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Les évêques
Homélie 5ème dimanche du temps ordinaire – 10 février 2019

Publié le 10 février 2019

Homélie 5ème dimanche du temps ordinaire – 10 février 2019

Homélie pour le 5ème dimanche du temps ordinaire année C.

La première lecture est magnifique ! Elle nous rappelle les fondements de la mission, que nous retrouvons d’ailleurs dans la deuxième lecture, dans le psaume et dans l’Évangile : Dieu seul est saint. Il est le seul sauveur ! Et nous ne sommes que de pauvres pécheurs à qui il confie une mission qui nous dépasse totalement.

Reprenons, au fil de ces lectures les différentes étapes de la mission.

Tout d’abord, la contemplation de l’amour du Seigneur. Sa sainteté ! Il y a un grand danger, que le pape François rappelle dans son exhortation sur la sainteté, et qu’on appelle le pélagianisme. Cette hérésie consiste à croire que la sainteté est pour certains, pour un petit nombre et qu’elle vient de nous. Comme si, au départ, il y avait les bons et les méchants, comme si le monde était binaire, manichéen. Comme si la sainteté aussi était liée à une perfection de vie morale, à un effort de l’homme. Non la sainteté, elle vient de Dieu, elle m’est donnée à mesure que je suis en lien vivant avec lui, le seul Saint, à mesure que je le fréquente. La sainteté, je la reçois du contact régulier, quotidien avec lui. C’est lui qui transforme ma vie, c’est lui qui donne un sens à mes actions, c’est lui qui m’apprend à aimer, à me donner, à vivre…tout simplement. Sans lui je ne suis rien, sans lui je ne peux rien. Il est m’a source et ma finalité, mon unique Espérance. Il est mon Sauveur ! Il n’y a donc pas d’un côté les initiés et de l’autre ceux qui seraient exclus de la rencontre avec lui. D’un côté ceux qui peuvent, et de l’autre ceux qui sont incapables d’accéder au salut. Nous devons, dans le prolongement de cette constatation, affirmer que le Seigneur ouvre ses bras à tous les hommes, qu’il donne à chacun la même « chance » de le rejoindre, de se sanctifier. Vous allez peut-être me dire : « Oui, mais il y en a qui connaissent le Christ, et d’autres qui ne le connaissent pas ! » Je répondrais que, bien sûr, le chemin le plus sûr, celui qu’il souhaite que nous empruntions, c’est celui qu’il nous a montré, celui du baptême, de la vie sacramentelle, de la vie ecclésiale. Si j’ai le bonheur d’avoir accès à cette vie, alors oui, j’ai le devoir d’en profiter, de puiser à cette source bienfaisante. Mais si je n’ai pas rencontré le Christ, si sa Parole n’a pas touché mon cœur, ou si ceux qui me l’ont annoncé m’ont donné une mauvaise image de lui, par leur comportement, le manque de cohérence de leur vie, alors je dois croire que Dieu se manifestera à moi d’une autre manière, que je pourrai le rejoindre en empruntant un autre chemin. Il est Dieu, il saura me manifester son amour, me tendre la main, me révéler qui il est, pour que j’aie accès au salut. Les chemins sont différents, les vocations sont différentes, les moyens de le rejoindre sont différents, mais à chacun, Dieu tend la main. Je pense qu’au ciel nous serons très surpris de la façon magnifique par laquelle Dieu aura réussi à rejoindre chacun, par son intelligence, sa créativité à offrir à chacun le bonheur.

Bien sûr il reste ensuite la question de la réponse de chacun, de la liberté de chacun. Vous pouvez aussi m’objecter que certains, ayant reçu un appel de Dieu, ayant rencontré le Seigneur Jésus, n’y sont pas fidèles ou le rejettent. Effectivement, mais ce n’est pas le cas pour certains seulement, c’est le cas pour tous ! Tous nous sommes infidèles à son appel ! Nous ne cessons de nous replier sur nous-mêmes, de le trahir et de le rejeter. Plusieurs fois par jour même ! Certains le rejettent en commettant des actes graves aussi. C’est le cas de… Pierre et de Paul, d’Augustin et de Marie Madeleine. Dans l’Évangile, nous voyons un Pierre assez hésitant au début. Certes il accepte de jeter à nouveau les filets, mais il prend bien soin de dire à Jésus qu’il a essayé toute la nuit, qu’il n’a rien pris, en sous-entendant qu’il est quand même un professionnel de la pêche. Cependant, dit-il « sur ta parole, je vais jeter les filets ». Il accepte l’action de Jésus dans sa vie, il accepte la rencontre sanctifiante et féconde, et finalement, devant le résultat, il tombe à genoux et il proclame son indignité, sa pauvreté. Cette humilité de Pierre est magnifique. Il accepte d’être sauvé. Oui mais nous sommes au chapitre 5 de l’Évangile selon saint Luc, et vous savez très bien, qu’il y aura quelques péripéties dans la vie de Pierre. Il sera traité de Satan par Jésus, et finalement il le trahira, au moment même où il était, plus que jamais, appelé par son Seigneur à le suivre jusqu’au bout. Cette rupture est gravissime, tout comme le comportement de saint Paul, qu’il nous rapporte dans la deuxième lecture quand il nous rappelle qu’il a été un persécuteur et qu’il n’est pas digne d’être appelé apôtre. Leur sainteté c’est d’avoir accepté la main tendue de Dieu, d’avoir eu l’humilité de demander pardon, d’avoir accueilli la miséricorde à chacune de leurs fautes, c’est de n’avoir pas tant compté sur eux-mêmes que sur Lui qui seul est fidèle, d’avoir compris qu’ils étaient pécheurs. Ceux qui croient trop vite qu’ils sont dignes, qu’ils sont bons et que les autres sont mauvais, qu’ils sont saints et que les autres sont pécheurs, ceux qui sont dans l’attitude du pharisien à l’opposé de celle du publicain, ceux-là courent un grave danger. Ils risquent le péché contre l’Esprit. Le péché contre l’Esprit, c’est de refuser la main tendue de Dieu, c’est de ne plus avoir besoin de lui, c’est de refuser la miséricorde. Dieu alors ne peut plus agir. Il bute contre notre liberté. L’attitude juste, celle de tout apôtre, de tout disciple du Christ, c’est de s’en remettre régulièrement à lui, c’est de reconnaitre sa chute, comme Pierre après la résurrection, comme Paul aux pieds de son cheval, sur le chemin de Damas. C’est d’accepter, que la vérité ne vienne pas de nous mais de celui qui est la vérité en personne, de l’accueillir humblement et d’en témoigner par sa vie.

L’attitude de l’apôtre, c’est donc de contempler l’amour de Dieu qui, comme le dit saint Paul, en son Fils est mort pour nous et est ressuscité. C’est ensuite de proclamer que nous ne sommes pas dignes de recevoir cette surabondance d’amour, c’est de s’en remettre à sa grâce et de redire avec l’apôtre que « ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. » Adoration, humilité, cohérence de vie. Et cette attitude, elle n’est pas linéaire. Il n’y a pas un jour dans notre vie où nous avons rencontré Dieu, un jour où nous l’avons trahi, un jour où nous avons eu l’humilité de nous reconnaitre pécheur, et un jour où nous avons décidé de nous convertir définitivement et d’agir. Ces différents moments de la vie de l’apôtre, ils sont quotidiens, ils se renouvellent sans cesse. Et même si nous avons vécu une rupture grave avec lui, une trahison, il ne cessera de nous aimer, de nous tendre la main, de nous inviter à le rencontrer. Il touchera à nouveau nos lèvres par sa miséricorde et nous confiera à nouveau la mission d’être son serviteur. A nouveau nous pourrons dire : « Me voici, envoie-moi » et nous proclamerons « qu’elle est grande la Gloire du Seigneur ». Il choisit de passer par les pauvres pécheurs que nous sommes. Malgré nos infidélités, il continue de nous pardonner, de nous faire confiance, de nous envoyer. Alors n’ayons pas peur. Son amour jamais ne se lasse. Nous sommes libres de tout sauf d’une chose : l’empêcher de nous aimer. Quelle que soit notre attitude, la gravité de notre péché, quelle que soit notre éducation, la connaissance que nous avons de lui…Il ne nous abandonnera jamais. Il ne cessera de nous poursuivre de son amour.

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