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Nous célébrons la messe chrismale

Publié le 18 avril 2019

Nous célébrons la messe chrismale

Cette messe chrismale qui nous fait entrer dans le jeudi saint, qui nous fait entrer dans le mystère du triduum pascal – ces trois jours saints – Passion et Résurrection du Christ !

Cette messe chrismale qui est aussi source des sacrements notamment de l’initiation chrétienne par la bénédiction des saintes huiles et la consécration du Saint Chrême.

Cette messe chrismale qui habituellement est le moment du renouvellement des promesses sacerdotales et l’absence de l’archevêque souligne un manque. Nos lèvres ne pourront redire ces paroles.

Ces promesses sacerdotales nous invitent à ressembler au Christ en renonçant à nous-même, à accomplir notre ministère avec désintéressement et charité. Voilà ce que l’Église demande à ses prêtres. Une belle invitation qui se heurte à bon nombre de critiques aussi. En fait aujourd’hui on demande souvent bien autre chose au prêtre.

On lui demande de descendre de son piédestal. Je ne sais si les prêtres sont souvent sur un piédestal, ni qui les y a mis d’ailleurs.

Mais on leur demande également d’être très souvent des « surhommes », des « super managers », des « super communicants », des « super attentionnés » à tout et à tous. Tout cela en descendant en même temps de leur « super piédestal » bien sûr.

Non tout ça n’a jamais fait un prêtre.

« L’Esprit du Seigneur est sur moi, le Seigneur m’a consacré par l’onction » Voilà, le prêtre est celui qui a reçu l’onction. Ce ne sont pas ses mérites, ni ses qualités, encore moins ses compétences, ni sa formation aussi complète et nécessaire soit elle, qui font un prêtre, mais simplement l’onction du Seigneur, oui simplement le don gratuit de la grâce.

Cette onction du Seigneur qui nous sanctifie et nous envoie. Car cette onction est une mission.

– pour évangéliser les pauvres.

– pour proclamer aux captifs la libération, aux aveugles la vue.

– pour renvoyer les opprimés en liberté.

– pour proclamer une année du Seigneur qui soit favorable.

Ici réside tout l’être du prêtre car son être, c’est sa mission.

Évangéliser les pauvres, c’est évangéliser pauvrement, sans donner de leçon. Se faire pauvre avec les pauvres de la foi, douter avec ceux qui doutent, trébucher avec ceux qui trébuchent dans la vie, se battre et se débattre avec les difficultés à croire, ne pas craindre d’être confronter au manque de foi.

Proclamer aux captifs la libération et aux aveugles la vue, c’est donner l’espérance qui délivre et la foi qui éclaire.

Renvoyer les opprimés en liberté, c’est remettre les dettes et pardonner. Les opprimés du péché, ceux qui ont sont coupables comme ceux qui en sont victimes et qui attendent consolation.

Proclamer l’année du Seigneur, c’est faire entrer dans le Royaume de Dieu par la porte de l’Eucharistie, comme un Jeudi Saint qui ouvre le mystère pascal d’une terre promise.

Et il y a ici un chemin pastoral de progression et d’étapes à vivre et à faire vivre à nos communautés. Il nous faut suivre ces étapes sans en oublier.

Je suis parti du prêtre, j’ai parlé des prêtres mais pour parler de la communauté.

« Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit » et tout la communauté était tournée vers Jésus et attendait.

Peut-être que le prêtre doit aussi à un moment donné refermer, rendre et s’asseoir pour permettre à la communauté de prendre sa place : une place qui n’est pas seconde, ni accessoire mais qui est la place de la communauté constituée et rassemblée. Le prêtre accomplit sa mission afin que la communauté accomplisse la sienne.

« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture.» Il s’agit bien d’un accomplissement.

Et c’est quand la communauté s’accomplit que le prêtre s’accomplit lui aussi. L’un et l’autre se reçoivent mutuellement dans une relation de communion, de communion partagée, mais ce n’est pas un pouvoir qui est ici à partager.

« Les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand sera votre serviteur» Mt 20,20.

Nous avons à partager non un pouvoir mais un service et une mission.

Pour nous, notre seule puissance est la fragilité de l’onction qui ne fait que reposer sur nous. Nous ne pouvons que partager un service mais encore faut-il que ce partage soit effectif, car le service partagé collégialement permet à la communauté de devenir grande.

Chercher à ressembler au Christ en renonçant à nous-même, à accomplir notre ministère avec désintéressement et charité.

Renoncer à soi-même pour une juste collaboration avec chacun des membres de la communauté des baptisés, des confirmés qui accompliront ainsi leur mission.

Cette communauté nous n’en connaissons pas les limites. C’est maintenant le vaste champ de la mission. Les baptisés se sont éloignés de nous et dispersés loin de nos églises. Mais peut-être pas si loin que cela, nous avons été témoins ces deux derniers jours d’une émotion, l’émotion d’un peuple autrefois chrétien qui se redécouvre lorsque ses racines disparaissent dans les flammes. Une émotion, partagée par tous. Certes l’émotion n’est pas la foi, mais elle en est le signe, signe que les cœurs sont disponibles et prêts. Il suffit que nos communautés soient réellement des communautés chrétiennes.

Une image n’est qu’une image. Mais il y a quelques années, deux tours commerciales se sont effondrées sous les assauts d’un terrorisme fou. Aujourd’hui, Attaquées par les flammes, deux tours se sont dressées et sont restées debout, ce sont bien là les tours de la foi, la foi de Notre Dame, debout au pied de la croix !

Père Yves Baumgarten

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