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Les évêques
1517-2017 Un chemin d’unité

Publié le 07 mars 2017

1517-2017 Un chemin d’unité

A l’occasion du cinquième centenaire de la publication des thèses de Martin Luther, j’ai demandé à cinq chrétiens de différentes confessions de répondre, dans le cadre des conférences de carême, à deux questions : « Lorsque vous dites : “Je crois en l’Église une”, à quoi pensez-vous ? » et « Comment pouvons-nous éviter que de tels événements se reproduisent ? »

Est-ce un anniversaire à célébrer ? Je ne sais pas. 1517 fut le début d’une déchirure dans l’Église d’Occident, qui provoqua de terribles blessures dans toute la France quelques décennies plus tard. A Lyon, les exactions du baron des Adrets, dont Calvin lui-même a désapprouvé la fureur iconoclaste, laissent encore des traces.

J’habite maintenant près du tombeau de saint Irénée. Cette crypte si précieuse a été saccagée. On y voit encore un important ossuaire où les os des martyrs sont mélangés, dit-on, à ceux d’animaux. C’est le lieu où se trouvait depuis des siècles l’un des plus précieux manuscrits de la Bible, le Codex de Théodore de Bèze, du nom du calviniste qui le sauva des flammes lors de l’incendie de l’église et du couvent Saint-Irénée au XVIe siècle. Aujourd’hui, il est conservé à la bibliothèque de l’Université de Cambridge et fait toujours l’objet de travaux exégétiques considérables. Après les ravages de 1562, on s’efforça de rétablir la paix et la tolérance. Et l’on peut dire que Lyon a essayé de vivre alors « une année de la miséricorde ».

Quelques siècles plus tard, grâce à l’impulsion extraordinaire de l’abbé Paul Couturier, notre ville devint le point de départ d’une magnifique aventure oecuménique. Aujourd’hui, dans le monde entier, on célèbre du 18 au 25 janvier la Semaine d’universelle prière pour l’Unité. Chaque année, un pays différent est désigné pour qu’une équipe oecuménique y choisisse et en prépare le thème pour tous. L’association Unité chrétienne, dont le siège est à Lyon, et maintenant dans la Maison Saint-Irénée, reste toujours la figure de proue de ce mouvement.

Tous les baptisés, quelle que soit leur appartenance, disent dans le Credo : “Je crois en l’église une…”

Cette année, les protestants évoquent le cinquième centenaire de ce 31 octobre 1517 où Martin Luther, moine augustin, placarda sur les portes de l’église de Wittenberg ses quatre-vingt-quinze thèses. Elles étaient une invitation au dialogue, elles attendaient des réponses qui ne vinrent pas. Et malheureusement, elles provoquèrent la grave rupture que l’on sait. Laissons aux historiens le soin de travailler à toujours mieux connaître et comprendre ces événements, en les éclairant avec les figures des « réformateurs » précédents que furent par exemple Pierre Valdo, François d’Assise ou Jean Hus…

Au long de l’année, nous accompagnerons fraternellement les protestants dans leur commémoration de la Réforme. Durant le Carême, les conférences de Fourvière nourriront notre réflexion sur la mystérieuse vérité de l’Unité de l’Eglise. Tous les baptisés, quelle que soit leur appartenance, disent dans le Credo : « Je crois en l’Eglise une, sainte … ». J’ai donc voulu interroger des chrétiens de plusieurs confessions, en leur posant cette double question : « Lorsque vous dites : ‘Je crois en l’Église une’, à quoi pensez vous ? Comment voyez-vous cette unité aujourd’hui ? » Cela correspond au désir exprimé par Jésus dans la prière sacerdotale quand il entre dans sa passion : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » Pour le Seigneur, c’est un enjeu missionnaire majeur : il faut que tous ses disciples soient un « pour que le monde croie » qu’il est bien envoyé de Dieu. Cette unité, il la plonge dans le mystère de l’unité divine : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi » (Jn 17, 21).

Le bonheur est de voir qu’aujourd’hui, un véritable amour fraternel circule le plus souvent entre nous

Le second volet de la question demande : « Comment pouvons-nous éviter que de tels événements se reproduisent et comment pouvons-nous activement et humblement réparer tous ces dégâts, ces blessures, ces déchirures ? »
Le bonheur est de voir qu’aujourd’hui un véritable amour fraternel circule le plus souvent entre nous, chrétiens des différentes confessions. C’est une joie d’écouter ensemble l’Evangile, de découvrir l’écho qu’il éveille dans le coeur des frères et soeurs, de partager cela tout simplement. C’est devenu normal, habituel, simple.
En tout cas, je peux dire que tous ceux que j’ai sollicités pour donner, cette année, une conférence à la basilique de Fourvière ont accepté sans hésitation. Il s’agit de Mgr Norvan Zakarian, qui a longtemps été évêque arménien à Lyon et qui est aujourd’hui le primat émérite de l’Eglise arménienne de France (5 mars) ; du métropolite Emmanuel, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France (12 mars) ; du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (19 mars) ; de Mme Elisabeth Gangloff-Parmentier, présidente de la communion d’Eglises protestantes en Europe de 2001 à 2006 et professeure à la faculté de théologie protestante de l’Université de Genève (26 mars). Enfin, le dernier à intervenir, le 2 avril, le pasteur Louis Schweitzer, de la Fédération des Eglises évangéliques baptistes de France et professeur d’éthique à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine.

Un livre, rassemblant le texte de ces conférences, paraîtra dans la foulée aux éditions Parole et Silence. En annexe, on y trouvera aussi un article de M. Etienne Tissot, président du Conseil de consistoire de l’Eglise protestante unie, avec qui j’ai eu la joie d’une rencontre publique chez les Maristes en janvier dernier, pendant la Semaine de prière pour l’Unité. Il a accepté de mettre par écrit les enseignements qu’il a donnés à Saint-Bonaventure sur l’histoire de la Réforme, et notamment sur ses origines plusieurs siècles auparavant. Je l’en remercie de tout coeur. C’est lui qui interviendra, cette année, au rassemblement des prêtres qui précède la messe chrismale, le mercredi saint.

Je puis ajouter que j’avais aussi reçu l’accord immédiat du primat de l’Eglise d’Angleterre, Mgr Justin Welby, qui finalement a été empêché de venir à Lyon. Je suis heureux de l’en remercier ici, et j’espère que nous aurons un jour la joie de l’y accueillir.

Par le cardinal Barbarin

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