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Les évêques
Homélie de Mgr Gobilliard – Pentecôte 2017

Publié le 07 juin 2017

Homélie de Mgr Gobilliard – Pentecôte 2017

La première lecture nous indique que les apôtres étaient tous réunis ensemble. Le texte insiste sur l’unité, sur le fait qu’ils étaient ensemble. Pour bien comprendre ce qu’ont vécu les apôtres, je voudrais revenir en arrière, au moment du Vendredi Saint, le soir de la mort de Jésus pour analyser cette évolution fantastique. Juste avant la Résurrection, ils étaient, certes, réunis, mais ils étaient terrorisés, les portes verrouillées. Il en manquait pourtant un, Thomas, qui avait trouvé cette force intérieure, mais très humaine cependant, de sortir et d’affronter la réalité. Un homme courageux, fougueux. Aujourd’hui ils sont unis par la charité et la force qu’ils reçoivent, même si elle prend possession de leur humanité, est toute divine. C’est celle de Dieu. Pour accueillir cette force de Dieu, il a fallu pourtant la présence d’une femme, humble et discrète, modèle de l’Eglise, perfection de la foi au cœur de la souffrance. Marie a souffert comme aucune autre femme, mais elle a gardé la foi. Comme à l’Annonciation, elle était le réceptacle de la puissance de Dieu. Le Seigneur s’est servi de son humilité, de sa pauvreté, de sa discrétion aussi, pour révéler sa force. Le soir de la crucifixion, nous pouvons penser qu’elle s’est retrouvée seule avec saint Jean, puisque les apôtres étaient dispersés, qu’ils avaient laissé tomber Jésus au moment le plus important, et qu’ils étaient probablement submergés par la honte. Repliés sur eux-mêmes, incapables de réagir, ils s’étaient cachés pour que, comme Adam dans la Genèse, après le péché, Dieu ne les voit pas. Marie était seule avec saint Jean, peut-être déjà au Cénacle, meurtrie par la douleur, mais debout et pleinement vivante. Nouvelle vivante, nouvelle Eve. Comme une mère, je suis persuadé qu’elle pensait aux autres apôtres, qu’elle priait pour eux, pour qu’ils retrouvent la paix (cette paix que seul Jésus peut donner. « La Paix soit avec vous !) » et qu’ils se rassemblent dans une unité que seule la force de l’Esprit peut réaliser (ils se trouvaient réunis tous ensemble !) Pourtant il fallait une femme pour accueillir et préparer la venue du paraclet. « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre ». Je ne crois pas qu’elle soit restée inactive. Je crois que si Jean était avec elle, dans le plan divin, ce n’était pas pour rien. Certes l’Ecriture ne nous dit rien de ce moment tellement important où les apôtres ont pris la décision de revenir, de quitter leur peur et leur honte pour se rassembler avec Marie, alors j’imagine. J’imagine que Marie a trouvé dans sa foi et son amour de mère, qu’elle a trouvé aussi dans la parole de Jésus : « Femme voici ton fils ! », la force d’une parole. Je l’imagine se tournant vers Jean et lui dire : « Où est Pierre ? Où est André ? Où est Matthieu, et Jacques et Barthélémy… » Il n’a pas fallu beaucoup de temps à Jean pour comprendre. Peut-être s’est-il renseigné, peut-être est-il allé les chercher. Mais je n’imagine pas qu’il soit resté inactif. A ce moment-là pourtant, je suis persuadé qu’il s’est passé quelque chose d’absolument essentiel, et qu’en l’absence de Jésus, c’est la mère, qui a fait le travail. Elle est allée, symboliquement mais réellement chercher chacun de ses enfants. Souvent j’entends des personnes me dire : je n’ai plus la force de m’adresser à Dieu, j’ai trop honte, ou je suis en colère contre lui, alors je dis un « je vous salue Marie. » C’est le rôle de Marie, d’aller chercher ses enfants quand ils sont seuls, en détresse, meurtris par la souffrance ou leur péché. Elle nous prépare à recevoir Jésus, et elle s’efface devant la puissance de Dieu. Sa présence, soulignée par les actes des apôtres n’est pas qu’un détail insignifiant. Elle représente la participation de notre pauvre humanité au mystère du salut. Marie, pendant ces quelques heures de l’absence de Dieu, c’est l’Eglise, qui prie, qui espère, qui croit, qui aime. L’Eglise poursuit son œuvre, en donnant les sacrements qui sont puissance de Dieu. Je prête à Jésus mes mains et ma voix pour dire : « ceci est mon corps », pour dire « Je te pardonne ». Oh ce n’est pas grand-chose, c’est un petit rien nécessaire, c’est une goutte d’eau dans un calice de sang. Mais si je ne réponds pas « oui », Dieu lui-même ne pourra pas se donner, de cette manière en tout cas. Quelle beauté de Dieu, quelle grandeur. Il a besoin de notre humanité ! Ayons besoin de Lui ! Ouvrons notre cœur à sa présence vivifiante, sanctifiante. Accueillons son salut. Sans lui nous ne pouvons rien faire. Mais s’il fait en nous sa demeure, si nous accueillons la force de l’Esprit Saint alors, les apôtres pourront annoncer l’Evangile, les martyres, être témoins d’un Dieu d’amour, les catéchistes pourront enseigner, les époux pourront être une icône de la Trinité. Si j’accepte d’ouvrir mon cœur à l’amour, Dieu pourra se donner. Remarquez que dans le texte, il est indiqué que, des langues de feu, il s’en posa une sur chacun d’eux. » Dieu a besoin de chacun d’entre nous, de tous les charismes, pour que nous soyons, chacun à notre place, des dons pour l’Eglise, des cadeaux de Dieu à notre humanité blessée.

Considérant le corps mystique de l’Eglise, je ne m’étais reconnue dans aucun des membres décrits par St Paul, nous dit sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous… La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Eglise avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Eglise avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Eglise, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Evangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang.. Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot, qu’il est éternel !…

Alors dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : O Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour … Oui j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour… ainsi je serai tout… ainsi mon rêve sera réalisé !!!…

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