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Les évêques
Dieu veut-il vraiment notre bonheur ?

Publié le 17 février 2019

Dieu veut-il vraiment notre bonheur ?

A la différence de saint Matthieu, saint Luc, dans l’évangile que nous venons d’entendre met dans la bouche de Jésus, nous seulement les célèbres béatitudes, mais aussi leurs opposés. Jésus va prévoir le malheur pour certains. Ce texte peut nous étonner, voire nous choquer pour deux raisons :

– Comment Dieu qui est amour et qui veut le bonheur de ses enfants peut-il nous maudire ?

– Comment peut-il considérer que ceux qui souffrent sont plus heureux qui ceux qui vont bien, lui qui n’a cessé de combattre l’injustice, de guérir les malades…

Imaginons un homme qui travaille, qui réussit et donc qui gagne de l’argent légitimement, qui a une famille unie, qui n’est pas malade, qui est admiré par ceux qui l’entourent et qui ne souffre ni de calomnie, ni d’accusations quelconques. Cette personne, c’est celle que nous voudrions être. Nous travaillons à cela d’ailleurs et nous nous le souhaitons les uns aux autres, en particulier au nouvel an : santé bonheur, prospérité. Une telle personne, nous le voyons dans la bible aussi d’ailleurs, est un idéal à atteindre. Prenez Salomon par exemple, l’homme de paix, le sage. Il a tout, et en particulier la richesse. Pourtant la bible le présente comme le plus heureux des hommes. Il jouit d’une bonne réputation, il est admiré, et pas par n’importe qui, par la reine de Saba elle-même. L’Évangile d’aujourd’hui le condamne-t-il donc ? L’Écriture semble se contredire aussi quand je lis chez saint Paul : « Soyez toujours joyeux ! » alors que je lis aujourd’hui : « Malheureux vous qui riez ». Alors Dieu veut il notre bonheur ou notre malheur ?

Pour répondre à la première question, prenons la première lecture : nous sommes confrontés à la même interrogation : « Maudit soit l’homme qui met sa confiance dans un mortel. » Faut-il ne faire confiance à personne ? Il faut cependant poursuivre la citation : « Maudit soit l’homme qui met sa confiance dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair tandis que son cœur se détourne du Seigneur. » Nous pouvons à la lumière de cette lecture mieux comprendre l’Évangile d’aujourd’hui. Le Seigneur nous dit : « Surtout, appuyez-vous sur moi, mettez dans votre vie ce qu’il y a de plus important : la foi, l’espérance et la charité. » La vraie richesse n’est pas toujours là où nous le pensons.

Jésus dans cet Évangile se présente comme un prophète et nous savons que le prophète, Jérémie en est un bel exemple, aime prendre le contrepied de ce que vivent les gens auxquels il s’adresse. Lorsque nous sommes dans l’opulence il dit : attention, cela ne suffit pas, cela risque de vous détourner de Dieu, donc de la joie véritable. Quand au contraire le peuple est dans l’affliction, comme lors de l’exil à Babylone, le prophète lui promet le bonheur et l’invite à l’espérance, comme si le prophète voulait rééquilibrer la situation. Ici Jésus fait de même. Il dit : « hélas vous les riches » Cette expression d’ailleurs traduit mieux le grec que le terme « malheureux ». Jésus ici ne veut pas notre malheur, il s’attriste surtout de l’orientation que nous donnons à notre vie. Pour mieux résoudre ces apparentes contradictions, nous pouvons aussi lire le psaume :

« Heureux est l’homme …qui se plait dans la loi du Seigneur…tout ce qu’il entreprend réussira. » Cet homme prie, il aime le Seigneur, il donne du fruit en son temps et surtout il réussit. Il réussit et il est bienheureux. Ce n’est donc pas parce que nous réussissons que le Seigneur nous condamne, c’est parce que nous ne mettons pas notre foi en lui. Il y a quelque chose de plus important que notre réussite. Nous pouvons aussi souhaiter pour nous les béatitudes, même si nous sommes déjà dans le bonheur, en demandant au Seigneur : « donne-moi la soif que je n’ai pas assez, la faim que je n’ai pas assez. Donne-moi la soif de toi, la soif d’aimer mes frères et de les servir » Nous pouvons donc vivre cet évangile au niveau moral, comme un bel examen de conscience et une invitation à changer de vie.

Pourtant il y a un autre niveau de lecture que nous pouvons faire de ces béatitudes. C’est entrer dans la façon dont Jésus les a vécues. Parce que lui aussi a pleuré, a été haï, exclu, insulté, rejeté. Parce qu’il est le vrai pauvre, parce qu’il a eu faim, de pain bien sûr, mais surtout parce qu’il vit dans la faim permanente de la volonté du Père, de son amour. Jésus est heureux parce qu’il sait qu’il sera toujours consolé par le Père, que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu. Il est heureux parce qu’il est en dépendance du Père et que cette dépendance le libère. Il souhaite tellement que nous soyons en dépendance du seul qui veut vraiment notre bien, notre bonheur, alors que nous préparons notre malheur lorsque nous sommes dépendants de notre réputation, de notre propre réussite, lorsque nous sommes dépendants de ce que le monde, à tort, considère comme de la liberté, lorsque nous sommes dépendants de nous-mêmes, de nos envies, de nos vues trop courtes, de nos perspectives trop humaines. Dieu seul peut élargir nos vies, leur donner du poids, de la valeur. Cet Évangile nous met en garde lorsque nous vivons à un niveau trop horizontal, trop humain. Il nous invite à entrer dans ses perspectives, dans son projet d’amour, qui soit renverse les valeurs du monde, soit leur donne une nouvelle dimension, du poids. Le bonheur des pauvres, à la différence des riches, c’est qu’ils seront consolés (« malheureux vous les riches, parce que vous avez reçu votre consolation »). Franchement je préfère être consolé par l’amour de Dieu et sa présence, même voilée, que par les biens matériels et les honneurs. Puisque les pauvres ont besoin d’être sauvés, puisqu’ils sont blessés et qu’ils se présentent humblement devant Dieu, il saura répondre à leur cri. Puisqu’ils ont le cœur ouvert alors Dieu pourra s’y répandre comme le seul consolateur, le seul sauveur. Et nous avons tous besoin d’être sauvés, que nous soyons riches ou pauvres, que nous riions ou que nous pleurions, que nous soyons dans la réussite ou l’échec, qu’on nous loue ou qu’on nous critique.

Lorsque nous lisons un tel évangile nous devons cependant ne pas tomber dans le piège de croire que Jésus sépare le monde en deux catégories, comme s’il y avait des bons et des méchants, des purs et des impurs, des saints et des pécheurs. Nous sommes souvent les deux dans la même journée : des pauvres capables de se précipiter dans les bras de Dieu, et des riches quelques minutes plus tard, tombant dans la vanité et succombant à l’attrait de richesses bien futiles. Je pense que l’Évangile parle de nous des deux côtés, du côté des béatitudes, merci mon Dieu, et du coté des malédictions, pardon Seigneur. S’il te plait aide moi à vivre les béatitudes pour que je mette en toi mon Espérance. Amen

Amen

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