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Les évêques
« Le Seigneur frappe à la porte de notre cœur »

Publié le 02 octobre 2017

« Le Seigneur frappe à la porte de notre cœur »

Homélie de Mgr Emmanuel Gobilliard pour le 26ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A.

La deuxième lecture d’aujourd’hui que nous venons d’entendre est un véritable bijou qui doit d’abord nous plonger dans une grande joie et une grande action de grâce. Avant d’en faire une analyse morale, cette lecture nourrit profondément notre contemplation du mystère du Christ et de l’Eglise. Ce texte possède deux parties qui chacune commence par cette petite incise qui pourrait paraître secondaire et qui pourtant est essentielle : « dans le Christ ». Nous n’appartenons pas au Christ comme nous appartenons à une association, à un parti, à un groupe d’ami. Nous appartenons au Christ, parce que dans son grand amour il est venu jusqu’à nous pour nous serrer dans ses bras, pour nous unir à lui. Lorsque nous sommes loin il part à notre recherche comme il le fait pour la brebis perdue. Commençons par accueillir simplement son amour. Notre premier réflexe serait de dire : « je ne suis pas digne ! » Et c’est vrai ! Pourtant l’amour, on ne doit pas commencer par l’analyser, par le disséquer, mais nous devons l’accueillir, tout simplement. Cet amour ne vient pas de nous, mais de lui. Nous ne pouvons pas l’empêcher de nous aimer. Nous ne devons pas commencer par chercher des raisons à cet amour.

Chercher des raisons à l’amour c’est déjà douter de l’amour lui-même. Je suis aimé, un point c’est tout…tel que je suis. Pas tel que je me rêve, pas indépendamment de mes défauts, de mes blessures, de mon péché. Je suis aimé, tout simplement. A ce titre j’appartiens au Christ et je n’ai plus peur…de me laisser aimer, de le regarder. Et si mon amour, en retour, est sincère alors je vais être heureux de le laisser faire en moi son travail de salut, de guérison, de relèvement, et ma joie viendra de cet amour, et elle sera parfaite. Une fois qu’il aura répandu en moi sa vie, par sa grâce, alors je serai heureux de lui ressembler. C’est ce que nous dit saint Paul lorsqu’il nous invite à avoir les « dispositions qui sont dans le Christ Jésus ». Et si j’ai, dans mon cœur, les sentiments qui sont dans le Christ Jésus, alors je serai naturellement tourné vers l’autre, comme le Christ s’est tourné vers moi, avec les mêmes sentiments. Alors j’aurai « suffisamment d’humilité pour considérer les autres supérieurs à moi-même. Il ne s’agit pas là d’une supériorité morale, intellectuelle, physique. Avec Jésus, nous ne sommes jamais sous le mode de la comparaison. Il s’agit de la supériorité avec laquelle un papa ou une maman considère son enfant. Il le fait passer devant et il ne sera heureux que si son enfant est heureux, et toute sa vie sera relative à la vie de son enfant. SI son enfant souffre, il éprouvera lui-même cette souffrance. Les sentiments qui sont dans le Christ Jésus sont du même ordre. Il porte en lui ce que nous sommes et ce que nous vivons. Il est tourmenté de notre bonheur, c’est-à-dire de notre sainteté, c’est-à-dire de notre salut. Dans une vision un peu trop dialectique, nous opposons parfois la volonté de Dieu avec notre bonheur et nous imaginons pour nous-mêmes un bonheur selon nos vues, souvent mêlées de narcissisme et de volonté de puissance. Et nous savons que si nous cédons à ces démons illusoires, nous serons, dans un premier temps, satisfaits, et puis déçus, et finalement profondément malheureux. De la même manière que nous ne savons pas nous aimer nous-mêmes, nous ne savons pas être heureux. Nous confondons le bonheur qui nous ouvre aux autres, qui nous sort de nous-mêmes et le bien-être qui nous replie sur nous. Alors n’ayons pas peur de laisser Jésus faire. Derrière cette réflexion, il y a toute la question de la vocation. Nous avons souvent peur d’être appelés comme nous avons peur d’être aimés. La vérité est que Dieu nous appelle, qu’il nous appelle tous et cet appel, profondément libérant si nous lui répondons « oui », nous permet aussi de nous réaliser pleinement. Il ne s’oppose jamais à ce que nous sommes. Au contraire, son appel saura tirer de nous ce qu’il y a de meilleur, et nous en serons heureux et fiers, et les autres nous en serons redevables, comme nous leur sommes redevables de nous donner ce qu’ils ont de meilleurs, de se donner eux-mêmes à nous. C’est tout le sens de cette lecture. C’est aussi le sens de l’Evangile où Jésus nous invite à répondre « oui » à son appel. Il est même prêt à patienter. Il est même prêt à subir notre première réaction négative, apeurée, orgueilleuse ou égoïste. Qu’est ce qui fait que les publicains et les prostituées nous précèdent dans le royaume de Dieu ? Ce n’est pas à cause du fait qu’ils sont publicains ou prostitués. C’est parce qu’ils sont humbles ! C’est parce que la vie les a burinés, les a creusés au point qu’ils ont eu besoin, besoin des autres, besoin surtout de Dieu, de son amour, de sa miséricorde. Ils ont fini, après bien des atermoiements, par céder…à l’amour de Dieu qui ne cessait de les poursuivre. Le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson, autrement dit, il ne se situe pas d’abord sur un plan moral. Il ne se situe pas au niveau d’une perfection factice. Le royaume de Dieu, comme la sainteté, comme le bonheur, c’est de se laisser rejoindre par lui, par son amour. Vous vous croyez indignes de répondre à son appel. Rassurez-vous, d’autres étaient beaucoup plus indignes que vous, et ils ont fini par répondre, et ils ont été sanctifiés par lui, le seul Saint ! Ils s’appellent Matthieu, Marie Madeleine, Zachée. Oui ils étaient pécheurs. Oui ils ont commencé par dire non. Et ils ont cédé ! Le barrage a cédé. Le barrage de leurs peurs, de leurs hontes, de leurs péchés et les grandes eaux de l’amour se sont engouffrées dans leurs cœurs assoiffés. Les digues ont lâché et l’amour a fait son œuvre. Et ils ont pu dire en vérité : « Qui pourra nous condamner ?…Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le supplice ?…J’en ai la certitude : ni la mort, ni la vie, ni les esprits, ni les puissances, ni le présent, ni l’avenir, ni les astres ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créatures, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur.

Marie nous montre l’exemple. Elle a dit « oui ». Aussitôt elle a été remplie de la présence de Dieu, elle a été comblée de grâce…et désormais, tous les âges la disent bienheureuse. N’ayons pas peur d’appartenir au Christ. Il est notre seul bonheur, notre seule vie véritable.

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