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Les évêques
Homélie – 4e dimanche du temps ordinaire année B

Publié le 29 janvier 2018

Homélie – 4e dimanche du temps ordinaire année B

La première lecture de ce jour est une lecture très importante qui nous dit des choses capitales concernant la révélation de Dieu à l’humanité. Elle nous rappelle tout d’abord que Dieu nous parle, qu’il s’adresse à nous. Dans la plupart des traditions religieuses que nous connaissons, en dehors du christianisme, du judaïsme et de l’Islam, l’expression religieuse était toujours une recherche de Dieu, un mouvement de l’homme vers Dieu, une expression de son désir de trouver des réponses aux grandes questions de l’humanité. D’ailleurs la majorité des non-croyants qui regardent nos religions de l’extérieur, ont tendance à faire cette analyse : « les croyants cherchent, se disent-ils, des réponses à leurs questions, ils se rassurent ». Et comment pourrait ils entrer, sans la foi, dans la logique de la Révélation, dans la logique du mouvement inverse : celui d’un Dieu qui cherche l’homme, d’un Dieu qui s’adresse à l’humanité, qui les appelle au salut. Le paradoxe, c’est que ce peuple, à qui Dieu s’adresse n’est pas toujours content d’entendre la voix de Dieu. Il oscille entre un sentiment de joie, celui d’être aimé, d’être considéré, d’être sauvé, et un sentiment de peur : on ne peut voir Dieu sans mourir. J’aimerais revenir sur cette peur et l’analyser en profondeur pour essayer de la combattre en nous et de la transformer en crainte salutaire, celle dont il est question dans le magnificat. C’est normal que j’aie peur de Dieu, tant Dieu est celui dont on me dit que je le verrai à ma mort. Comme j’ai peur de la mort, je préfère voir Dieu le plus tard possible. C’est d’ailleurs ce que nous disent les gens lorsque nous leur parlons de la vie éternelle : « oui mais le plus tard possible ! » Derrière ce désir de voir Dieu, mais le plus tard possible, il y a certes une fausse conception de ce qu’est la vie éternelle et du fait qu’elle est déjà commencée, mais il y a aussi, peut-être, la volonté ambiguë de la tranquillité : « Que Dieu me laisse tranquille. Plus tard je me convertirai, plus longtemps je pourrai profiter des plaisirs de la vie, continuer de vivre ma vie et de ne pas être embêté par toutes ces questions religieuses ». On met Dieu au placard, pour pouvoir rester dans son canapé et ne pas trop sortir de chez soi, ne pas trop sortir de soi. Or nous remarquons souvent que le bonheur, le vrai, c’est justement de sortir de soi, d’aller à la rencontre des autres, de faire de grandes choses qui ne sont pas immédiatement attirantes. C’est de résister au repli sur soi, au plaisir considéré comme un but uniquement. Le plaisir est bon mais s’il est finalisé par autre chose que lui-même. Sinon il engendre la tristesse et l’ennui. En fait, l’expérience du peuple d’Israël rejoint mon expérience personnelle. Pour voir Dieu, pour rencontrer Dieu véritablement et pour être sauvé par lui, il faut que j’accepte de mourir…à moi-même, il faut que je fasse mourir mon « moi » envahissant que je n’aime pas parce que je sais, au plus intime de moi-même qu’il s’oppose à mon bonheur, à mon salut, à la vie de mon cœur, de mon âme. Alors parfois comme le peuple d’Israël nous avons tendance à dire : « je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir ! » Oui la vie éternelle est déjà commencée à mesure que j’accepte cette mort de mon égoïsme et de mon orgueil, que j’accepte que Dieu me sorte de mes petites perspectives et de mes vues mesquines. Et cette action, il la réalise par la rencontre. Lui seul peut réaliser ce miracle de ma sanctification. Si je pense que c’est par mes petits efforts que j’arriverai à me sanctifier je me trompe ! La première mission du chrétien, c’est d’écouter la voix de Dieu, de se laisser toucher par lui. C’est la rencontre avec le Dieu vivant qui transformera ma vie et qui me transformera moi-même.

L’action du démon, et c’est l’Évangile qui nous le dit sera d’empêcher absolument cette rencontre, de repousser Jésus : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es, le Saint de Dieu. » Comme notre péché, le démon était bien installé dans nos vies. C’est la rencontre avec Jésus qui va le faire mourir, qui va l’expulser, pour que nous soyons enfin libres, enfin capables d’aimer en vérité, de nous donner, de sortir de nous même pour aller à la rencontre de Dieu, à la rencontre de nos frères et sœurs, pour affronter notre vie et prendre notre part de responsabilité dans la société. Remarquez au passage que cet Evangile nous donne des précisions sur ce qu’est la foi : la foi ce n’est pas croire que Dieu existe et que le Christ est le « Saint de Dieu ». Le démon sait cela, et il n’a pas la foi ! La foi c’est de croire en Dieu et de croire Dieu, d’avoir confiance en lui et de faire sa volonté. La foi c’est d’écouter sa Parole, de la méditer. La foi est relation à Dieu, relation d’amour ! Et cette foi, elle se vérifie dans mes actions, elle s’exprime dans la charité, comme nous le rappelle saint Jacques dans son épître. Demandons donc au Seigneur, comme nous y a invité l’oraison d’entrée de cette célébration, « de pouvoir l’adorer sans partage et d’avoir pour tout homme une vraie charité. »

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