Publié le 18 septembre 2017
Il est parti le soir du 8 septembre, une belle date pour une grande figure lyonnaise !
Les passages dans son atelier, les visites d’expositions où il commentait ses tableaux, au musée Dini à Villefranche, à la galerie Claude Bernard à Paris…, resteront des moments gravés dans ma mémoire.
La plus grande joie qu’il m’ait donnée fut de venir avec moi à Aix-en-Provence, en 2006, pour découvrir la magnifique exposition du centenaire de Paul Cézanne. « Cézanne, je le connais depuis plus de soixante ans. Je comprends chacun de ses coups de pinceau… Tenez celui-ci, c’est une trouvaille. Il a complètement changé l’harmonie du tableau… » J’écoutais sans trop comprendre, tout en restant attentif, émerveillé.
Un jour, dans son atelier, il me confia : « Quand je commence un tableau, je sais bien ce que je veux, et pourtant ça ne se déroule pas forcément comme je l’avais prévu. On part, puis on change de direction, mais il faut continuer, avancer, ce n’est pas très facile ». La personne qui était avec nous intervient, en expliquant que c’est un peu comme cela pour moi, lorsque je fais un sermon. « Ah, bon ! », et le voilà qui s’enquiert de savoir comment on prépare et on donne un sermon. Un autre jour il me dit : « Quand ma femme était là, elle venait dans l’atelier et quand elle sentait que j’avais un doute sur la toile que j’étais en train de peindre, elle m’encourageait : ‘’Mais non, mon chéri, il faut continuer ; c’est bien, tu vas voir.’’ C’était très réconfortant pour moi. Elle m’aidait beaucoup. Et puis, … à partir de 60 ans, j’ai commencé à me faire confiance ! »
Merci, Seigneur, de mettre sur notre route des figures lumineuses, entièrement données à leur œuvre (on ne pouvait l’appeler que le matin entre 8h et 8h30 ; le reste de la journée, il travaillait). Ecouter et voir Jacques Truphémus « dans sa grâce » me donnait toujours un élan nouveau pour repartir dans mon service et pour avancer devant Ta face, Seigneur !
Cardinal Philippe Barbarin
