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Homélie du père Jacques – vêpres 14 octobre 2018

Publié le 15 octobre 2018

Homélie du père Jacques – vêpres 14 octobre 2018

Homélie du père Jacques lors des vêpres du dimanche 14 octobre au séminaire français. 

Dans les tempêtes de la vie de l’église que nous vivons, la canonisation de ce matin, nous offre comme une icône de l’église dans ce qui est véritablement le cœur de sa vie, la sainteté et la vocation à la sainteté. Ces 7 saints offerts à nos regards sur la place Saint-Pierre, sont une magnifique leçon d’ecclésiologie.

Qui aurait pu penser qu’un pauvre garçon de 19 ans se trouverait en compagnie d’un pape. Tout semble humainement les séparer et pourtant la sainteté les rassemble. Permettez-moi d’évoquer quelques aspect de cette sainteté chez chacun d’eux.

Première encyclique de Paul VI : Ecclesiam suam. Il traçait le programme d’une Église en dialogue avec le monde, plus exactement en dialogue du salut avec le monde dans toute la diversité de ses richesses et de ses errances. 1975, l’exhortation apostolique : Evangelii nuntiandi. En lisant une biographie de Paul VI, j’ai découvert, que ces grands textes du pape étaient profondément enracinés dans sa vie, sa spiritualité et sa pratique de prêtre et d’évêque. A 26 ans, tout en travaillant beaucoup à la secrétairerie d’état, il devient pour 10 ans aumônier de la FUCI (Fédération Universitaire Catholique Italienne) romaine puis italienne. Moment exceptionnel pour lui d’approfondissement des problèmes qui se posent aux jeunes universitaires, des courants de pensées qui travaillent la culture, des mouvements sociaux. Au centre de son action : le Christ qui apporte sa lumière unique sur toute situation, le Christ sauveur et ami de l’homme. Les historiens assurent qu’une grande partie des hommes qui vont reconstruire l’Italie après le fascisme et la guerre, hommes de grande valeur humaine et chrétienne, les de Gasperi, Aldo Moro, ont été formés par Montini. Il faut découvrir la passion de dialogue et d’évangélisation qui habitait l’archevêque Montini à Milan, comment il s’est mis à l’écoute des populations de cette ville, la plus brillante, entreprenante, créatrice de l’Italie de l’époque, en pleine transformation sociale.  Rencontrer, écouter pour saisir, sentir la condition spirituelle, les besoins spirituels de ceux que le Christ confiait à son ministère : ouvriers, migrants du sud de l’Italie, hommes d’affaires, banquiers et chefs d’entreprise, acteurs de la culture. L’évangélisation au cœur d’un dialogue de salut.

JB Montini est né et a grandi  à Brescia dans une famille bourgeoise, entouré d’affection, dans un milieu riche de culture et de vie chrétienne profonde. Nunzio Sulprizio n’a connu dans sa vie que souffrance : orphelin de père à 3 ans, de mère à 6, il est recueilli par sa grand-mère, anaphalbète, mais de foi profonde, très pieuse, qui lui apprend la prière et l’amour de Jésus-eucharistie ; l’enfant développe ainsi une vraie vie spirituelle, profonde ; merveille de la grâce de Dieu ! Sa grand-mère décède lorsqu’il a 9 ans ; à cette grande peine, vient alors s’ajouter la maltraitance d’un oncle brutal et âpre au gain. Pas de travail, pas de pain ! Mettant fin à son début de scolarisation, il impose au garçon les durs labeurs de sa forge sans égard pour son jeune âge de 9ans. Nunzio deviendra infirme d’une jambe, avec une plaie qui ne guérit pas, obligé toujours de  travailler durement. Finalement, à 15 ans, il est recueilli à Naples par un autre oncle militaire et surtout par son colonel, homme de grande foi et charité pour les pauvres. Enfin, il retrouve un peu d’affection. Hospitalisé aux incurables de Naples, il se remet un peu, mais repris par un cancer des os, il meurt à 19 ans. Très tôt, Nunzio fait de cette vie de souffrance une acceptation de la volonté de Dieu et une union aux souffrances de Jésus crucifié. Sa prière se fait intense auprès du tabernacle, du crucifix et dans la récitation du rosaire. Sa charité aussi : à l’hôpital, il visite, réconforte, instruit les autres enfants et jeunes malades comme lui. Un prêtre lui demande : Tu souffres beaucoup ? Oui, je fais la volonté de Dieu. Qu’est-ce que tu désires ? Je désire me confesser et recevoir Jésus-Eucharistie pour la prière fois. Tu n’as pas encore fait la première communion ? Non, chez nous, il faut attendre 15 ans. Et tes parents ? Ils sont morts. Et qui pense à toi ? La Providence de Dieu. Toute sa vie est abandonnée, livrée à Dieu.

C’est là que Paul VI et Nunzio se rejoignent : ainsi ces mots de Montini nouvel archevêque de Milan : « D’ordinaire, personne ne se trouve dans les conditions conformes à ses rêves et à ses propres plans ; les circonstances de la Providence changent le programme effectif de notre vie ; et, à la fin, il nous faut aimer et servir cette forme de vie que les évènements providentiels de notre pèlerinage nous imposent. »

Paul VI est mort la 6 août, au soir de la fête de la Transfiguration. 3 ou 4 jours plus l’archevêque de Munich, cardinal Ratzinger, au cours d’une messe en sa mémoire disait ceci : « Paul VI a accepté son service pontifical de plus en plus comme une métamorphose de la foi dans la souffrance.(…) Paul VI s’est laissé porter de plus en plus là où, humainement, de lui-même, il ne voulait pas aller. De plus en plus le pontificat a signifié pour lui se laisser ceindre par un autre, et être cloué sur la croix. »

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Il n’y pas de bretelle de dérivation possible pour entrer dans le royaume et dans sa joie.

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