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Les évêques
Homélie de Mgr Olivier de Germay du 20 décembre 2020

Publié le 22 décembre 2020

Homélie de Mgr Olivier de Germay du 20 décembre 2020

Retrouvez ci-dessous l’homélie prononcée par Mgr Olivier de Germay lors sa messe d’installation dimanche 20 décembre 2020 en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste à Lyon.

La plupart d’entre vous, j’imagine, vous connaissez bien ces textes que nous venons d’entendre. Il faut faire attention ; c’est dangereux quand on croit connaitre la Parole de Dieu.
Car ces textes ne sont pas des textes ordinaires ; ils viennent de loin. Pas seulement loin dans le temps (David, dont il est question dans la 1ère lecture : ça remonte à 3 millénaires en arrière !) Ils viennent de loin parce qu’ils plongent leurs racines en Dieu.
Vous le savez, la Parole de Dieu est passée par bien des intermédiaires humains pour venir jusqu’à nous ; mais elle vient de Dieu. Et elle a le pouvoir de nous dévoiler l’invisible, c’est-à-dire ce qu’il y a d’essentiel dans nos vies. Elle est, comme dit saint Paul (2ème lecture) : « révélation d’un mystère gardé depuis toujours dans le silence ».
C’est dans le silence, dans l’intériorité, que l’on rejoint l’essentiel de nos vies. N’avez-vous pas remarqué qu’il y a tout un monde en nous ? que chacune de nos vies porte en elle un mystère ? un mystère qui échappe à tout ce qu’on peut voir, entendre, connaitre par soi-même ; un mystère qui se révèle dans le silence.
Ces textes donc nous parlent de David, du roi David. Il voulait construire un temple pour le Seigneur (l’arche était dans une tente). Mais le Seigneur lui a dit : ce n’est pas toi qui me construira une maison ; ça viendra plus tard. C’est un de tes successeurs qui bâtira le temple ; et sa royauté subsistera toujours.
Effectivement, Salomon (fils de David) a construit le temple de Jérusalem et il fut un grand roi. Mais la royauté va disparaitre en Israël ; et environ 1000 ans plus tard, Jésus déclare : le jour viendra où le temple sera détruit.
Ce que nous bâtissons pour le Seigneur n’a pas une garantie d’éternité. Des églises construites à l’époque de saint irénée, il ne reste plus grand-chose ; même Notre-Dame de Paris a failli être détruite !
Alors de quel temple et de quel roi le Seigneur parlait-il à David ?
L’ange apporta l’annonce à Marie ; et l’ange annonce à cette jeune fille d’Israël : tu vas concevoir et enfanter un fils ; son règne n’aura pas de fin. Ca y est ! le voilà le véritable temple, la demeure de Dieu parmi les hommes : c’est Marie ; elle a porté celui qui porte tout.
Et voilà le véritable roi, celui dont la royauté est éternelle : c’est Jésus. Dieu fait homme. Mystère insondable (que nous fêterons à Noël) ; une femme qui n’est pas une déesse a donné naissance à un enfant qui est Dieu.
Comment cela a-t-il été possible ? Cela a été possible parce que Marie a dit oui ; et parce que l’Esprit Saint est venu sur elle.
En quoi cela nous concerne-t-il ? Aujourd’hui, la maison où Dieu veut faire sa demeure, c’est toi, c’est moi, c’est l’Eglise. Dieu veut demeurer en nous.
Dieu s’est invité en Marie ; elle a dit oui et elle fut enceinte de l’Esprit Saint. Dieu s’invite en nous ; et si nous disons oui, il donne une fécondité spirituelle à nos vies. C’est pourquoi Maire est le modèle du disciple.
Vous voyez, frères et sœurs, aujourd’hui je suis installé comme archevêque de Lyon, successeurs des apôtres, à la suite de Pierre ; c’est ce qu’on appelle la dimension pétrinienne de l’Eglise, qui est une dimension hiérarchique. Mais avant d’être pétrinienne, l’Eglise est mariale.
Maintenant je suis sur le devant de la scène, sous le feu des projecteurs, mais ce matin ma journée a commencé, comme chacune de mes journées, dans le silence d’un oratoire. Pour que s’accomplisse ce qu’il y a de plus fondamental dans la vie d’un disciple, qui n’est pas de l’ordre du visible, de l’ordre du faire, mais plutôt du laisser-faire : s’ouvrir à la présence de Dieu. Dans le silence, dire oui à Dieu, accueillir Dieu en soi.
Peut-être certains parmi nous n’ont pas fait l’expérience de la présence de Dieu et se demandent ce que peut signifier « accueillir Dieu en soi ».
À ceux-là, je voudrais dire : n’y a-t-il pas en toi le désir d’un amour en plénitude ? le désir d’un amour grand, immense, qui ne s’arrête jamais ? n’as-tu pas remarqué que ce que nous achetons et possédons n’étanche pas notre soif de bonheur ? que les plaisirs de cette terre sont séduisants mais souvent décevants, quand ils ne sont pas aliénants ? que la gloire humaine est éphémère ?
Il y a en toi un espace que Dieu seul peut combler. N’ai pas peur de te tourner humblement vers lui ; il t’aime d’un amour éternel ; il attend ton oui.
La plupart d’entre nous, j’imagine, nous sommes croyants et peut-être même bien engagés dans l’Eglise. Nous sommes certainement nombreux à nous dépenser pour le Seigneur, à faire beaucoup de choses pour lui et pour l’Eglise.
N’oublions jamais que tout commence dans le silence, dans une passivité amoureuse, n’oublions jamais de nous faire capacité pour accueillir Dieu en nous.
Sinon, nos actions risquent bien de n’être que des œuvres humaines, peut-être admirées par les hommes, pour un temps (comme une étoile filante), mais sans véritable fécondité spirituelle. Soyons, jour après jour, des assoiffés du don de Dieu, des pauvres de cœur, des mendiants de la grâce.
C’est le Seigneur qui donne à nos vies une fécondité spirituelle ; une fécondité qui peut prendre des formes bien différentes :
Au service de la vérité, on pense ici à saint Irénée. Au service des plus pauvres, comme le P. Chevrier, Pauline Jaricot et tant d’autres ; au service de l’unité des chrétiens comme l’abbé Couturier ; au service de l’évangélisation, je pense à ce jeune italien, Carol Acutis, récemment béatifié.
J’ai évoqué quelques personnes connues, qui ont été ou seront peut-être « élevées à la gloire des autels » comme on dit, mais n’oublions pas toutes les saintetés cachées, et donc aussi les fécondités cachées… ou qui se révèlent plus tard, quand on est passé.
J’aime bien l’image utilisée par le pape François aux JMJ de Cracovie : « quelle empreinte ta vie laissera-t-elle ? » L’empreinte c’est ce qui reste quand on est passé. Quelle empreinte vais-je laisser derrière moi ?
Parfois on dit d’une personne : celui-là est un bon à rien, un assisté, un fardeau. Parfois des personnes disent elles-mêmes : je ne peux rien faire… je suis nul, ma vie est stérile.
Mais avec Dieu c’est différent. Pour Dieu, aucune vie n’est stérile ; chacun d’entre nous peut porter du fruit, quel que soit son passé, ses limites…
Mais tout commence dans le silence, dans l’accueil de notre Dieu qui nous aime et s’invite chez nous.
Frères et sœurs, ce Dieu dont je vous parle n’est pas un personnage du passé. Il vient ; il est déjà. Et maintenant il te dit : tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

Mgr Olivier de Germay

Archevêque de Lyon


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