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Les évêques
Homélie pour la célébration de l’Annonciation

Publié le 25 mars 2020

Homélie pour la célébration de l’Annonciation

Homélie de Mgr Emmanuel Gobilliard pour la célébration de l’Annonciation, mercredi 25 mars 2020.

 

Evidemment la Vierge Marie ne s’attendait absolument pas à ce que le Seigneur, par la voix de l’ange, interviennent de façon si surprenante dans sa vie. Pourtant elle reste paisible et s’adapte, sans jamais mettre en doute la puissance de Dieu et son projet, mais en posant une question sur le « comment ». Comment cela va-t-il se faire ? Elle pose une question pour mieux s’ajuster à la volonté du Seigneur. Elle s’adapte et n’a pas peur de changer de projet. La sainteté, le pape François nous l’a rappelé dans sa magnifique exhortation « Gaudete et exsultate » sur ce sujet, elle s’enracine dans le présent, elle est profondément réaliste. Dire « demain je serai saint » n’a pas de sens, parce que Dieu donne sa grâce maintenant, dans les circonstances actuelles. La sainteté se vit dans le réalisme de la vie quotidienne. En ces jours où notre vie est bouleversée, où nous devons changer nos habitudes, où tous nos projets sont remis en question, prenons exemple sur la façon dont Marie a su se laisser transformer, a su changer ses projets en quelques minutes. Nous avons une vision un peu trop éthérée de la Vierge Marie, nous l’imaginons les mains jointes et la tête légèrement penchée, comme sur les statues de nos églises ou de nos oratoires. Marie est la plus vivante de toutes les créatures, elle est la nouvelle Eve, la vivante par excellente parce que la sainteté, c’est la vie, alors que le péché, c’est la mort. Le péché nous fait rêver, nous réfugie dans un imaginaire rassurant qui nous éloigne de la vie réelle. Pour essayer de rejoindre ce que fut la vie de Marie à Nazareth, il faut, bien sûr lire les évangiles qui parlent d’elle, celui d’aujourd’hui, mais aussi la visitation, la nativité, la fuite en Egypte et le pèlerinage à Jérusalem, lorsque Jésus a exprimé sa liberté et s’est échappé pour être dans le temple avec les docteurs, les noces de Cana aussi. L’Evangile de la crucifixion surtout. Il faut aussi lire ce passage de l’épître aux Galates, au chapitre 5. Apparemment il n’est pas question de Marie, pourtant tout parle d’elle. Saint Paul dit : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » Marie vivait ses fruits puisqu’elle était pleine de grâces, remplie de l’Esprit.

Je pense donc que la Vierge Marie avait une vie normale, mais qu’elle avait une grâce toute particulière pour, comme le dit l’épitre aux romains, pleurer avec ceux qui pleurent et se réjouir avec ceux qui sont dans la joie. Elle allait, comme toutes les jeunes filles de son âge, à la rencontre de ses amies du village. Elle n’était pas, extérieurement différente des autres, pourtant, dans un groupe, quand elle était là, il avait de la joie. Oui Marie était probablement très joyeuse et savait trouver une solution réaliste à toutes les difficultés. Elle était bienveillante. Jamais une parole de jugement ou de condamnation. La paix se faisait naturellement à son contact. Elle devait être très aimée, en raison de son humilité, de sa fidélité et de sa bonté. Elle était toute disponible à l’action de l’Esprit, toute rempli de l’Esprit, donc, naturellement, elle en exprimait les fruits. La sainteté de Marie c’est d’avoir su faire de chaque moment de sa vie, l’occasion d’une rencontre avec le Seigneur. Elle voyait en chaque événement, même le plus surprenant, l’occasion de servir, de louer le Seigneur…d’aimer. Oui, voir en chaque événement la présence de Dieu, c’est cela, ressembler à Marie. Alors, si nous faisons comme Marie à l’Annonciation, si nous nous rendons disponibles, alors Dieu lui-même se rendra présent. Présent en nous, présent par nous à ce monde qui a tant besoin de lumière et de paix, qui a tant besoin d’Espérance. Marie a été à l’écoute de Dieu, non seulement dans sa prière, mais dans toute sa vie, dans toutes ses activités, parce qu’elle n’a cessé d’être à l’écoute des autres. Elle était tellement incarnée, tellement vivante, tellement dans le réel, que Dieu a pu s’incarner en elle, et, par elle, se rendre présent au monde. Aujourd’hui, nous fêtons, en même temps que la disponibilité de Marie, le mystère de l’Incarnation, de la présence de Dieu, en son Fils, à nos côtés. Le tout puissant se fait tout petit. L’Eternel se soumet au temps et se rend présent à notre monde, le Vivant s’invite dans nos vies blessées, dans nos cœurs assoiffés, pour qu’il nous donne le salut. Aujourd’hui où notre santé est menacée, préservons-la, et demandons aux Seigneur de soutenir les soignants, mais regardons plus loin. Dieu n’est pas venu seulement pour nous guérir, il est venu surtout pour nous sauver, de la mort et du péché. Il est la Résurrection et la Vie ! C’est ce que nous allons célébrer dans quelques jours, le mystère pascal. Ce dont notre monde a besoin, par-dessus tout, c’est de cette espérance qui nous fait regarder, au-delà de la mort, le visage de Jésus qui nous aime et nous attend. Quoiqu’il arrive, le Seigneur Jésus est là, présent ! Ce visage, qui a été façonné dans le corps de Marie, ce visage, buriné par la vie, la passion, ce visage nous attend, nous accueille. Dans un monde défiguré par la souffrance, Jésus souffrant est présent. Il souffre avec ceux qui souffrent, il lutte avec ceux qui luttent, il nous donne aussi la force d’espérer contre toute espérance. N’ayons pas peur d’être ses témoins aujourd’hui, osons être son visage pour ceux qui en ont besoin, sa parole réconfortante, sa présence au milieu des hommes. Comme Marie.

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