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Les évêques
L’humanité, sans Dieu, n’est plus humaine, tout simplement !

Publié le 11 juin 2018

L’humanité, sans Dieu, n’est plus humaine, tout simplement !

Homélie de Mgr Emmanuel Gobilliard – dimanche 10 juin 2018.

Dans la première lecture est abordée la question du péché originel. L’homme et la femme, avant le péché, étaient nus et ils n’avaient pas honte l’un devant l’autre, ni devant Dieu. Cette nudité représente la contingence de l’être humain, sa pauvreté, sa faiblesse. Il accepte sa faiblesse et trouve en Dieu sa force. Il exprime paisiblement qu’il a besoin de Dieu, qu’il a besoin de l’autre. Et il n’a pas honte d’avoir besoin, de dépendre de l’autre, de s’appuyer sur l’autre. Le serpent lui susurre que s’il n’obéit pas à Dieu, s’il ne lui fait plus confiance, il sera comme un dieu. Dieu lui avait offert l’arbre de vie, il préfère se prendre pour Dieu, connaître le bien…et le mal, lui qui ne connaissait que le bien. Et il en perd la vie ! Il se coupe de Dieu, qui est la source de toute vie, il se replie sur lui-même et croit qu’avec ses petits bras musclés, il pourra se sauver, se passer de Dieu et ne plus avoir besoin de l’autre. Je ne suis pas, à moi tout seul, l’humanité ; j’ai besoin de la femme, j’ai besoin de l’autre qui m’aide, me complète. L’humanité, sans Dieu n’est tout simplement plus humaine. C’est la tentation du monde actuel, qui croit que la fin de tout, que la réponse à tout se trouve dans l’homme. C’est la tentation d’un humanisme tellement horizontal qu’il se perd lui-même et court à sa perte, c’est la tentation de l’orgueil qui veut tout maitriser, y compris la vie. Nous voyons combien le péché c’est de refuser, profondément la relation avec Dieu, refuser d’avoir besoin de lui, de son aide, de son amour, de sa loi. Le Seigneur nous aime d’un amour infini, incommensurable, il ne veut que notre bonheur. Par ailleurs, il nous connait mieux que nous-mêmes, il sait ce à quoi nous sommes appelés, ce qui comblera les désirs de nos cœurs. Pour mettre toutes nos chances de notre côté, pour entrer dans la vie d’amour et de bonheur qu’il nous promet, il suffit de lui faire confiance, de croire à son amour. Mais nous préférons nos propres idées, nos propres jugements, nous nous enfermons dans cet orgueil qui nous fait croire que la vérité est en nous, que la vérité est une liste de choses à accomplir ou de dogmes à croire. Mais la vérité est beaucoup plus que cela, elle est une personne. Le péché, c’est de se replier sur soi. Rompant la relation avec Dieu, Adam rompt, par le fait même, sa relation avec Eve et même la relation avec lui-même et avec la création. Il ne sait plus aimer, il ne sait même plus s’aimer lui-même. Il a perdu la notion de bien et de mal. Il veut réussir tout seul, il veut obtenir son salut à la force de son bras. Derrière le péché des origines, se cache aussi la subtile volonté de réduire la vie chrétienne à une morale. Adam a préféré la connaissance du bien et du mal à la relation avec son Dieu. Mais, mes amis, pour un chrétien, la vie morale est une conséquence, un fruit de la relation avec Dieu. Nous ne pouvons rien comprendre au bien et au mal si nous séparons ces notions de la relation avec Dieu, si nous ne les mettons pas en relation avec leur finalité, l’amour, dont la source est en Dieu. Coupez vous de la source, et vous perdrez toute notion du bien véritable.

Alors quel est le péché contre l’Esprit dont parle l’Évangile ? C’est justement de se couper fondamentalement de la source, c’est de refuser d’être aimé, c’est de refuser d’être pardonné. Dieu lui-même ne peut pas me pardonner si je refuse son pardon. Il n’y a aucune faute morale qui ne puisse être pardonnée, aucun crime qui n’épuise l’infinie miséricorde de notre Dieu. Seule notre liberté peut l’empêcher d’agir, parce qu’il ne peut pas agir contre notre liberté. Sans liberté, il n’y a pas d’amour. Je ne peux forcer personne à m’aimer, et plus je forcerai l’autre à m’aimer, moins il m’aimera. Dieu ne nous force jamais. Il se propose. Il mendie notre amour et nous tend la main comme un pauvre, assoiffé de notre amour. Pour que nous ayons besoin de lui, il se met dans la position du mendiant. Le péché contre l’Esprit, c’est préférer son petit bonheur rabougri au bonheur que Dieu nous offre, qui est infini, éternel. Le péché contre l’Esprit, finalement, c’est faire le jeu du serpent de la première lecture, croire que Dieu veut notre malheur, alors que son but c’est de nous aimer et de nous sauver. Le meilleur moyen d’éviter ce péché contre lequel le Seigneur nous met en garde, c’est de lui dire humblement : « Seigneur tu es ma force ; je crois en ton amour infini pour moi ; j’ai besoin de toi. Apprends-moi à être faible, à être pauvre, à avoir besoin de toi, des autres. Aide-moi, sauve-moi, aime-moi ! »

Amen

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