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Publié le 25 septembre 2019

7 – La mécanique du silence

Isabelle de Gaulmyn : certaines conditions favorisent les possibilités d’abus ou de déviances. Des règles simples de prévention peuvent être efficaces.


  Présentation de l’entretien

Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du journal La Croix et lyonnaise raconte ce qui peut créer au fil du temps des mécaniques perverses de silence institutionnel, d’aveuglement social.


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  Les questions posées et extraits

 

Comment expliquez-vous la mécanique du silence ?

« Le silence naît du silence des victimes, puis il y a le silence des familles, des parents, le silence des prêtres et le silence de la hiérarchie. »

« Pendant tant d’années des bruits circulaient, des rumeurs mais personne n’a dit les choses de manière objective. »

Quels éléments favorisent selon vous, au delà du cas Preynat, les conditions d’abus ?

« Ce silence, on le remarque partout où il y a des abus sexuels. C’est tabou. Les enfants  ne comprennent pas la dureté de ce qu’ils viennent de vivre. Ils sont mis par l’abuseur dans cette mécanique infernale. L’abuseur leur dit : “c’est notre secret tu ne dis rien aux autres” donc chacun se pense seul à vivre ça ».

« Dans l’Église il y a cette espèce de révérence par rapport à la hiérarchie qui à mon avis beaucoup favorisé le silence. »

« Pourquoi quand on voit qu’il y a un prêtre qui est en train de déraper on ne dit rien ? »

Quel type de prévention au sein des paroisses est à vos yeux aujourd’hui opérant et efficace ?

« La prévention concerne tous les citoyens, tous les adultes. Il faut qu’on sache que partout où il y a des enfants, il y a un risque. Il faut en parler entre nous. »

« Il y a la formation : un prêtre doit être formé avec un diplôme d’état pour encadrer des enfants. Le Saint-Esprit ne suffit pas. »

« Au niveau de l’Église, une culture de l’abus est favorisée par le cléricalisme. Il faut avoir une relation fraternelle avec les prêtres. On doit être comme des adultes avec les prêtres et non comme des petits enfants. »

« Les prêtres sont mis sur un piédestal par les fidèles souvent contre leur gré. Cela développe une surpuissance, un surpouvoir qui peut favoriser, pour des personnalités perverses, l’abus sexuel. »

Qu’aimeriez-vous dire aux parents, aux équipes paroissiales, aux prêtres, à chacun dans son quotidien ?

« Si on est catholique, la pédophilie nous concerne tous. Cela concerne la hiérarchie. On est tous responsables de la manière dont ça se passe dans l’Église. On est tous l’Église. On s’est trop habitué à vivre dans une institution où on se dit « c’est à eux de décider et nous, on suit, ou on ne suit pas d’ailleurs. »

« C’est à nous de faire l’Église. C’est tellement facile d’avoir un chef, une idole qu’on révère et on ne se pose pas de question. Cela mêne à des comportements trop cléricaux qui sont souvent le fait des laïcs et qui a fait toutes les catastrophes qu’on a vu. »

« Dans l’Église catholique on a eu forme de culture du héros ; l’abbé Pierre…, on voudrait avoir à chaque génération notre prêtre héroïque, celui qui sait parler, qui sait faire avec les jeunes, qui sait entrainer les gens. Notre seul héros c’est le Christ, c’est personne d’autre. Il faut arrêter de compter sur quelques héros pour mener l’Église. Il faut arrêter d’être un troupeau de mouton bêlants. »

Est-ce que vous croyez que pour réinventer l’Église, une des prochaines étapes nécessaires serait de mieux impliquer les femmes dans leur responsabilité ?

« Il y a beaucoup de femmes dans l’Église. Elles ne sont pas au plus haut niveau.”

«  Les femmes sont les premières à avoir pris la parole sur les affaires de pédophilie dans l’Église.”

“Il faut arrêter de décider entre hommes non mariés célibataires Il faut favoriser une vraie mixité entre laïcs et prêtres… On a beaucoup à gagner d’une espèce de « biodiversité »”.


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