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Les évêques
Je veux voir Dieu

Publié le 02 novembre 2018

Je veux voir Dieu

« Je veux voir Dieu, le voir de mes yeux, joie sans fin des bienheureux, je veux voir Dieu
Le monde attend le passage des saints, là où les saints passent, Dieu passe avec eux, soyez saints comme Dieu, soyez saints, comme Dieu »

Ce chant, que beaucoup connaissent, illustre bien la fête que nous célébrons. Dieu seul est saint. Dans la mesure où je le rencontre, il peut me faire participer à sa propre sainteté, et cette participation à la sainteté de Dieu me permet d’être pour le monde, un témoignage, de rendre Dieu présent au monde. Le véritable témoignage chrétien, c’est donc de se laisser remplir par la grâce de Dieu, comme la Vierge Marie à l’Annonciation. Toute disponible à l’action de Dieu en elle, elle a transmis de façon incomparable et parfaite, Dieu au monde en la personne de son Fils bien aimé, Jésus notre sauveur.

Cette petite catéchèse kérygmatique que je viens de faire est toute simple et tout le monde peut la comprendre. Oui mais parfois nous ne saisissions pas toujours ce qu’une telle affirmation de foi implique pour nous, pour notre vie. Nous retombons très vite dans les terribles défauts qui ont même été des hérésies et dont le pape François parle souvent. Il nous en a même parlé récemment au synode, et avant dans l’exhortation apostolique consacrée justement à la sainteté : « Gaudete et Exsultate ». Il nous met régulièrement en garde contre l’activisme, qu’il appelle aussi pélagianisme et contre le gnosticisme qui est de croire que c’est en raison d’une connaissance particulière ou d’une simple affirmation de foi ou de doctrine que nous sommes sauvés. Non ! Dieu seul est saint et tout ce qui vient de moi sans que Dieu y participe d’une manière ou d’une autre est au mieux infécond, au pire destructeur. Vous allez me dire qu’il y a des personnes très généreuses qui font de belles choses et qui, pourtant ne croient pas en Dieu. Effectivement ! Cela ne signifie pas que Dieu ne soit pas présent en ces personnes si elles se donnent au nom d’un idéal qui est plus grand qu’elles-mêmes, si elles sont capables de sortir d’elles-mêmes, de s’oublier elles-mêmes pour le bien des autres. On appelle ce mouvement, la charité. Dieu en est la source, quoi qu’il arrive. Si une action est exercée sans la charité, elle est vaine. C’est ce que saint Paul nous rappelle dans la lettre aux corinthiens. Si je n’ai pas la charité, je ne suis qu’une cymbale retentissante, qu’un cuivre qui résonne. Ce que je fais alors ne sert à rien. C’est de l’esbroufe !

Je dois donc inviter Dieu à toutes mes activités, le laisser envahir mes pensées, inonder mon cœur de sa grâce sanctifiante.

Je parle de tout ce que je vis. Et c’est bien ce dont il s’agit dans l’Évangile. Les béatitudes sont un programme de vie dont le but est de nous faire entrer dans la béatitude, la vie bienheureuse. La première d’entre elles est la plus importante et résume d’une certaine manière toutes les autres : « heureux les pauvres de cœurs ». C’est cette pauvreté intérieure, cette disposition du cœur qui nous permet de recevoir le Seigneur, de nous laisser saisir par lui. La béatitude, la joie profonde du cœur, c’est la présence de Dieu en nous qui ne peut se réaliser que dans le dépouillement de moi-même. La pauvreté, c’est beaucoup plus de se vider de ses biens, que de faire beaucoup de choses. L’exemple du jeune homme riche est à ce titre l’occasion d’un magnifique enseignement du Seigneur Jésus. Il pense que la sainteté c’est de faire beaucoup de chose, d’observer les commandements, et comme il les observe, alors, pense-t-il, il ne lui manque rien. C’est bien cela son problème : il ne lui manque rien. Il possède tout. Il est donc temps pour lui de se laisser déposséder de tous ses biens, de toutes ses qualités, de tout ce qui en lui entretien l’orgueil et la satisfaction. Le Seigneur lui propose d’avoir un cœur de pauvre, de se dépouiller : « Va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor dans le ciel, puis viens et suis-moi ! » Mc 10, 21 Il lui manque de vivre la première béatitude, et donc la joie. Oh non pas la joie psychologique d’un moment, mais la vraie joie, la joie de celui qui se sait aimé et sauvé, la joie de celui qui, ayant tout donné, reçoit en cadeau la présence aimante du seul Saint, la vie de celui dont l’amour n’a pas de fin. Il S’agit beaucoup plus de se laisser faire, que de faire, de se laisser agir par l’Esprit Saint que d’accomplir de grandes choses. Il suffit que je consente à ce que, comme le dit une très belle oraison, « ce soit son influence et non mon sentiment qui domine en moi. » Il suffit que je le fréquente régulièrement, que je le laisser agir, par exemple dans la prière, les sacrements, en particulier l’Eucharistie et le sacrement de réconciliation, dans l’attention aux plus pauvres, la familiarité avec la parole de Dieu. Tout peut être traversé par la grâce de Dieu. Rien ne lui fait peur dans mon humanité sauf mon indifférence. Même le péché peut être l’occasion d’une magnifique manifestation de Dieu dans ma vie : on appelle cette manifestation, la miséricorde, qui se réalise lorsque j’accepte que mon péché soit traversé par la grâce, en particulier dans le sacrement de la Réconciliation. L’exemple de Saint Pierre qui accepte de se prosterner devant Jésus, qui implore son pardon et se laisse aimer par lui est éloquent. Il accepte, comme finalement tous les saints, ayant touché son indigence et sa vanité, de se laisser faire par le Seigneur, de lui laisser la première place. Il accepte d’avoir besoin de Lui. D’ailleurs la fin de ce magnifique passage de l’Évangile où Jésus relève Pierre et lui accorde à nouveau sa confiance le dit : « tu étendras les mains et c’est un autre qui te mettra ta ceinture. » Jn 21, 18

Nos faiblesses, nos défauts, nos imperfections peuvent être le lieu de la manifestation de Dieu si je les accepte et si j’accepte que Dieu vienne les toucher. C’est la trahison de saint Pierre mais aussi l’écharde dans la chair de Saint Paul, le bégaiement de Moise, les larmes de la veuve de Naïm et de tous ces cris des pauvres le long du chemin qui appellent la visite ou l’action de Jésus sur eux. Il faut que j’accepte aussi, et c’est parfois plus difficile, que Dieu me dépouille de ce qui fait ma gloire, de tous ces dons et ces qualités qui, s’ils ne sont pas habités par la grâce de Dieu qui se manifeste dans l’humilité, peuvent non seulement être inféconds bien qu’apparemment efficaces, mais aussi contribuer à ma perte si je les possède et m’en sers pour moi-même.

Oui toute bonté, toute beauté, toute vérité, toute charité vient de Dieu. J’aimerais voir Dieu pour qu’il me communique au plus vite tous ces cadeaux, mais je ne peux voir Dieu sans mourir. Oui, sans mourir à moi-même, en me tournant résolument vers l’autre dans le visage de mon prochain, vers l’au-delà de tout, le très Saint qui me permet de participer à cette sainteté dont il est la source et qu’il me communique par le baptême. Gratuitement, il fait de moi son enfant bien-aimé, il me comble de toutes bénédictions dans le ciel et sur la terre. Il suffit que je le laisse faire.

Laissons-le habiter nos cœurs et nos vies, toutes nos pensées et nos activités, nos faiblesses et même notre péché, alors il manifestera sa puissance dans la pauvreté de la crèche, l’humilité de l’Eucharistie et même dans le scandale de La Croix.

Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu de l’univers ! Le ciel et la terre sont remplis de sa gloire. Béni soit Jésus son Fils unique et en Lui tous ceux qui viennent au nom du Seigneur : les saints de tous les temps que nous vénérons, parce que leur vie a été traversée par la grâce de Dieu, parce qu’ils se sont laissés toucher, aimer par la source de toute miséricorde.

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