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Les évêques
Tout ce qui touche mon corps touche mon âme. Et la beauté du coeur s’exprime dans les oeuvres

Publié le 04 mars 2019

Tout ce qui touche mon corps touche mon âme. Et la beauté du coeur s’exprime dans les oeuvres

Dans le Credo que nous allons proclamer dans quelques instants, il y a une pierre d’achoppement, un article qui est souvent rejeté ou incompris. Lorsqu’on fait un sondage auprès de ceux qui se disent catholiques, une importante proportion affirme ne pas croire à la Résurrection tout court, mais la proportion est écrasante lorsque nous évoquons la résurrection de la chair. Pourtant, nous ne pouvons pas comprendre le plan de Dieu pour l’humanité, son dessein d’amour, si nous nous arrêtons en chemin, si nous n’allons pas jusqu’à cette affirmation, aussi stupéfiante soit-elle, de la résurrection de la chair. L’Église, pour affirmer une telle chose, s’appuie sur la Parole de Dieu, et en particulier sur ce passage de la première épitre aux Corinthiens, que nous venons d’entendre. Car c’est bien ce qui est périssable qui deviendra impérissable, c’est bien cet être mortel, avec lequel j’agis, je parle, j’aime, qui revêtira l’immortalité. Saint Paul ne parle pas d’une quelconque partie impérissable de notre être qui le resterait. La plupart du temps nous pensons que c’est une partie de nous-mêmes, l’âme, immatérielle et créée impérissable, qui le restera, alors que notre corps, notre enveloppe, disparaîtra. Ce n’est pas ce que dit saint Paul : il parle bien de ce qui est périssable en nous. Le voilà le miracle ! Le « comment », la façon dont tout cela va se dérouler m’échappe, mais je peux en saisir la cohérence. Je suis un être humain, avec une âme, un esprit, un corps, et c’est tout cet être que le Fils de Dieu a revêtu pour nous sauver. Je ne peux pas imaginer un être humain sans corps. Il s’agirait alors d’une sorte d’ange, d’un esprit ! Mais l’être humain est cette extraordinaire unité de réalités qui semblent incompatibles. Parmi nos contemporains, il y en a beaucoup qui, à l’inverse, veulent limiter l’homme à sa seule enveloppe corporelle. Lorsqu’elle disparaîtra, nous n’existerons plus, c’est tout ! Nous ne serions que des animaux comme les autres, et donc, ce que nous faisons avec notre corps ne regarde que nous. C’est ce qu’évoque saint Paul dans le passage qui précède notre lecture : « S’il n’y avait eu que de l’humain dans mon combat contre les bêtes à Éphèse, à quoi cela m’aurait-il servi ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. » S’il n’y a pas de résurrection alors faisons n’importe quoi, de toute façon nous disparaitrons. Si nous ne ressuscitons pas, ou pouvons-nous mettre notre espérance ?

La vérité que nous recevons de ce trésor qu’est la foi, c’est que nous sommes aimés, que nous sommes voulus. La vérité c’est que nous sommes cette merveilleuse et fragile unité d’une âme, d’un corps et d’un esprit. Et on ne peut pas séparer ces trois dimensions sans porter atteinte à la personne humaine. Tout ce qui touche mon corps touche mon âme, et tout ce qui touche mon âme trouve son expression dans mon corps. La sexualité en est la magnifique expression. Lorsque je suis saisi par une émotion amoureuse, mon corps se dispose, s’ouvre à l’amour. Quelle merveille ! C’est aussi pour cela que je ne peux pas faire n’importe quoi, ni avec le corps de l’autre, ni avec mon propre corps, en particulier en ce qui concerne ce sanctuaire intime qu’est la sexualité. La ranger au rang d’activité comme une autre, de nécessité hygiénique, c’est ne rien comprendre à la beauté complexe de notre humanité, c’est aussi permettre tous les excès, toutes les manipulations, tous les abus.

Pour respecter ma personne et celle de l’autre, et c’est la première lecture ainsi que l’Évangile qui nous le disent, transformons-nous de l’intérieur, occupons-nous de ce qui est le cœur de notre être. Tout le reste en rayonnera. Fortifions l’homme intérieur, pour reprendre une autre expression paulinienne ; alors, même notre corps s’en trouvera embelli. « L’homme bon, nous dit cet Évangile, tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ». Si nous cultivons l’essentiel, ce qui est invisible pour les yeux, alors nos fruits en seront le reflet. Autrement dit, c’est dans la relation vivante avec celui qui est la source de tout amour, que nous nous transformons et que nous apprenons à aimer. Comme me le disait souvent un vieux prêtre qui m’accompagnait dans ma vie spirituelle, la relation avec le Dieu vivant, en particulier dans l’oraison, nous affine, de l’intérieur, et cet affinage est durable. Si nous travaillons l’apparence, l’écorce, la réputation, le look, nous devenons les hommes d’un instant, nous sommes changeants, mouvants. On ne peut pas nous faire confiance. Nous devons bâtir sur le roc, et cette construction implique un engagement de tout l’être. Cette lente éducation se fait justement par le corps. On devient bon à mesure qu’on pose des actes bons. On apprend à prier, à mesure qu’on prie. Il est faux de croire qu’il y aurait les bons et les méchants au départ, qu’il y aurait ceux qui naissent avec telle ou telle qualité humaine…et les autres ; ceux qui sont naturellement contemplatifs…et les autres ; ceux qui n’arriveront jamais à se laisser transformer par Dieu…et les autres, les saints, qui auraient des prédispositions à la sainteté. A tous, notre Dieu ouvre les bras. A tous il donne les mêmes chances de le rejoindre. Il nous suffit d’aller à sa rencontre, de le laisser nous transformer de l’intérieur et nous rayonnerons de sa vie. La rencontre est la clé de la sainteté. Rencontre avec le Dieu vivant, rencontre avec le frère. C’est aussi cette rencontre qui est évoquée dans l’Évangile. Par la charité, Jésus nous invite à sortir de nous-mêmes, à nous mettre « du côté de l’autre » ; il nous invite ainsi à sortir de nos jugements personnels. Souvent nous nous replions sur nous, sur nos idées trop faciles et nos perspectives un peu courtes. Il nous faut faire l’inverse : aller à la rencontre des autres, de Dieu. Entrer dans ses perspectives qui dépassent tout ce que nous pouvons imaginer ; laisser Dieu venir à nous, toucher notre cœur, transformer notre âme, pour que tout notre être, par le corps, exprime Sa charité…pour que nous portions du fruit.

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