Chargement du site...
Les évêques
O pauvreté, source de richesse, Jésus donne-moi un cœur de pauvre

Publié le 09 juillet 2018

O pauvreté, source de richesse, Jésus donne-moi un cœur de pauvre

Homélie de Mgr Emmanuel Gobilliard – dimanche 8 juillet 2018.

C’est du mystère de l’Incarnation dont il est question dans les lectures d’aujourd’hui, en particulier dans la deuxième lecture et dans l’Evangile. Saint Paul fait cette confession à la fois douloureuse et pleine d’espérance. Il confesse qu’il porte en sa chair une blessure. Il ne dit pas « en son âme », mais bien : « dans sa chair » comme pour nous faire plonger dans le mystère du Verbe fait Chair. Il conclut finalement, presque désabusé : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. ». On croit l’entendre dire : « j’aurais tellement aimé que le Seigneur se repose sur mes dons, mes qualités, mes forces. Eh bien non, il a attendu que je fasse l’expérience de ma petitesse, de ma faiblesse pour me faire confiance, comme s’il avait besoin que je lui laisse toute la place, que je m’efface, que ce soit lui qui agisse. Mon orgueil est mis à mal, ainsi que ma soif de réussite, comme mon désir d’être aimé, admiré, reconnu, pour que je vive de sa vie.» Vous avez remarqué qu’on ne sait pas ce qu’est cette faiblesse qu’il évoque, cette écharde dans la chair. Dans l’épitre aux Galates il parle d’une maladie, à moins qu’il n’évoque sa honte d’avoir persécuté l’Eglise du Christ. Il avoue également qu’il n’était pas très doué pour parler et sa mission auprès des athéniens était un échec. Sa vie apostolique n’est pas toujours couronnée de succès. Peut être est-ce cela qui le fait souffrir ? Nous pouvons imaginer cette faiblesse mais nous ne saurons jamais de quoi il s’agit puisque jamais saint Paul ne dévoile ce mystère. Et tant mieux ! Ainsi je le sens plus proche de moi lorsque je suis confronté à mes propres faiblesses et j’imagine qu’il les a peut être vécues aussi. Il vient me rejoindre, se faisant ainsi un vrai disciple du Christ. Il dit d’ailleurs aux Corinthiens : « Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns ». Il est vraiment pour nous un apôtre, c’est-à-dire un proche disciple du Christ en rejoignant nos faiblesses et en les transformant en occasions de rendre grâce et de témoigner de la miséricorde du Seigneur. Il ressemble ainsi à Simon le Zélote, un peu activiste et violent qui a dû apprendre à retourner cette violence contre son propre péché et à trouver la force d’aimer. Il est aussi comme Jacques et Jean qui ont voulu, par l’intermédiaire de leur mère, se placer. Ils ont compris à force de patience et de délicate attention de Jésus que pour être le premier dans le cœur de Dieu, il fallait savoir prendre la place du serviteur. Il nous fait surtout penser à Saint Pierre, le premier des apôtres qui a compris que, pour ne pas sombrer, pour ne pas couler, il fallait garder son regard fixé sur Jésus, ne pas trop compter sur soi et accepter de tout perdre, même sa réputation pour gagner le Christ et par Lui, pour gagner tous les hommes à Dieu.

Nous touchons ici le mystère de l’Incarnation. Le Seigneur voile sa gloire pour nous apprendre, à sa suite, à prendre le chemin de l’humilité, parfois de l’humiliation. Il s’abaisse pour nous apprendre à relever l’homme blessé, à redonner des forces à ceux qui sont faibles, une espérance à ceux qui sont tentés de baisser les bras. Dieu s’est incarné et il doit affronter aussi les difficultés familiales. C’est ce qui est évoqué dans l’Evangile. Sa famille évidemment est fière de lui, en particulier lorsqu’il réussit humainement. Comme dans toutes les familles, on se valorise du succès du cousin ou du neveu. On parle de lui dans les salons de l’époque, dans les conversations, un peu comme c’est le cas chez nous. Votre frère est un grand joueur de football, alors vous devenez l’attraction, votre sœur est une star de la télévision et vous ne parlez que d’elle, peut être pas vraiment volontairement, mais en écrasant un peu les autres et en leur rappelant, discrètement, qu’ils n’ont pas aussi bien réussi que vous. Aucun doute que dans l’entourage de Jésus, à Nazareth, sa réputation le précède et on évoque ses souvenirs avec le petit Jésus. On en rajoute un peu, voire beaucoup. Mais tout se gâte lorsqu’il commence à dire des choses étranges, à poser des actes qui dérangent ou qui divisent. Autant on s’était gaussé d’être de sa famille quand tout allait bien, autant maintenant on prend de la distance. On tient à sa réputation. Par ses paroles inconsidérées et politiquement incorrectes, il pourrait nous nuire ! Leur cœur est fermé. Ils sont repliés sur eux-mêmes et utilisent Jésus plus qu’ils ne l’aiment. Ils réduisent Jésus à ce qu’ils peuvent en comprendre. Ils sont dans une logique de succès alors que Jésus nous invite à aimer, ce qui est bien différent. La personne humaine est un mystère. Trop souvent nous utilisons les autres pour notre gloire, pour notre service, alors que Jésus nous invite à servir, à prendre la place du dernier. Plus grave, c’est Dieu lui-même qu’ils réduisent à leurs pauvres perspectives. Un peu comme nous lorsque nous voulons que Dieu soit à notre service, qu’il nous valorise, qu’il soit de notre côté pour que nous réussissions, pour que nous soyons les meilleurs. Dieu est plus grand que notre cœur, il nous dépasse infiniment et si nous avons l’humilité de l’écouter vraiment, il nous ouvre des perspectives qui dépassent tous nos petits calculs. Il renverse parfois même nos valeurs et nous dit : “c’est dans l’humble acceptation de tes faiblesses que je veux construire mon Eglise. Tu voudrais que je me serve de tes richesses, mais je veux me reposer sur ta pauvreté, et en particulier cette pauvreté intérieure qui te mettra à l’écoute de toute personne et en particulier du plus pauvre, parce que le roc sur lequel est ancrée L’Evangile, c’est l’amour. Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise”. Merci Seigneur. Malgré mes difficultés et mes pauvretés tu comptes sur moi, à condition que je me repose sur ta miséricorde qui ne me fera jamais défaut. O pauvreté, source de richesse, Jésus donne moi un cœur de pauvre. Amen

En savoir plus

événements à venir
Découvrez notre magazine
Eglise à Lyon n°71 avril 2024

Suivez-nous sur
les réseaux sociaux