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Les évêques
La vengeance de Dieu, c’est le triomphe de la vie

Publié le 08 septembre 2018

La vengeance de Dieu, c’est le triomphe de la vie

Comme d’habitude, dans les lectures d’aujourd’hui, nous entendons des paroles qui peuvent nous choquer, surtout si nous les sortons de leur contexte. Voici la revanche de Dieu, la vengeance de Dieu. Ces termes, que le prophète utilise, sont-ils en contradiction avec le commandement de l’amour des ennemis et l’exigence du pardon. La vengeance n’est-elle pas à l’opposé du pardon ? Si la vengeance est à l’égard d’une personne, alors Dieu est en contradiction avec lui-même. La vengeance est alors à l’opposé du message évangélique. Mais si la vengeance est à l’égard du mal lui-même, alors la perspective change. Lisons la suite du texte : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. » La vengeance de Dieu, c’est de nous sauver tous et donc elle s’exerce à l’égard de ce qui nous détruit, c’est-à-dire le péché et le mal. Et comment combat-on le péché ? Par la douceur et l’humilité. La vengeance de Dieu, c’est le mystère de la croix, où l’agneau de Dieu se présente sans défense, subit l’opprobre et l’humiliation. Mais c’est ainsi que la mort et le péché sont détruits. Cette revanche, Dieu a hâte de la réaliser en nous. Il veut nous sauver, sans tarder, il veut nous guérir de notre surdité. Il vient lui-même guérir notre aveuglement. Mais y parviendra-t-il ? L’Evangile semble répondre par l’affirmative, sauf que cela n’est pas si simple. En effet, où va Jésus pour accomplir ses miracles et quels signes fait-il pour guérir le sourd-muet ? D’abord il se rend dans le territoire de Tyr, en territoire païen. En effet quelques jours auparavant, il était auprès de ceux qui ont la foi, et même dans son village. Dans son village, ceux qui le côtoyaient lorsqu’il était plus jeune ne croit pas en lui et donc se privent du salut, tout simplement. Leur cœur est fermé. Jésus ne peut non seulement pas les guérir, mais il ne peut pas non plus leur annoncer l’Evangile et changer leur cœur. Par leur faute, ils resteront dans leur endurcissement, dans leurs certitudes. Ils réduisent Dieu à ce qu’ils peuvent en comprendre, et donc ils ne risquent pas de se laisser entrainer au loin, ils ne risquent pas de toucher ce que seul Dieu peut les amener à toucher, l’infini ! Ils resteront dans leur perspectives mesquines, dans leurs querelles de clochers, dans leurs jalousies familiales, simplement parce qu’ils refusent que quelqu’un de chez eux les sauve. Quelques jours auparavant, Jésus était également à Jérusalem ; non plus dans sa famille, mais auprès de ceux qui savent, auprès des pharisiens. Nous avons eu un aperçu de cette rencontre dans l’Evangile de dimanche dernier. Et là, même stérilité ! Jésus ne peut rien leur apprendre, parce qu’ils savent déjà. Il ne peut pas les guérir de leur péché, parce qu’ils n’ont pas de péché, il ne peut pas les sauver parce qu’ils se croient déjà sauvés par leur pratique religieuse.

Non, c’est chez les païens qu’il exercera son ministère de guérison, parce que ceux vers qui il avait été envoyé en premier ont le cœur endurci. Ici le cœur de ces païens est ouvert, disponible, pauvre. Juste avant l’épisode d’aujourd’hui, il avait guéri la fille de la Syrophénicienne. Juste après, il leur multipliera les pains.

Ce qui est intéressant, c’est aussi de voir comment Jésus va guérir le sourd-bègue : en utilisant les mêmes gestes que les guérisseurs, en utilisant de la salive, en touchant ses oreilles. Pourtant il est Dieu, il n’a pas besoin de tout cela ! Mais en faisant cela, il respecte profondément celui à qui il s’adresse. Il respecte d’une certaine manière la religion populaire, il intègre les références de cet homme, il ne le surprend pas, il ne méprise pas sa culture même s’il s’y trouve quelques éléments de superstition. Il évangélise sa culture, ses références, ses habitudes, par un simple geste : « levant les yeux au ciel ». Il manifeste ainsi clairement que c’est Dieu lui-même qui guérit, que ce ne sont ni les gestes, ni la salive. Il fait référence à Dieu, sans mépriser l’humanité et ses habitudes parfois blessées. Le Seigneur n’a pas, à la différence de nous, souvent,  comme premier réflexe, de corriger les gens, de les reprendre. Son premier réflexe, c’est d’accueillir, d’écouter, de comprendre puis d’apaiser, de guérir, et enfin d’Evangéliser et de sauver. Si nous savions respecter cet ordre, nous obtiendrions de bien meilleurs résultats. Mais trop souvent nous voulons nous imposer, mettre en avant notre culture, bien supérieure à celle de notre interlocuteur, nos idées, notre éducation, voire notre position sociale qui est toujours déclinée de façon faussement discrète, de genre : « pendant mes études…à HEC », ou « lorsque j’ai rencontré le préfet, la semaine dernière » etc… comme si le but de la rencontre était d’en imposer, de prouver aux autres que nous sommes meilleurs, que nous connaissons des gens très élevés, que nous parlons couramment l’espagnol et que l’autre n’a qu’à se tenir tranquille. C’est l’attitude des habitants de Nazareth qui savent tout mieux que les autres, et des pharisiens  qui sont mieux que les autres. Jésus, lui, s’abaisse, s’humilie, pour ne pas avoir l’air trop supérieur, pour ne pas faire peur, pour gagner la confiance de l’autre et finalement pour le guérir. Il n’aime pas la fanfaronnade, d’ailleurs il va demander à celui qu’il a guérit, la discrétion. « Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ! »

Si nous voulons vivre vraiment de l’amour de Jésus, commençons par nous laisser guérir par lui. Reconnaissons que nous sommes sourds, que nous avons besoin de lui, de son salut, de sa puissance et à notre tour, imitons-le. Imitons sa charité prévenante, sa discrétion et son humilité. Soyons pour nos frères d’autres Christs, alors ils seront touchés par le seul qui peut les sauver, notre Seigneur Jésus Christ, lui qui « de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais qui s’est anéanti, prenant la condition de serviteur ». Alors Dieu aura obtenu sa revanche, la revanche de l’Amour sur la haine, de l’humilité sur l’orgueil, de la paix sur la violence, de la justice sur l’injustice, de la vie sur la mort. La vengeance de Dieu, c’est le triomphe de la vie. « Par sa mort il a vaincu la mort ».

Amen

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