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Les évêques
Notre Père !

Publié le 04 décembre 2017

Notre Père !

Homélie de Mgr Emmanuel Gobilliard pour le 1er dimanche de l’Avent.

Frères et sœurs aujourd’hui je vous invite, grâce à cette nouvelle traduction que nous propose la liturgie, à redécouvrir la prière du Notre Père. Je vous invite surtout à redécouvrir Dieu comme un père. Nous en avons souvent une mauvaise image, celle d’un juge autoritaire, ou d’un policier qui viendrait réprimer nos désirs profonds, ou d’un marionnettiste qui agirait sur le monde de façon despotique, ou comme un magicien qui pourrait faire sortir de son chapeau des réponses à tout ce que nous lui demanderions. Il n’est rien de tout cela ! Il est un père qui nous aime, qui nous aide, qui nous éduque et qui, par-dessus tout veut notre bonheur. Oui redécouvrons notre Dieu comme un Père, non seulement aujourd’hui à cause de la mise en valeur de cette prière des prières, mais aussi parce que la première lecture nous parle de Dieu comme un Père : remarquons comment notre texte est entouré, au début et à la fin par cette proclamation d’Isaïe : « C’est toi Seigneur notre Père ! » Le plus étonnant est que le texte se poursuit en abordant presque directement la question que les évêques se sont posés en réfléchissant à cette nouvelle traduction. On pourrait presque reprendre textuellement la phrase d’Isaïe pour signifier le balancement que nous vivons en essayant de traduire, de façon toujours insatisfaisante, cette demande. Si nous traduisons : « ne nous laisse pas succomber », cela pourrait vouloir dire que c’est lui qui a voulu que nous entrions en tentation. Si nous traduisons « ne nous soumet pas », nous pourrions penser qu’il est un peu ce marionnettiste dont je parlais à l’instant, qui nous ferait miroiter des tentations pour nous tester. Dans la nouvelle traduction, nous voyons combien Dieu ne veut pas que nous ayons un contact avec le tentateur. Donc si nous reprenons le texte du prophète, voilà ce que nous entendons : « Pourquoi, SEIGNEUR, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? » Nous sommes exactement dans cette réflexion. Dieu ne nous tente pas. Il ne veut pas que nous soyons confrontés à la tentation, mais au nom de la liberté qu’il nous accorde, il nous permet d’errer sur des chemins qui ne sont pas les siens. Il nous laisse libres et parfois nous empruntons des chemins de traverse. Nous voudrions qu’il nous prive de cette liberté même, que nous soyons obligés de faire le bien. Nous voudrions, pour reprendre la suite du texte, « qu’il déchire les cieux » et qu’il vienne. Nous aimerions qu’il agisse directement, à notre place, pour que ce soit bien fait, pour qu’il n’y ait plus le mal et la souffrance. Pourtant, même s’il veut que nous agissions, que nous soyons libres, le Seigneur ne nous lâche pas pour autant ! Ce texte est lu au début de l’avent, pour nous rappeler, qu’effectivement il a déchiré les cieux, qu’il est descendu en la personne de son Fils, que par lui il s’est livré entre nos mains. Il s’est fait enfant ; il s’est fait vulnérable et fragile. Il s’est remis, lui le créateur, entre les mains de la créature. Le tout puissant s’est fait dépendant, concrètement, à Noël, lorsque cette fragilité physique était confiée à Marie et Joseph pour qu’ils l’accueillent et la protègent. Mais elle nous est confiée aujourd’hui aussi. Nous sommes ses mains pour agir, pour soulager, pour fortifier ; nous sommes ses pieds pour aller au-devant de nos frères, pour rejoindre les périphéries ; nous sommes sa bouche pour proclamer sa parole, ses yeux pour sourire et pour pleurer, son cœur pour aimer.

L’Incarnation se poursuit mystérieusement en chacun de nous, à condition que nous sachions veiller. Dans l’Évangile il nous donne la réponse à la question qui était formulée dans la première lecture. Tu veux que le Seigneur t’aide à rester « dans ses voies », à ne pas t’égarer, à ne pas laisser ton cœur pencher vers le mal ! » Sois veilleur ! C’est-à-dire, sois en contact avec lui, dans la prière, dans la méditation de sa parole, dans les sacrements, dans l’accueil des autres qui crient vers Lui. Veiller c’est ouvrir son cœur à sa douce paternité, à son action bienveillante en nous. Il ne forcera rien. Il nous permettra même de ne pas entrer en tentation, si nous savons mettre sa parole, son amour au cœur de nos vies. Son action n’est pas directe ! Mais elle est discrète, comme pour nous faire la grâce, comme pour nous faire la délicatesse de passer par nous, de nous faire confiance. Il nous rétablit dans cette dignité de fils et de filles de Dieu en nous aimant comme un Père, en nous donnant son Fils, pour que nous puissions nous tourner vers Lui et Lui dire : Notre Père !

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