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Les évêques
Communier, c’est accepter que Jésus prenne tout en moi !

Publié le 11 août 2018

Communier, c’est accepter que Jésus prenne tout en moi !

Au début du chapitre VI de l’Evangile selon saint Jean, Jésus a multiplié les pains, et les juifs, enthousiastes, l’ont acclamé, au point de vouloir le faire roi. Ils disaient : « C’est vraiment lui le prophète annoncé, celui qui vient dans le monde ».

Dès le lendemain, l’ayant retrouvé, les mêmes récriminent contre lui, et même certains parmi ses disciples choisissent de ne plus le suivre. Que s’est-il passé ? Jésus a dit : « Je suis le pain de la Vie ». Les juifs, qui connaissent le livre du deutéronome savent très bien ce que cela signifie. Jésus, faisant référence à la parole « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu » dit qu’il est lui-même la parole de Dieu. Bien pire, il affirme qu’il possède la vie éternelle et qu’il ressuscitera ceux qui mangent son corps et boivent son sang.

Tant que Jésus disait des choses qui plaisaient à son entourage, il était un héros ! Mais dès qu’il franchit la limite du religieusement correct, il est rejeté. Tiens, cela me rappelle quelqu’un. Le pape, lorsqu’il parle des migrants est un saint pour certains, mais dès qu’il parle de l’avortement, il est le pire des hommes. On pourrait faire l’inverse d’ailleurs. Le pape, lorsqu’il condamne fermement l’avortement est un saint pour certains, mais dès qu’il parle des migrants, il est le pire des hommes ! Alors on le discrédite et on cherche dans sa vie, dans son passé, tous les éléments qui accréditent notre thèse malveillante. Nous le connaissons bien, nous savons d’où il vient. Il est argentin, il est jésuite, il est influencé par telle personne, par tel groupe…

Ceux qui se croient proches de Jésus quand il est d’accord avec eux, changent d’attitude dès qu’il les contrarie. Ils réduisent Jésus à ce qu’ils peuvent en connaître, en comprendre. Ils se font la norme de toute théologie, de toute morale, quand ils ne se prennent pas eux-mêmes pour des saints ! Mais le seul saint c’est Dieu ! Le seul qui puisse me sauver de la mort, c’est Dieu ; le seul qui puisse aimer en vérité, c’est Dieu. Avoir la foi, c’est croire en ce Dieu invisible, dont la seule image visible, c’est Jésus. Jésus, n’est pas seulement un homme admirable, capable de multiplier les pains et de satisfaire les désirs de mon corps. Il est le pain vivant descendu du ciel ! Il est le Verbe fait chair, le fils du Dieu vivant, le saint de Dieu, comme le proclamera Pierre, justement à la fin de ce même chapitre VI. Tout se tient, pour celui qui a la foi ! En revanche, tout se disloque, dès que nous relativisons, dès que nous nous prenons pour la norme, dès que nous considérons les choses en fonction de nous-mêmes au lieu de les considérer en fonction de Dieu. Tiens récemment j’ai entendu quelqu’un, se considérant comme un bon catholique, m’affirmer qu’autant il respectait et écoutait le pape Benoit XVI, autant il considérait que les enseignements du pape actuel étaient beaucoup moins sûrs. Et hop, aussitôt, cet homme relativise toute la doctrine catholique et se fait lui-même la norme de l’enseignement de l’Eglise. Sinon, comment peut-il s’en sortir doctrinalement, s’il juge un pape en fonction de ce qu’il considère, ou pas, comme étant la bonne doctrine. Bien sûr, il va trouver toutes les bonnes excuses, comme les juifs dans l’Evangile, mais dans le fond, il est passé du point de vue de Dieu ou point de vue du monde.

En relisant ce chapitre de l’Evangile, j’ai repensé à la magnifique page de Dostoïevski dans les frères Karamazov. Ce texte s’appelle la légende du grand inquisiteur. Elle raconte qu’un jour en Espagne, au temps de l’Inquisition, Jésus a voulu faire une petite visite à son peuple souffrant, à cette multitude malheureuse. Il apparaît comme il est apparu dans l’Evangile, modestement, sans attirer les regards, pourtant tout le monde le reconnaît. Son sourire exprime une infinie compassion. Il bénit les enfants et guérit les malades. Il ressuscite une fillette et soudain apparait le grand Inquisiteur. « C’est un vieillard presque nonagénaire, à la taille haute et droite, au visage d’une maigreur ascétique ; ses yeux sont profondément enfoncés dans leurs orbites, mais l’âge n’en a pas encore éteint la flamme. » Il a tout vu. Il sait quel est cet homme bon que les hommes acclament et le fait arrêter. Le soir, l’inquisiteur visite Jésus dans sa cellule et un étrange dialogue s’engage, ou plutôt un monologue. « Demain, dit-il, je Te condamnerai et Te ferai périr dans les flammes, comme le plus pervers des hérétiques ; et ce même peuple qui aujourd’hui a baisé Tes pieds, demain, sur un signe de moi, s’empressera d’apporter des fagots à Ton bûcher. » Puis il lui dit en substance : « Tu as voulu leur enseigner la liberté pour qu’ils soient capables d’aimer en vérité, mais ils n’ont que faire de la liberté. Ils veulent du pain. Ils se croient libres, mais ils nous ont confié leur liberté, pour qu’on les rende heureux. Asservis mais heureux ! »

« Tu veux aller dans le monde et y aller les mains vides, promettant une liberté que dans leur bêtise et leur perversité innées ils ne peuvent même pas comprendre, dont ils ont une peur affreuse, — car pour l’homme et pour la société humaine il n’y a jamais rien eu de plus insupportable que la liberté ! Mais vois-Tu ces pierres dans ce désert aride et nu ? Change-les en pains, et l’humanité courra derrière Toi, comme un troupeau, reconnaissante et soumise, quoique tremblant toujours que Tu ne retires Ta main et que Tes pains ne lui soient ôtés. »… « Mais Tu n’as pas voulu priver l’homme de la liberté et Tu as repoussé cette proposition, car que deviendrait la liberté, as-Tu pensé, si l’obéissance était achetée par des pains ?…Tu espérais qu’en T’imitant, l’homme aussi resterait avec Dieu sans avoir besoin du miracle. Mais Tu ignorais que, sitôt que l’homme repousse le miracle, il repousse du même coup Dieu, car il cherche moins Dieu que le miracle. Sans doute, lorsqu’ils recevront de nous des pains, ils verront clairement que ces pains obtenus par leur effort, nous les leur prenons pour les leur partager, sans aucun miracle ; ils verront que nous n’avons pas changé des pierres en pains ; mais ce qui, en vérité, leur fera plus de plaisir que le pain même, ce sera de le recevoir de nous !…Ils apprécieront une fois pour toutes l’importance de la soumission ! »

Revenons maintenant à l’Evangile d’aujourd’hui dans lequel Jésus nous dit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. » Pour ne pas être comme les esclaves dont parle le grand Inquisiteur, acceptons la parole de Jésus qui nous dit : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. » Aujourd’hui les inquisiteurs ne sont plus les mêmes. Ceux qui nous privent de la liberté, et surtout de la liberté intérieure pour nous offrir, toute prête, leur façon de penser, il faut les chercher ailleurs, dans un univers médiatique passé expert dans l’art de la manipulation. Mais c’est nous qui leur demandons du divertissement ou des règles faciles à appliquer, des débats creux qui nous évitent de nous remettre nous-mêmes en question, où les bons sont toujours du même côté et les mauvais, les extrémistes, sont ceux qui ne pensent pas comme tout le monde. Derrière des « idées » il n’y a souvent que du pouvoir et de l’argent. Tout se vend et s’achète, même les bébés, et surtout, notre liberté. Pour que nous soyons vraiment libres nous devons savoir faire deux choses : rejeter la fausse nourriture, celle qui nous est offerte par ceux qui nous confisque la liberté et choisir la vraie nourriture. Sommes-nous vraiment capables de renoncer au petit confort de nos vies sans souffle, sommes-nous prêts à renoncer au pouvoir qui nous tend les bras et qui nous susurre des rêves de gloire ? Jésus nous invite à aimer en vérité, à nous nourrir de cette nourriture dont il parle ailleurs dans l’Evangile. « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père »

 

L’Evangile sur le pain de Vie nous dit qu’avoir la foi, c’est accepter de manger le corps du Christ, de boire son sang, c’est accepter de vivre de Dieu, c’est communier à la vie de Jésus. Communier, ce n’est pas un acte extérieur, qui viendrait nous sauver, comme par enchantement. Communier, c’est accepter que Jésus prenne tout en moi. Nous communions à la vie de Jésus. Et sa vie, il l’a donnée dans le mystère pascal. Certes cette parole est dure et suivre Jésus jusqu’à la croix est exigeant. Nous sommes tentés d’abandonner. Il nous arrive même parfois d’être tentés de mourir. Comme Elie ! Ce n’est pas grave, à condition que, comme lui, même du fond de l’abîme, nous nous adressions encore au seul qui puisse nous sauver, le Seigneur des armées ! « Maintenant, Seigneur s’en est trop, reprend ma vie…tout est perdu, il n’y a plus de fidèles, je ne comprends rien…Reprends ma vie, je ne vaux pas mieux que mes pères. » Si nous sommes capables de lui ouvrir notre cœur dans la détresse, et crier vers lui, alors nous serons capables d’entendre sa réponse, si surprenante soit-elle ! « Amen, Amen, je vous le dis, il a la vie éternelle, celui qui croit…Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de se pain, il vivra éternellement ». Communion maintenant au corps ressuscité du Seigneur, communions à sa vie, communions à sa passion, communions à son obéissance. Sortons de nous-mêmes, de nos idées réductrices, de nos petites perspectives mesquines et laissons-nous mouvoir par l’Esprit de vérité, l’Esprit de liberté, qui vivifie et nous sanctifie. Amen

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