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Les évêques
Au nom de l’Evangile, accueillir toute personne comme si elle était le Christ lui-même !

Publié le 01 juillet 2018

Au nom de l’Evangile, accueillir toute personne comme si elle était le Christ lui-même !

Notre Dieu est un Dieu de vie, qui nous appelle à la Vie, c’est ce qui est dit dans la première lecture d’aujourd’hui. Le livre de la Sagesse semble reprendre ici le livre de la Genèse lorsque la Parole de Dieu affirme que l’homme et la femme sont créés à l’image de Dieu. Ici il est dit : « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. » Cette vie nous est offerte comme un magnifique cadeau que nous portons tant bien que mal et que nous essayons de développer et de faire grandir malgré les combats et les difficultés. Nous sommes ces vases d’argiles qui portent un trésor. Ce trésor c’est la vie, c’est l’image de Dieu en nous, or Dieu est la vie. La mort biologique donnera l’occasion à cette vie que nous portons, de se développer d’une manière nouvelle, sans voile, dans la vision, dans la contemplation de l’auteur de la vie. C’est ce que le texte nous dit en substance. Il nous invite aussi  à combattre nos tendances de mort et tout ce qui tue la vraie vie en nous et en particulier le péché.

C’est dans la personne de Jésus que la Vie s’est manifesté dans toute sa puissance, sa beauté, sa vérité et l’Evangile d’aujourd’hui nous montre combien Jésus est celui qui nous donne la vie de Dieu, qui nous fait renaître comme il a fait renaître la fille de Jaïre. Cette petite fille, nous dit l’Evangile est la fille de quelqu’un de très important, l’un des chefs de la Synagogue. Et comme pour nous éviter tout murmure à l’égard de l’Evangile et du choix que Jésus fait de guérir la fille d’un notable, le texte, inclut de façon très étrange, en interrompant le récit, la guérison de cette pauvre femme, malade, probablement un peu marginale, qui vit dans la peur et la honte de son impureté rituelle. Elle fait justement partie de ceux qui sont rejetés par la synagogue, et donc par leur chef, au nom de la loi de Moïse. Quelle extraordinaire liberté de Jésus qui reçoit chaque personne comme si elle était unique au monde, chaque situation comme si elle était nouvelle, chaque souffrance comme si c’était la sienne. Dans notre contexte français, ce texte pourrait se traduire ainsi : Jésus est appelé auprès du préfet de Calais qui est dans une grande détresse parce que sa fille est morte. Au moment où il s’adresse au préfet pour le rassurer, il est interpelé par un migrant qui lui crie sa souffrance de ne pas être accueilli, d’être en exil permanent, de mener une vie indigne et d’être considéré comme un paria. Il interrompt sa conversation avec le Préfet pour s’intéresser à la souffrance du migrant et avec une infinie compassion le serre contre son cœur et lui apporte le réconfort qu’il demande. Le préfet et son entourage n’en sont absolument pas offusqués parce qu’eux aussi ont été entendus, aimés, compris, écoutés. Dans notre monde, où tant de divisions sont exacerbés, où nous sommes souvent manipulés par des images caricaturales d’une réalité que nous regardons par le petit bout de notre lorgnette, celle qui nous arrange et nous rassure, Jésus se présente comme l’artisan de paix, comme le facilitateur de relation, le juste dont il est dit dans la lecture du livre de la Sagesse qu’il est immortel. Comprendrons nous un jour que la vie, est ne se préserve pas, mais elle se donne, elle ne se protège pas égoïstement mais elle se partage. Quelle est cette mort de l’âme dont parle le livre de la Sagesse sinon le repli sur soi, la contemplation mesquine de nos petits avantages qui entraine jalousie, envie et donc violence. Notre monde de riches a engendré des aigris qui courent à leur propre mort alors que la richesse de Jésus, celle qu’il nous partage jusqu’à se livrer, jusqu’à mourir par amour, nous enrichit et nous procure en plus la joie. Ecoutez ce que nous dit Saint Paul : Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. » O bienheureuse pauvreté intérieure de Jésus qui nous accueille, qui que nous soyons et qui nous donne la vie. Nous avons parfois des idées politiques différentes, des conceptions de la société qui peuvent se heurter voire s’opposer et tout cela est très légitime. Des jeunes veulent s’engager en politique et le pape lui-même les encourage. Mais au-delà de toutes ces différences, ne perdons pas notre identité chrétienne qui est inscrite en nos cœurs, qui est notre trésor et qui nous oblige à accueillir toute personne humaine comme si c’était le Christ lui-même. Pour mieux accueillir, pour mieux aimer, apprenons, au lieu de nous réfugier en nous-mêmes, à sortir de nous-mêmes, à écouter, à nous mettre à la place de l’autre. C’est une excellente façon d’être accueillant que de se dire : « et si j’étais dans la même situation, si ma famille était menacée de mort, de famine…que ferais-je ? » Les pauvres ne doivent pas être manipulés pour servir malgré eux des intérêts partisans et tout aussi égoïstes. Ils ne doivent pas non plus être ignorés comme s’ils étaient une vermine. Merci Seigneur de nous avoir donné le pape François qui tient vraiment, à ce sujet, la place du Christ. Il dérange, mais c’est sa charité qui dérange, ainsi que son bon sens. Pour terminer je voudrais le citer en reprenant un passage de laudato Si.

Numéro 229 : Il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde, que cela vaut la peine d’être bons et honnêtes. Depuis trop longtemps déjà, nous sommes dans la dégradation morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. L’heure est arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi. Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque l’émergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le développement d’une vraie culture de protection de l’environnement.

Mgr Emmanuel Gobilliard

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