Publié le 23 septembre 2019
Avec le père Matthieu Thouvenot : la question essentielle de la formation continue des hommes d’Église.
Il s’agit ici de comprendre comment les prêtres sont aidés à chercher un équilibre de vie affective et sexuelle, de poser la question d’un renouveau d’accompagnement de qualité pour chacun avec ses besoins dans son choix de vie et de service au Christ.
Le père Matthieu Thouvenot est recteur de la Basilique de Fourvière, prêtre du diocèse de Lyon depuis 2003, accompagnateur spirituel au discernement des vocations, formateur au séminaire Saint-Irénée.
Quelle formation en vie affective et sexuelle reçoivent les séminaristes aujourd’hui ?
“Quand ils arrivent au séminaire leur formation a commencé parce qu’ils sont originaires d’une famille. Ils arrivent avec ce qu’ils sont.”
“Au séminaire, ils reçoivent une formation théorique avec des modules de formation de vie affective et sexuelle et des modules de connaissance de soi pour comprendre comment on fonctionne, quels sont nos besoins, quels sont nos désirs, comment est-ce que l’on répond à ça.. avec une formation particulière pour les célibataires consacrés. La vie au séminaire permet de vivre avec d’autres et d’être connu par les autres.”
“6 prêtres et 1 couple constituent le conseil du séminaire, vivent avec les séminaristes et se réunissent chaque semaine pour passer en revue les séminaristes. sont chargés du discernement. Le temps passé au séminaire joue pour la croissance du séminariste. S’il y a un blocage , on cherche comment aider le séminariste à grandir. on peut même proposer un accompagnement psychologique. C’est pas dangereux un psychologue. S’il n’y a pas de progrès, on peut envisager que le séminariste ne devienne pas prêtre.”
“L’évaluation vient également des communautés dans lesquelles les séminaristes sont insérés.”
“Année pastorale :Il arrive en paroisse 1 semaine par mois au séminaire, les séminaristes ou jeunes prêtres reçoivent une formation complémentaire qui leur permet d’approfondir leurs besoins dans leur nouvelle vie. Module CNV”
En terme de formation continue, de quoi auriez-vous besoin ? Qu’est-ce qui vous serait utile au long cours ?
“Ce dont on a besoin : d’avoir régulièrement un apport nouveau et des temps de relecture : une retraite par an. Une rencontre entre prêtres : équipes de vie entre prêtres : lieu de détente, lieu de parole, partage des préoccupations. Utile d’aller voir ailleurs : prêtres d’autres pays, autre façons de faire.”
“Le séminaire est un des éléments de la formation du prêtre. C’est important d’avoir une formation pratique (…) : les manières d’être prêtre, pour se renouveler, pour prendre les bonnes idées ailleurs. C’est dans les 1ères années que l’on apprend à avoir l’habitude d’avoir de la formation continue. C’est aux diocèses de proposer cela : 1 semaine par trimestre, rencontre, relecture, formation pastorale pratique les 1ères années et ensuite.”
Y a t-il un suivi psychologique régulier des prêtres au sein du diocèse ?
“Chaque prêtre fait un entretien annuel approfondi avec son supérieur : il passe en revue son année personnelle, pastorale, son équilibre de vie personnel, spirituel.”
“Participation à une journée sur la vie affective et sexuelle proposée annuellement.”
“On pourrait ajouter un rendez-vous systématique tous les 2 ou 3 ans avec un psychologue.”
Comment faites-vous pour réinventer votre équilibre de vie au fil du temps ?
“Un prêtre est quelqu’un de normal qui a des besoins à honorer avant de pouvoir être utile aux autres. Il faut aller bien. Il faut mettre les choses dans l’ordre : se reposer suffisamment, se détendre : musique, sport. Dans un cadre pas ecclésial, les gens savent qu’on est prêtre mais ne nous attendent pas comme le prêtre. Il ne faut pas s’oublier complètement pour tout donner aux autres.”
“C’est un apprentissage à faire dès le départ. On réapprend à gérer son temps en fonction de sa mission. C’est au prêtre à se fixer quand il se lève, quand il prie”
Comment chacun en paroisse peut aider les prêtres au quotidien ?
“Les paroissiens doivent connaître les besoins de leur prêtre en lui demandant en toute simplicité et les respecter. Des prêtres extravertis ont besoin de voir du monde pour se ressourcer. Des introvertis vont avoir besoin de solitude pour se ressourcer. Les paroissiens doivent accepter qu’une proposition puisse être refusée et le prêtre peut aussi avoir le simplicité de demander aux paroissiens de passer une soirée chez eux…”
“Il faut se connaître et faire connaître aux autres ses besoins. Le mot clé est la simplicité.”