mouvement interrompus se retrouvent dans la pause des animaux, notamment celui du bouc bloqué dans son élan.

Pour saint Augustin le temple dont il est question est une figure de l’Église. Mais c’est aussi une figure de l’âme du fidèle qui doit accepter la purification intérieure apportée par le Christ. Même si ce nouveau regard sur notre vie peut être aussi violent qu’un coup de poing.

Par Noémie Marijon

 

Le livret de carême 2018

 


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