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Les évêques
Témoins de l’Évangile sur les réseaux sociaux ?

Publié le 28 octobre 2017

Témoins de l’Évangile sur les réseaux sociaux ?

Homélie de Mgr Emmanuel Gobilliard pour le 30ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

À nouveau, les pharisiens, veulent mettre Jésus à l’épreuve, veulent essayer de le piéger en le faisant entrer dans une logique d’opposition. La semaine dernière, on lui demandait de choisir entre César et Dieu, entre le pouvoir civil et les exigences de l’Évangile. Aujourd’hui un docteur de la loi lui demande, finalement, de se positionner : devenons-nous préférer l’amour de Dieu à tout, ou bien nous ranger du côté du prochain, du pauvre et de l’immigré dont il est question dans la première lecture ? Préférez-vous le pape François ou le pape émérite Benoit XVI ?  Vous êtes plutôt du côté des divorcés remariés ou du côté de la défense de la vie ? Vous accueillez les migrants ou vous êtes du côté des veilleurs ? Les querelles du temps de Jésus, non seulement sont encore très actuelles, mais elles sont exacerbées par les réseaux sociaux. Le docteur de la loi, ce n’est plus une personne instruite du groupe des pharisiens, c’est chacun d’entre nous, lorsque nous sommes derrière notre ordinateur et que nous jugeons, nous classons, nous likons ou condamnons. Je n’ai pas le temps de lire tout ce qui circule sur internet, sur Facebook et Twitter. J’ai la chance d’avoir à mes côtés une équipe qui fait ce travail, nécessaire pour l’évangélisation, qu’est la communication médiatique. Mais récemment j’ai surfé sur des réseaux soi-disant catholiques, où j’ai lu des horreurs, des jugements à l’emporte-pièce, des condamnations injustifiées et stériles, des insultes aussi. On a l’impression que la charité disparaît du cœur des croyants, dès lors qu’ils entrent dans l’arène des réseaux sociaux. Je remarque avec tristesse que même des prêtres et des religieux jouent à ce jeu dangereux. Comment peut-on noter un pape, ou oser remettre en cause son autorité lorsqu’il parle au nom du Christ pour défendre les plus pauvres, les opprimés, pour accueillir, comme Jésus l’a fait en son temps, les nouveaux Zachée qui frappent à la porte de l’Église et qui ont peur d’être rejetés ? Comment peut-on oser classer des évêques en fonction de petites idées politiques ? Jamais je n’ai vu Jésus faire une chose pareille ! L’Évangile n’est pas un prétexte pour condamner les autres, mais la parole de Dieu pour me convertir moi-même. Certains ont la difficile mission d’être présents sur la toile et de faire entendre médiatiquement la voie de l’Église. Que ceux qui veulent investir ce terrain nouveau de l’évangélisation le fasse avec l’Évangile au cœur, c’est-à-dire en ayant le souci de témoigner de l’amour de Dieu et du prochain. Il y a de grandes diversités dans le monde et même dans l’Église. Je suis heureux qu’il y en ait qui défendent la vie, qui accueillent des migrants. Je suis tellement heureux qu’il y ait des catholiques qui investissent le champs politique même et surtout s’ils ont des approches différentes. La beauté de la liturgie me remplit de joie autant que les initiatives de nos associations en faveur des pauvres. Cette diversité, reflet des dons et des charismes que le Seigneur a mis dans le cœur de chacun, fait la beauté de l’Église. Il n’est pas nécessaire de clamer son engagement sous tous les toits pour qu’il soit fécond. Au contraire. Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ! Merci à ceux qui, sur la toile, sont témoins de la charité du Christ. Merci aux autres de vivre paisiblement et discrètement leur devoir d’état, et s’ils l’accomplissent avec droiture, ils se sanctifieront et ils sanctifieront les autres.

La réponse de Jésus à ce pharisien est lumineuse et nous aide aussi à nous situer devant la logique d’opposition vers laquelle certains veulent nous entrainer pour nous détruire, et je ne parle pas seulement de certains anticléricaux. Je parle de ceux qui confondent l’Église avec un parti politique ou un lobby qui aurait des intérêts temporels à défendre. Jésus nous demande de choisir l’Évangile et tout l’Évangile, pas de manipuler la Parole pour justifier des prises de positions et des replis égoïstes. Si la parole de Dieu me déplace, si elle m’oblige à sortir de moi-même, à aimer Dieu de tout mon cœur et mon prochain comme moi-même, c’est normal. Si tout cela fait mal à mon orgueil, à mon égoïsme, à ma volonté de puissance ou à ma soif de jouissance, c’est normal ! Jésus est venu pour me sauver. Chers amis, je vous invite à vivre l’Évangile dans toute votre vie, pas seulement le dimanche matin. A le vivre aussi sur les réseaux sociaux, en ne postant jamais de message sans l’avoir relu après quelques minutes de réflexion ou une petite prière à l’Esprit Saint pour lui demander son aide. Il y a un mois j’ai entendu le pape François chanter les louanges du pape Benoit. J’ai vu le pape Benoit offrir sa vie pour la mission du pape François. Vous voulez un scoop ? Ils s’aiment comme des frères, comme Jacques et Jean, comme André et Pierre, comme Barthélémy et Matthieu, comme ces apôtres qui, tous différents qu’ils soient ne veulent qu’une chose : que le Christ lui-même habite dans le cœur des croyants et qu’il nous transforme et qu’il transforme le monde, par la force de l’Esprit. Merci à ces témoins de l’Évangile de tout donner pour nous transmettre avec passion la parole de Dieu.

Ce que nous devons faire pour aimer Dieu et notre prochain, c’est nous laisser toucher par l’Esprit de Dieu, le laisser agir en nous. Écoutez ce qui est dit dans la deuxième lecture :

« Frères, vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous
pour votre bien. Et vous-mêmes, en fait, vous nous avez imités, nous et le Seigneur,
en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de Grèce. Et ce n’est pas seulement en Macédoine et en Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons pas besoin d’en parler. »

Oui imitons l’ardeur de ces premiers chrétiens. Ils n’avaient pas tous les moyens de communication que nous avons. Pourtant leur charité est devenue à ce point contagieuse qu’ils ont illuminé le monde moderne de l’époque de la lumière de l’Évangile. Brûlons du feu de l’Esprit Saint, alors notre parole sera à l’image de notre amour de Dieu, de notre amour du prochain : elle sera de feu.


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