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Les évêques
Pourquoi donc Jésus naît-il dans une étable à l’écart ?

Publié le 24 décembre 2011

Pourquoi donc Jésus naît-il dans une étable à l’écart ?

Les interrogations d’un aubergiste, par Mgr Patrick Le Gal, évêque auxiliaire du diocèse de Lyon.

Jésus naît à Bethléem, tout le monde le sait, les prophètes l’avaient annoncé, c’est bien ! mais pourquoi choisit-il de naître à l’écart de la ville et qui plus est dans une étable plutôt que dans l’hôtellerie ; il se fait homme mais il n’agit pas comme les hommes ?
Vous dites juste : Jésus a voulu naître à l’écart ; ce n’est pas un hasard, c’est un choix et un choix significatif. Souvent dans sa vie publique Jésus partira à l’écart pour prier ou encore le verra-t-on emmener ses disciples dans un lieu désert ou sur une montagne comme pour la transfiguration. Il s’agit de faciliter une rencontre plus intérieure avec Dieu. La crèche c’est un peu comme une église un lieu “à l’écart” dans le silence, propice à la prière. A la crèche, les bergers et les Mages entrent plus aisément dans la contemplation et l’adoration et vivent une expérience décisive dont ils conserveront la mémoire pour toujours.
La crèche c’est aussi un lieu dépouillé, davantage propre à souligner l’humilité de Dieu en Jésus-Christ, qui ne revendique pas sa condition divine mais prend la nôtre pleinement. L’étable convient mieux pour cette manifestation de Dieu que la suite d’un grand hôtel ! Voyez saint François d’Assise qui connut l’un et l’autre mais préféra finalement la crèche qu’il introduisit dans la piété chrétienne.

Sans doute, mais ce faisant, le Christ ouvre la porte à des interprétations malveillantes : voyez ce pauvre Jésus qui naît dans une crèche, n’aurait-on pas pu lui laisser un peu de place à l’hôtellerie ? Avouez que pour nous hôteliers dont le cœur de métier est justement l’accueil (et tout un chacun à cet égard est un peu hôtelier dans l’âme), la critique est rude !
Il est vrai que des traductions modernes du récit de saint Luc ou une lecture trop rapide peuvent conduire à un tel malentendu. En fait, le sens obvie du texte de l’évangile tel que saint Luc nous le donne, ne signifie pas qu’on n’a voulu faire de place à la Sainte Famille dans l’hôtellerie (par manque de charité) mais qu’il n’y avait pas de place convenable pour la naissance du Christ ou si vous préférez, que ce n’était pas la place qui convenait ; le grand humaniste de Rotterdam, Erasme en fait la remarque de façon décisive dans ses Annotations sur l’Evangile ; il n’y a pas de doute là dessus. Ce n’est pas l’aubergiste qui a dit non, c’est Dieu qui avait un autre projet comme on l’a vu ! Aux prêtres de corriger leur sermon le cas échéant… Et rassurez-vous, Jésus n’a rien contre les auberges ou les salles d’hôtes ; c’est même là qu’il décidera de célébrer la Pâque avant sa passion (cf Luc 22, 11) !

Tout de même, en s’écartant de la ville, le Christ n’a pas facilité les visites que beaucoup auraient aimé lui rendre à ce moment ; tous n’ont pas le temps et les moyens de voyager comme les mages ou la chance d’être sur place comme les bergers… 
On devait bien cela aux bergers et à leurs pareils qui sont dehors au froid ou à la pluie toute l’année ! Mais plus largement, le Christ lui-même a répondu à cette objection dans une de ses paraboles du Royaume rapportée par saint Matthieu où il déclare : “Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (cf. Mat 25, 40). Si vous ne pouvez pas aller visiter Jésus à la crèche et lui offrir quelque beau présent, vous pouvez sûrement offrir ne serait-ce qu’un simple verre d’eau fraiche à quelque “petit” auprès de vous. C’est d’ailleurs ainsi qu’est née cette coutume de faire des cadeaux aux enfants pour Noël ; offrant des cadeaux aux petits enfants nul doute que c’est au Christ que vous le faites. Interrogez les enfants, vous verrez, ils vous convaincront que c’est une excellente coutume !

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