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Les évêques
« Venez les bénis de mon Père »

Publié le 14 octobre 2017

« Venez les bénis de mon Père »

Homélie de Mgr Emmanuel Gobilliard pour le 28ème dimanche du Temps Ordinaire.

Que retenir de ces deux paraboles ? La première parle du rapport entre Dieu et l’humanité en termes conjugaux. Il s’agit de noces. Dieu parle souvent en terme conjugaux, pour nous dire qu’il nous aime. Pour cela il utilise, symboliquement, ce qui en nous fait référence à l’amour, à la fidélité, au don de soi. Au début de la parabole, il précise qu’il s’agit de parler du royaume des cieux : « le royaume des cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils ». Cette image nous parle et nous rappelle aussi que tout le monde est invité, le premier cercle comme le second. Les premiers comme les derniers, les riches comme les pauvres, les chrétiens comme les non-chrétiens. Il n’y a pas de carte d’identité à présenter à la porte du ciel. Mais il y a une attitude à avoir. Ici il est question de liberté. Dieu peut avoir préparé tout ce qu’il fallait. Dieu peut nous avoir prouver son amour de la plus belle des manières, en se donnant lui-même, en étant patient et miséricordieux, en nous envoyant son propre Fils, il butte toujours face à notre liberté. Il ne peut rien contre nous-mêmes. Il reste dépendant de notre acceptation. Si la logique, c’est l’amour, alors je ne peux forcer personne à m’aimer. Et Dieu est devant la même contradiction. Et plus je forcerai quelqu’un à m’aimer, moins, bien sûr, il m’aimera. Quelle est la logique de l’amour ? Nous savons qu’elle ne peut être dans la contrainte, ni dans la force, ni dans la peur. Alors elle est dans la douceur, dans la miséricorde, dans la confiance. Dieu nous ouvre son cœur et frappe à la porte du notre. Il n’attend de nous qu’une parole, qu’un « oui », qu’un « me voici », pour se précipiter et répandre sa grâce. Le vêtement de noces, c’est cette attitude humble du cœur qui accueille avec reconnaissance l’amour de Dieu, qui accepte simplement d’être aimé, qui est heureux de recevoir. Refuser de recevoir, se complaire dans une attitude hautaine et supérieure, nous empêche simplement de recevoir, de recevoir l’amour de Dieu. Dieu nous signifie, par de multiples délicatesses, qu’il a besoin de nous. Lui le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le tout puissant, nous fait la délicatesse d’avoir besoin de nous, pour transformer le monde, le pacifier, le faire grandir ; Il aurait pu faire tout, tout seul. Il choisit d’avoir besoin de nous. Mais pour nous, qui savons que nous sommes faibles, pécheurs, limités, mortels, avoir besoin de Dieu n’est pas un choix ou une option. C’est une nécessité, sinon…nous mourrons. Evidemment, le texte a une dimension un peu « radicale ». Ce n’est évidemment pas Dieu qui nous tue, comme le roi de la parabole. Mais le résultat est le même. Comme nous le dit le livre du Deutéronome, nous avons le choix entre la vie et la mort, choisissons donc la vie. Notre Dieu est l’auteur de la vie, il est la Vie, il est la Résurrection. Si nous refusons d’entrer dans son amour paternel et miséricordieux, Dieu est triste, mais il ne peut nous forcer à choisir la vie ! Le résultat est que si nous préférons nous écarter de la vie qui est en Dieu, l’autre alternative n’est pas réjouissante et nous la connaissons. C’est d’une simplicité confondante : Etre capable d’accueillir le don de Dieu, son amour et son pardon, sa vie, sinon…nous sommes morts. Notre orgueil qui ne veut compter que sur lui-même sera livré à son propre choix, nous deviendrons autosuffisants, autonomes. Nous nous enferrerons (tiens le mot est intéressant !) dans notre refus du salut qui va de pair avec le refus de l’autre, avec le refus d’avoir besoin. Livrés à nous-mêmes nous ne pourrons compter que sur nos propres forces. L’enfer, ce n’est pas les autres, c’est moi, lorsque je suis dans cette attitude.

Notre Dieu est un feu. Son amour est un feu dévorant et son brulant désir est que cet amour embrase le monde entier. Pourquoi les apôtres ont-ils reçus l’Esprit Saint sous la forme de langues de feu ? Pourquoi le Seigneur s’est-il manifesté à Moïse sous la forme d’un buisson ardent ? Pourquoi les 3 enfants, dans la fournaise, n’ont-ils pas été détruits par le feu alors que leurs bourreaux ont été carbonisés ? Parce qu’ils étaient « de feu ». Dieu n’a pas créé l’enfer, mais il a voulu que nous soyons libres. Et si, au nom de cette liberté, nous choisissons de ne pas être aimés, de ne pas aimer, de ne pas nous laisser brûler par son amour, si nous choisissons d’être indifférents et froids, de nous replier sur nous-mêmes, alors le Seigneur ne peut pas agir en nous. Choisissons donc de lui ouvrir notre cœur, répondons à son appel d’amour, à son invitation nuptiale. Nous nous découvrirons probablement tièdes. Son amour nous brûlera un peu, nous purifiera, contrariera notre égoïsme, notre orgueil, notre volonté de puissance ou de jouissance personnelle. L’enfer, c’est d’être à ce point froids, que l’amour ne nous touche plus, que nous le rejetons. Le purgatoire, c’est d’avoir conscience que nous sommes tièdes, c’est aussi de nous laisser attirer par Dieu, purifier ; accepter que Dieu nous éduque et nous corrige un peu. Nous savons qu’il le fait par amour. Nous savons aussi qu’il est déjà victorieux et que petit à petit la puissance de son Esprit Saint saura nous transformer. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, et par le biais de cette parabole très parlante, le Seigneur Jésus nous a livré un enseignement sur la vie éternelle qui est déjà commencée, parce que dès maintenant Dieu se donne à nous. Dès maintenant il nous invite aux noces de son Fils, dès maintenant il veut nous embraser et nous invite à aimer et à nous donner. N’ayons pas peur d’entrer dans sa demeure, il nous accueillera comme un père, mais revêtons l’habit de noces, l’humilité, la disponibilité intérieure, le désir de Dieu.

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