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Les évêques
“Le monde a besoin que nous soyons des saints”

Publié le 10 décembre 2017

“Le monde a besoin que nous soyons des saints”

Le but de l’homélie c’est, à partir de la parole de Dieu qui est proposée par la liturgie de l’Église, de rappeler aux fidèles que cette parole, c’est n’est pas une fable, ni une belle histoire du passé dont on ferait mémoire pour se rassurer. Elle est vivante la parole de Dieu, acérée comme un glaive à deux tranchants. Elle doit atteindre en nous jusqu’à la jointure des moelles et nous provoquer à la conversion. Nous devons donc d’une certaine manière la recontextualiser et voir comment cette parole est efficace aujourd’hui, comment elle s’adresse à nous aujourd’hui dans un monde qui est pourtant radicalement différent de celui dans lequel vivait Jésus il y a 2000 ans, dans lequel vivait le peuple d’Israël au temps de la déportation, c’est-à-dire il y a environ 2550 ans ! Pourtant je suis impressionné par l’actualité de ces versets de la sainte Écriture, par leur fraicheur ! Je suis touché au cœur par les paroles du Seigneur qui, à l’écoute de la souffrance des gens, nous dit : « Consolez, consolez mon peuple… proclamez que son crime est expié ! » Le Seigneur me demande donc de vous consoler, de vous dire que, quelles que soient vos infidélités, vos blessures, vos souffrances, vos trahisons, Dieu vous pardonne. Il est la miséricorde dont l’action bienfaisante rétablit l’alliance, restaure la relation. Nous nous sommes exilés loin de lui, mais il nous poursuit de son amour ! Nous étions comme des brebis sans berger, mais son bras nous rassemble, il fait paître son troupeau, il nous porte sur son cœur. Il vient lui-même, il vient…en personne. Le voilà le sens profond de cette bouleversante première lecture. N’ayez pas peur, soyez dans la joie du Seigneur. Il vous aime et ne vous abandonnera jamais. Par le prophète Isaïe, le Seigneur nous rappelle aussi que son alliance est éternelle, qu’il restera toujours fidèle à sa promesse.

Il est aussi question d’alliance dans l’Évangile d’aujourd’hui, même si la mention de l’alliance est plus discrète. Jean Baptiste est dans le désert, et baptise le peuple d’Israël représenté par cette foule qui écoute sa prédication, assoiffée de conversion et qui désire recevoir ce baptême que Jean propose. Il annonce la venue du Messie par ces mots : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Ce geste souligne, bien sûr l’humilité de Jean Baptiste mais pour un bon juif, la mention de la courroie des sandales renvoie surtout à la loi du Lévirat. La loi du lévirat est la loi selon laquelle, lorsqu’un homme marié meurt, son « lévir » doit se proposer pour épouser la veuve. Le « lévir », c’est généralement l’un des frères du défunt à condition qu’il ne soit lui-même pas marié, ou un cousin si tous les frères sont mariés. Le geste par lequel la veuve accueille son nouvel époux, c’est le geste dont parle Jean Baptiste : la veuve, pour signifier qu’elle accepte cette nouvelle alliance, délie la courroie des sandales de son « lévir ». Cette mention est très importante. Elle signifie que Jean Baptiste se situe dans une perspective de « nouvelle alliance », qu’il présente Jésus comme le nouvel époux, le « lévir » et qu’il dit symboliquement au peuple rassemblé, qu’il n’est pas digne d’être la nouvelle épouse, indiquant, par là que la nouvelle épouse, c’est nous ! C’est le peuple rassemblé, c’est l’Eglise ! Jean Baptiste comme le dit l’évangéliste Jean, c’est l’ami de l’époux, dont la mission est de présenter l’époux à sa nouvelle épouse. Il nous invite ici à entrer dans une relation « nuptiale » avec Jésus, dans une relation d’amour. Dieu épouse à nouveau, en son Fils, l’humanité, pour lui donner une espérance, pour la sauver, pour la libérer de la servitude du péché.

Pour contextualiser l’Évangile cette fois, j’aimerais vous dire que le contexte qui est le nôtre aujourd’hui ressemble à celui de l’Évangile. Il y a quelques années, nous étions encore dans un monde culturellement chrétien, imbibé des valeurs de l’Évangile, puis l’athéisme au XXème siècle s’est exprimé fortement. Aujourd’hui, le monde est redevenu païen : ni vraiment hostile, ni favorable à l’Évangile. Il est redevenu ignorant du message évangélique, mais assoiffé d’espérance, assoiffé de nouvelles réponses à ses questions essentielles. Les grandes utopies du XXème siècle ont vécu et ont déçu. Aujourd’hui le monde est perdu, déboussolé, en quête de sens. Nos contemporains ressemblent à tous ces gens qui ont suivi Jean Baptiste dans le désert, qui ont écouté Jésus sur le mont des Béatitudes, qui lui ont exprimé leurs cris, leurs angoisses, leurs attentes. Comme il y a 2000 ans, ils sont assoiffés de Dieu, assoiffés de vie éternelle. Ils attendent de nouveaux messies à qui ils ne savent pas donner de nom. Ils sont prêts à entendre à nouveau le message évangélique à condition que les témoins de ce message, les chrétiens, aient, comme Jean Baptiste, une vie cohérente, qu’ils acceptent d’être les premiers à avoir besoin de conversion, qu’ils soient humbles et pauvres. Eux-mêmes assoiffés de la parole qu’ils annoncent ils donneront soif, naturellement, et indiqueront la source. L’Église n’est pas un club de bien-pensants. Elle n’est pas une association philanthropique, elle est l’Épouse du Christ. Je vous invite donc, pour être ses disciples missionnaires à vous laisser toucher par lui dans la prière et il touchera mystérieusement les autres par votre rayonnement. Laissez-vous bousculer par sa parole et votre parole les bousculera. Laissez-vous consoler par lui et vous serez, vous aussi des consolateurs. Le monde a besoin que nous soyons des saints. La sainteté, c’est de se laisser toucher par la miséricorde, par notre Dieu Amour et le transmettre par capillarité. Cheminons donc avec confiance vers la célébration de la nativité, vers la célébration de l’alliance de Dieu avec l’humanité. Il fait alliance avec chacun de nous, personnellement pour que notre façon de vivre cette alliance soit une invitation, pour tous, aux noces éternelles.

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