Entrer dans l’histoire
Olivier,
« On nait lyonnais, on ne le devient pas » aimait à dire le cardinal Decourtray. Tu vas donc naître. Tu seras le visage du diocèse de Lyon.
Ta présence évoquera mille paysages :
La Loire s’étalant au pied de la côte roannaise, la Terrasse admirant le Jura, la Bresse, la Vanoise et le Mont-Blanc, la Saône et le Rhône frissonnant en confluant à Lyon.
Ta présence évoquera aussi le commerce, l’élevage, l’industrie chimique et pharmaceutique, le textile et la soie, le vin et la gastronomie.
Ta présence nous fera prendre conscience de nos racines, de notre histoire.
Une histoire romaine inaugurée par Munatius Plancus, une histoire de nos origines (Tu es primat des Gaules), une histoire tumultueuse avec la République (« Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus »… comité de salut public, 1793).
Et bien sûr une histoire chrétienne !
Comment ne pas penser à saint Pothin, sainte Blandine, saint Irénée, à Frédéric Ozanam, Jean-Marie Vianney, Antoine Chevrier, Gabriel Rosset, Pauline Jaricot, Marius Gonin et à tant d’autres ? Trente évêques parmi tes prédécesseurs sont saints ou bienheureux.
Deux Conciles oecuméniques se sont tenus à Lyon.
Le XIIIe s’est attaché à la liberté de l’Église vis-à-vis du pouvoir politique.
Le XIVe a travaillé à l’unité dans l’Église et au soutien de la Terre Sainte.
Et notre culture d’aujourd’hui est marquée par des efforts nés ici :
Amour de Marie diffusé par Fourvière, oecuménisme avec le Père Couturier, connaissance de notre patrimoine avec Sources chrétiennes, fraternité interreligieuse (souvenons-nous de Tibhirine).
Tes prédécesseurs immédiats, les cardinaux Villot, Decourtray, Balland, Billé, Barbarin, ont marqué nos actualités et nos esprits.
Bref tu vas incarner une histoire immensément riche, mais rude.
Ici certains se reconnaissent parfois en Gnafron : narquois, volontiers critiques, quelquefois frondeurs, poètes si possible.
Mais tous aiment leur liberté. Et défendent avec vigueur leurs manières de voir.
Entrer dans cette histoire n’est pas sans péril :
Tes prédécesseurs l’ont quelquefois éprouvé :
« En arrivant à Lyon, j’ai ressenti pour de vrai ce que la haine pouvait signifier. J’en étais d’ailleurs estomaqué. Je trouvais curieux que l’on puisse ne pas m’aimer… Je devais apprendre à aimer sans être aimé » (Cardinal Decourtray, Le Testament inachevé, Flammarion 1994, p.116)
Les temps changent. L’Histoire continue. Elle est toujours tourmentée.
Notre temps cherche des ministres de l’Évangile joyeux, vivants, créatifs, unis.
Nous voici prêts à écrire l’Histoire avec toi…
Ou plutôt avec toi, nous voulons être les serviteurs du Maître de l’Histoire.
Michel
Mgr Michel Dubost
Administrateur apostolique du diocèse de Lyon
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