Publié le 04 mai 2023
C’est tout de même une belle grâce d’être ordonné évêque le jour du dimanche du Bon Pasteur. Quand un prêtre est ordonné évêque, vous le savez, il devient pasteur du Peuple de Dieu qui lui est confié, une charge qu’il partage avec les prêtres. Et alors, peut-être, on peut se demander : mais au fond, c’est quoi un pasteur ?
La liturgie d’aujourd’hui, les lectures, tournent nos yeux vers Jésus, Jésus qui est le Bon Pasteur. Alors, évidemment, si on pense à l’Évangile de la brebis perdue, on voit que Jésus qui est le bon berger, il va rassembler les brebis, il les met à l’abri dans un enclos. Mais là, dans le passage que nous venons d’entendre, c’est un peu différent. On nous dit que le Bon Pasteur entre dans la bergerie, il se fait reconnaître, les brebis connaissent sa voix, il les appelle et ensuite il les pousse dehors nous dit le texte : « Ouste, dehors ! ». Il les fait sortir. Comme quoi le danger n’est pas forcément uniquement à l’extérieur, mais peut être aussi à l’intérieur. Et ensuite, le texte nous dit qu’il marche à leur tête et un peu plus loin dans l’Évangile, Jésus dit que si les brebis passent par la porte qui est le Christ, alors elles peuvent entrer et sortir, signe d’une grande liberté. Alors elles ont la vie en plénitude et elles sont sauvées.
Alors, ce berger capable de sauver les brebis, c’est-à-dire l’humanité, évidemment, il n’y en a pas 36, il y en a un seul, c’est le Christ. C’est lui le bon berger. Et on peut penser au discours de Pierre un peu après la Pentecôte, vous savez, où Pierre annonce : « Il n’y a pas d’autre nom sous le ciel par lequel nous puissions être sauvés. ». Le seul Sauveur, c’est Jésus. Le seul berger, c’est Jésus. Évidemment, en disant cela, Pierre n’oublie pas les paroles qu’il a entendues de la part de Jésus, Jésus qui lui a dit « Suis-moi ». Et Jésus qui lui a dit après la Résurrection : « sois le berger de mes brebis ». Ça veut dire qu’aujourd’hui encore, Jésus appelle des jeunes à tout quitter pour le suivre. Aujourd’hui encore, le Bon Pasteur qui est Jésus continue de guider son troupeau à travers des hommes qu’il a choisis pour être les pasteurs de son peuple.
Alors, évidemment, l’actualité récente nous a montré que certains bergers, ou plutôt faux bergers, sont entrés dans l’enclos sans passer par la porte. Ceux-là, dit Jésus, sont des voleurs et des bandits. Les brebis ne les écoutent pas et elles ont raison.
Mais alors, comment être pasteur aujourd’hui ? Celui qui est appelé par Jésus pour paître les brebis doit garder toujours les yeux fixés sur Jésus pour éviter au moins deux tentations.
La première tentation, c’est de se prendre pour le Bon Pasteur et donc il doit résister à la tentation de la toute-puissance, de l’autoritarisme, voire du caporalisme, la tentation de celui qui cherche son propre intérêt, sa propre satisfaction, sa propre gloire et non le bien de celles et de ceux qui lui sont confiés. Pour cela, le pasteur doit se souvenir, ne jamais oublier, qu’il est d’abord et avant tout une brebis, c’est-à-dire un disciple et donc il doit lui-même écouter Jésus, le Bon Pasteur. Il doit être dans une attitude de conversion permanente et il doit recevoir le pardon. Vous vous souvenez peut-être qu’au début de son pontificat, le pape François a été filmé en allant se confesser. J’ai vu des gens qui m’ont dit : « Ah bon ? Mais le pape, il va se confesser ? » Bien sûr, le pape, il va se confesser. Les évêques, ils vont se confesser, les prêtres, ils vont se confesser. Ce n’est pas parce qu’on transmet le pardon qu’on n’a pas besoin de le recevoir. Le prêtre, le pasteur, doit recevoir le pardon et il doit aussi, bien sûr, être dans l’obéissance, ne jamais oublier qu’il n’est pas à son compte, mais qu’il reçoit la mission d’un autre.
La deuxième tentation serait de renoncer à être pasteur. Ça peut sembler séduisant dans un monde qui a un peu du mal avec la question de l’autorité ou de la paternité. Mais le risque, alors, c’est que ce n’est plus le Christ qui guide le troupeau, mais une idéologie. Le pasteur doit chercher humblement à imiter Jésus, le Bon Pasteur. Il doit exercer l’autorité qu’il a reçue, mais à la manière de Jésus, et donc en se faisant serviteur, en connaissant ses brebis, en ayant vraiment le souci des personnes et en particulier des plus pauvres, des plus blessés. Et on pourrait dire finalement, en donnant sa vie pour elle.
Peut-être que parmi nous ou parmi ceux qui nous suivent par différents moyens techniques, peut-être y a-t-il des jeunes que le Seigneur appelle à devenir prêtre. Peut-être y ont-ils déjà pensé plusieurs fois ? Mais peut-être est-ce la première fois que cette idée traverse leur esprit. Comment savoir si cette idée vient du Christ ? Comment s’engager dans cette voie qui semble tellement à contre-courant ? Si cette idée te traverse l’esprit, pour t’aider à discerner, je t’invite à te poser deux questions. Première question : aujourd’hui, de très nombreuses personnes se rendent compte de la vanité d’une vie dont le seul but serait de se faire plaisir. Elles font l’expérience d’un grand vide intérieur. Elles cherchent un sens à leur vie. Elles cherchent Dieu sans savoir où le trouver. Cela te laisse-t-il insensible ? Deuxième question : quand le Christ appelle à le suivre en devenant prêtre, il touche un désir profondément inscrit en nous, celui de déployer les talents qui sont en nous pour les mettre au service des autres, celui de faire de notre vie un don. Cette parole résonne-t-elle en toi ? Si tu réponds non à la première question et oui à la seconde, c’est-à-dire si tu n’es pas insensible à la soif de nos contemporains et si tu sens en toi le désir d’un don radical, alors, n’aie pas peur. Prends les moyens de discerner ta vocation. Si le Seigneur t’appelle, si tu dis oui, si tu es fidèle à cet appel, tu n’auras jamais à le regretter. Le Christ comblera les désirs de ton cœur.
Frères et sœurs en ce dimanche du Bon Pasteur, j’ai évoqué surtout la vocation du prêtre. Mais vous le savez, il y a bien d’autres vocations dans l’Église et on peut dire plus largement que toute vie chrétienne et vocation. Quelle que soit notre vocation, quel que soit notre état de vie, quelle que soit notre situation dans l’Église, le Christ est notre Bon pasteur.
Le jour de la Pentecôte, Pierre disait de lui : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié. » Et saint Luc ajoute : « Les auditeurs furent touchés au cœur ». Et vous ? Ils ont ensuite demandé : « Mais alors, que devons-nous faire ? » Pierre a répondu : « Convertissez-vous ! »
Tournez-vous vers Jésus pour recevoir de lui le pardon. Vous recevrez alors l’Esprit-Saint. Qu’est ce qu’on attend ?
+ Olivier de Germay