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Les évêques
Homélie à Guararé au Panama – dimanche 20 janvier 2019

Publié le 21 janvier 2019

Homélie à Guararé au Panama – dimanche 20 janvier 2019

Chers frères et sœurs, nous sommes dans une grande joie de nous retrouver, de pays différents, de langues différentes, de cultures et d’âges différents. Et pourtant, par la charité, nous sommes un seul peuple, une seule Église. En arrivant ici, grâce à l’accueil que vous nous aviez réservé, nous avions l’impression d’être déjà vos amis, d’être déjà membres de la même famille. C’est un peu ce que saint Paul nous dit dans la deuxième lecture. Je vous invite à être attentifs aux mots « même » et « autre ». Un même Esprit, un même Seigneur, un même Dieu. Pour vivre l’unité, la vraie, nous devons nous tourner vers Dieu, le laisser habiter nos cœurs. Lui seul réalise l’unité. Nous ne sommes pas frères parce que nous nous aimons : cela se verrait, cela se saurait et il n’y aurait pas autant de guerres, de disputes, de jalousies. Nous sommes frères et sœurs parce que nous sommes tous les enfants du même Père. Et c’est à ce titre que nous devons nous aimer. Le mot « autre » est également important. On le trouve à de nombreuses reprises dans cette lecture : « A un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ».

Cela signifie que la vérité n’est jamais en moi-même, dans le repli sur moi. Dans ce texte, je ne trouve pas le mot : « moi », ou « moi-même », que pourtant nous utilisons si souvent, lorsque nous ne cessons de parler de nous, de nos exploits, de nos idées, de nos besoins. La vérité est toujours en l’autre, l’Autre avec un A majuscule, c’est Dieu qui est la source de tout, la source de la véritable unité, la source de tout amour. La vérité est aussi dans l’autre, dans le frère dont j’ai besoin et sans lequel je ne peux vivre. Notre société de consommation nous entretient dans l’illusion d’une fausse autonomie, nous fait croire que nous pouvons nous débrouiller tout seul, avec un bon smartphone, de nombreuses applications aussi inutiles les unes que les autres, que nous pouvons rester chez nous, tout gérer, tout contrôler, tout maitriser. Mais la vérité, c’est que je ne peux rien faire sans les autres, sans les ingénieurs qui conçoivent tous ces appareils, qui acheminent l’électricité, qui construisent des routes, nous apprennent à parler et à compter, nous protègent et nous soignent. C’est le sens de la deuxième lecture où saint Paul rend grâces à Dieu pour la diversité des dons qui s’expriment dans l’Église.

Dans l’Évangile aussi, il est question d’avoir besoin de l’autre. Jésus va accomplir un miracle qui semble secondaire, et qui pourtant, symboliquement est d’une importance capitale. Nous nous rendons compte de cette importance si nous notons que, toujours, concernant les miracles de l’Évangile, Jésus répond à une demande. Vendredi il a accueilli la demande des amis du paralytique. Jeudi, c’était la demande du lépreux lui-même qui lui a dit « si tu le veux, tu peux me purifier ! »

Aujourd’hui aussi il y a une demande, qui semble surprendre Jésus. De qui vient cette demande ? De la Vierge Marie elle-même. Au moment où elle fait cette demande est la fait pas seulement pour réjouir les jeunes époux, elle la fait au nom de toute l’humanité.

Quelle est la plus grande demande de l’humanité, quel est le cri de tous les hommes, ce cri que nous poussons tous en permanence, qui que nous soyons et quelle que soit notre condition ? Ce cri, c’est le cri de l’amour. Nous avons tous besoin d’être aimés. Nous souffrons tous de ne pas être assez aimés, de ne pas être assez compris, accueillis, respectés, considérés. Cette souffrance fondamentale de l’humanité, qui est la souffrance de chacun d’entre nous, Jésus y répond, symboliquement dans l’Évangile des noces de Cana. « Ils n’ont plus de vin », signifie, « Ils n’ont plus de joie, ils ont perdu l’Espérance, ils ne savent plus aimer ! » Marie, attentive aux besoins de l’humanité a compris notre cri et elle est notre avocate auprès de Jésus. Le signe est donné à l’occasion d’un mariage, parce que, comme nous le voyons dans la première lecture, chacun de nous avons besoin d’être aimés de façon unique, comme une épouse a besoin d’être aimée par son époux. Par ce miracle, Jésus répond à chacun de nous, à la suite du prophète Isaïe : « Toi, tu seras appelé « ma Préférence ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « l’Épousée ».

Le miracle dont il s’agit dans l’Évangile, c’est le miracle de l’union de Dieu avec l’humanité, c’est la réponse à toutes nos aspirations. « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ». Le vin, c’est le symbole de cette joie que le Seigneur veut pour nous, dès maintenant. Et pour nous prouver son amour, il nous a tout donné, jusqu’à la dernière goutte de son sang, ce sang qu’il nous livre sous la forme du vin. Il nous donne sa vie, et ainsi il nous donne tout. Il nous invite aussi à donner notre vie, à sa suite, comme Marie. Comment pouvez-vous donner notre vie ? Oh, pas par de grands discours, pas par des rêves de grandeurs et de réussites, pas à travers des perspectives lointaines, mais dans le quotidien, la simplicité de la vie de tous les jours. Comme le pape François nous la rappelé dans sa belle exhortation à la sainteté, il nous invite à être les saints du quotidien, les saints de la porte d’à côté, les saints des petits détails et des humbles attentions. Il nous invite simplement à être, comme la vierge Marie, attentifs aux autres, à avoir besoin des autres. Là encore Jésus nous montre l’exemple : il a besoin de nous, pour que nous lui offrions l’eau de nos vies. Il a besoin de nos cris, il a besoin que nous lui ouvrions nos cœurs. Dans l’Évangile, il a eu besoin de Marie, il a eu besoin des serviteurs, il a eu besoin des convives pour qu’ils reçoivent le vin nouveau qu’il leur a livré. Il a besoin de chacun. A chacun, si nous aussi nous savons avoir besoin de lui, il ne donnera pas seulement du vin. Il donnera le sang de sa vie, il se donnera lui-même tout entier. Accueillions-le pour que sa joie soit en nous et que cette joie soit complète. Amen.

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