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4e dimanche de Carême (2019) : le visage de Dieu oublié

Publié le 25 mars 2019

4e dimanche de Carême (2019) : le visage de Dieu oublié

En lien avec le livret de Carême 2019, nous vous proposons de méditer l’Évangile de chaque dimanche de Carême.

Étape préparatoire : il s’agit avant tout d’entrer dans une lecture priante des textes bibliques. Pour cela :

  • Prendre le temps de lire et de relire lentement le texte d’évangile puis, en écho, l’autre texte biblique proposé.
  • Repérer, dans la scène, le ou les lieux, le temps, les personnages : la manière dont ils nous sont présentés, ce qu’ils font, ce qu’ils disent. Prêter aussi attention à ce qui se passe entre le début et la fin du récit : quel changement ? quelle nouveauté ?
  • Laisser la Parole résonner en vous, en vous aidant des questions posées. Il ne s’agit pas de répondre à tout mais de pointer, de manière concise, ce qui vous parle le plus.
  • Conclure éventuellement ce temps personnel par un Notre Père ou un Magnificat

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père :
‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’
Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après,
le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,
et partit pour un pays lointain
où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé,
quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,
qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre
avec les gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit :
‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,
et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’
Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin,
son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou
et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit :
‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’
Mais le père dit à ses serviteurs :
‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller,
mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé.’
Et ils commencèrent à festoyer.

Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison,
il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs,
il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit :
‘Ton frère est arrivé,
et ton père a tué le veau gras,
parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère,
et il refusait d’entrer.
Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père :
‘Il y a tant d’années que je suis à ton service
sans avoir jamais transgressé tes ordres,
et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,
tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
Le père répondit :
‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ;
car ton frère que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé ! »


Écouter la Parole

Un père avait deux fils… Comment oublier cette histoire qui est aussi la nôtre, au risque de passer à côté des rencontres ? Car de prodigue dans cette histoire il n’en est véritablement qu’un, le père qui reçoit le fils perdu sans le juger, et sort à la rencontre de son aîné tout autant blessé par la vie. Au milieu d’un désordre causé par une vie de dépenses et d’un désordre plus grand encore causé par des silences, le père témoigne d’un même accueil, il présente un visage de miséricorde qui ne cherche pas à humilier ses fils. Face au cadet revenu vers lui tout penaud, ne réclamant ni faveur ni dignité de fils, il dit alors la joie des retrouvailles et des festins de noce, en écho à la première Pâque célébrée dans le livre de Josué. Et face à cet aîné muré dans sa rancune, incapable de voir dans le cadet pécheur son propre frère, il dit l’ouverture du coeur qui sait voir en tout homme un frère à aimer, à travers un chemin de joyeuses retrouvailles. Au fond, le père libère en chacun de nous le visage oublié de Dieu.


Laisser résonner la Parole

Je prends le temps de contempler ce père dans sa prodigalité. Il est si généreux qu’il n’a pas craint de partager ses biens entre ses deux fils, ne retenant rien pour lui-même. Son regard vis-à-vis de ses deux fils leur permet d’exister dans leurs différences mais aussi dans leurs vies blessées.

Quelle est ma capacité à partager ce que j’ai reçu au-delà de mon superflu, en donnant un peu de moi-même : temps, biens matériels, expériences, savoir-être ou savoir-faire ?

Quel regard est-ce que je pose sur mon conjoint, mes enfants, mes amis, mes collègues ?

Dans tel ou tel événement, comment ai-je respecté sa liberté, ai-je compris sa décision ? Est-ce que je suis attentif à ce qu’il devienne lui-même et à me réjouir de ses choix ?

Comment est-ce que j’accueille et reçois le pardon de l’autre ?


Prier la Parole

Prière pour son curé, du Pape saint Paul VI.

Seigneur, je te remercie de nous avoir donné un homme, et non un ange, comme pasteur de nos âmes. Il est éclairé par ta lumière, assisté par ta grâce, soutenu par ta force. Fais que l’échec ne le dégrade pas et que le succès ne le gonfle pas d’orgueil. Rends-nous attentifs à sa voix, et qu’il devienne notre ami, notre éducateur, notre médecin, notre père. Donne-lui des idées claires, concrètes, réalistes et la force de les mettre en oeuvre, donne-nous la générosité de collaborer avec lui. Fais qu’il nous guide avec amour, exemplarité, par ses paroles et ses actes. Qu’en lui nous puissions te voir, te respecter et t’aimer. Qu’aucune des âmes que tu lui as confiées ne se perde, et que nous soyons tous sauvés par toi avec lui.


Regarder la Parole

Le Fils prodigue, Sieger Köder, ©tous droits réservés.

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Ce tableau est l’oeuvre du Père Sieger Köder, un prêtre mort en 2015. Habituellement, les artistes se focalisent sur la relation entre le père et son fils cadet. Mais dans cette oeuvre, il est important de décentrer le regard et de constater que les deux frères sont habillés de la même façon, ils sont presque la même personne. Le frère qui observe du coin de l’oeil a les mains tordues par l’envie. Le père dans l’embrasure de la porte accueille son fils, il le couvre de son propre corps. Il le réconforte et lui rend toute sa dignité.

 

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