Publié le 23 mars 2016
Voici les quelques mots que le cardinal Philippe Barbarin a prononcés pour introduire la Messe chrismale, ce mercredi 23 mars 2016, à la primatiale Saint-Jean-Baptiste.
Frères et sœurs bien aimés,
Après cinq ans, nous retrouvons notre chère primatiale Saint-Jean-Baptiste. De 2012 à 2015, nous avons vécu la Messe chrismale à Roanne, Tarare et Villefranche. Les communautés locales nous y ont toujours si bien accueillis ; qu’elles en soient encore remerciées ! L’an dernier, dans la salle Lyon 3000, de la Cité Internationale, cette liturgie, qui est comme la source de toute notre vie diocésaine, a eu un caractère exceptionnel, au cœur d’une année chrismale où le Seigneur a renouvelé notre envoi de disciples missionnaires. Et nous voici de nouveau « à la maison », dans cet édifice magnifique qui rassemble toute notre grande fraternité diocésaine.
Les travaux ne sont pas finis et devraient reprendre d’ici à la fin de l’année. Mais ce qui a été accompli est impressionnant et remet en valeur, nous disent les architectes, l’inspiration irénéenne des bâtisseurs. De nouveaux vitraux ont été réalisés, différents de ceux des siècles précédents ; l’art du vitrail, du XIIIème au XXIème déploie sa lumière devant nos yeux. Ma plus grande joie a été l’arrivée, juste avant Noël, de l’ambon demandé par le Concile Vatican II il y a plus de cinquante ans. Il est d’une ligne parfaite et sobre, toute lyonnaise, si j’ose dire. L’artiste l’a conçu comme un livre ouvert (dans une pierre qui diffuse la lumière, quel symbole !). Quel bonheur de le fixer du regard pendant que l’on y proclame la Parole de Dieu !
Depuis le début du carême, nous vivons une grande épreuve à cause d’actes de pédophilie anciens et terribles qui, des décennies plus tard, marquent si profondément le cœur et la mémoire des victimes. Comme le pape François l’a dit au nom de l’Eglise universelle, moi, Philippe, à mon tour, pour le diocèse de Lyon, et je le cite, “je me sens dans l’obligation d’assumer tout le mal commis par quelques prêtres et de demander personnellement pardon pour les dommages qu’ils ont causés en abusant sexuellement des enfants”, quand bien même je n’étais pas évêque au moment de ces faits abominables.
Chacun est amené à faire son examen de conscience face à cette tourmente et je remercie ceux qui m’aident à faire le mien. Je demande au Seigneur de m’éclairer dans les choix que je dois faire chaque jour, afin de panser et prévenir ces blessures. Cet après-midi, avant de venir ici, avec de nombreux prêtres, diacres, religieux et laïcs, nous nous sommes retrouvés pour échanger puis, auprès de Marie, en silence, dans la basilique de Fourvière pour prier et demander à Dieu qu’Il guérisse autant que possible toutes les blessures que ces horreurs ont provoquées. J’ai reçu et je vais encore rencontrer prochainement des familles, et je confie ces rencontres à votre prière. Merci.
Aujourd’hui, puisque nous allons bénir l’huile des malades et celle des catéchumènes et consacrer le saint chrême, notre prière se tourne de manière particulière vers ceux qui vont recevoir le sacrement de l’onction, vers les baptisés de Pâques, les confirmands et ceux qui recevront l’ordination sacerdotale ou la consécration épiscopale. Je voudrais saluer aussi avec attention et affection « les chrétiens catéchumènes » qui sont peut-être encore loin du baptême, mais qui savent que nous les considérons vraiment comme nos frères et sœurs.
Je veux enfin redire la grande confiance que je place en mes prêtres et la gratitude que nous leur devons : ils ont donné leur vie à Dieu et se sont mis à la disposition de l’Eglise pour servir leurs frères. Nombreux sont ceux qui disent avec quelle reconnaissance ils les voient accomplir leur ministère avec cœur, au fil des semaines et des années. Qu’ils soient bénis, en ce jour où nous avons la joie de nous préparer ensemble à la célébration des grands événements de notre salut.
Naturellement, en union avec tous ceux qui vont suivre cet office par les ondes de RCF, nous voulons dire à nos amis de Belgique qu’ils seront intensément présents dans notre prière. Ce que nous avons vécu le 13 novembre dernier nous donne envie de les prendre dans nos bras. Hier, j’ai eu contact avec l’archevêque de Malines-Bruxelles qui venait de décider la suppression de la Messe chrismale dans son diocèse. Chacun de nous saura redoubler de ferveur ce soir.
Philippe card. Barbarin
23 mars 2016