Publié le 25 septembre 2019
Avec Mgr de Moulins-Beaufort : l’information, la prévention et la formation sont l’affaire de tous et en premier lieu des autorités ecclésiales.
La Conférence des Evêques de France et les diocèses doivent rendre compte de ce qui est engagé pour la lutte contre les abus sexuels. Dans cette vidéo, les actions, les règles et les efforts qui sont faits sont expliqués par Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Evêques de France, archevêque de Reims.
Quel travail concret de prévention est engagé par l’Église pour lutter contre la pédophilie ? Vous parlez de « culture de la vigilance », c’est-à-dire ?
“Il y a quelque chose de sidérant à cet aveuglement collectif.”
“Il faut une culture de la vigilance (…) et que nous soyons attentifs, et aux signaux que les enfants peuvent donner dès que quelque chose de trouble leur arrive, et aux signaux de dysfonctionnement ou d’attitude que telle ou telle personne responsable peut éventuellement donner.”
“Je dirais qu’aujourd’hui il ne faut plus être naïf sur le pouvoir spirituel d’un prêtre.”
Il ne s’agit pas seulement de « prévention pour limiter et éviter les crimes », mais un « effort global d’ajustement de toutes les relations ecclésiales » dites-vous, pouvez-vous préciser ? Quel est le rôle des laïcs dans ce dispositif ?
“Toutes ces affaires nous révèlent qu’il y a globalement un travail à faire pour que les relations prêtres-laïcs, prêtres-enfants, prêtres entre eux soient plus justes. Que l’on ne soit pas dans une relation de fascination, de pouvoir un peu malsain, de captation et cela demande un effort d’ajustement.”
“C’est l’adulte qui est responsable de la relation qu’il crée avec des enfants.”
“Nous prêtres nous avons le devoir d’être au service de cette relation de liberté et non pas de tenter de jouer les médiateurs, les intermédiaires qui capteraient quelque chose, de la gratitude qui n’est due qu’à Dieu et que nous n’avons pas besoin de capter pour nous.”
“Il y a un travail de purification très global qu’il faut mener.”
Au-delà du discernement au séminaire et de la formation continue à la vie affective, que proposez-vous quant à l’accompagnement des prêtres quant à leur sexualité et leur célibat ?
“Le vrai défi est d’accompagner la vie dans ses différentes phases. L’intégration de l’affectivité et la sexualité dans l’unité de la personne, c’est un travail de toute la vie.”
Comment garantir une exigence sans faille des responsables ecclésiaux sur le sujet pédophile ?
“Comment garder la mémoire de ce qui s’est passé, comment faire pour ne pas oublier que l’on est capable de cela de manière à ce que cela ne se reproduise pas. Il faut trouver des moyens vivants.”
“Dans notre dispositif ordinaire (…) dans le fil continu de la vie il faut qu’il y ait des instances qui permettent à l’autorité de vérifier, d’évaluer, de stimuler, de sentir.”
“Il faut que les prêtres se sentent encouragés dans le long terme : un père spirituel , des amitiés construites, aller voir un psychologue (…) sans honte (..) et ne pas s’enfermer dans des impasses.”
“Il faut travailler pour que tout prêtre soit entouré d’un réseau suffisant pour l’aider à assumer la solitude inévitable intérieure de chaque homme, qui est la solitude où Dieu veut nous rejoindre.”