Pauline Jaricot sera béatifiée à Lyon le 22 mai prochain. L’audace de cette jeune femme est édifiante. Dans le numéro précédent, nous relatons l’achat de la maison de Lorette en 1832, puis ses problèmes de santé qui la poussent à voyager d’abord à Paray-le-Monial, puis à Mugnano, en passant par Rome une première fois.
On peut être surpris de voir Pauline approcher si facilement le pape : il rend simplement hommage à la fondatrice de la Propagation de la foi et du Rosaire Vivant.
A son retour de Rome, elle écrit : “je sais que j’ai deux patries et deux amours sur la terre : Rome et Lyon“. Elle reprend sa double tâche de Marthe et Marie. Elle aide les dames de Saint-Charles à fonder un hôpital pour les infirmes à la Croix-Rousse. Julia Maurin note : “Plus que jamais, Lorette devient le rendez-vous de quiconque avait besoin de rencontrer un coeur dévoué et une main ferme et tendre“. Frédéric Ozanam la décrit ainsi : “une vierge dont la vie consumée de bonnes oeuvres rappelait celles des premiers siècles de l’Église“. Et Mgr Retord, lyonnais, évêque au Tonkin occidental écrit le 4 août 1835 : “cette association du Rosaire Vivant et celle de la Propagation de la foi sont soeurs ; l’une et l’autre ont eu Mademoiselle Jaricot pour mère et Lyon pour berceau“.
Elle fait construire la chapelle Sainte-Philomène en reconnaissance de sa guérison miraculeuse.
Février-Mars 1839. Pauline retourne à Rome. Elle a besoin de rencontrer le pape Grégoire XVI, à qui elle confie ses projets. Elle s’entretient avec le cardinal Lambruschini, protecteur du Rosaire vivant, elle lui confie son coeur, ses joies et ses .preuves.
8 juillet 1840. Visite à Lorette de Mgr Forbin-Janson, ancien évêque de Nancy, qui s’occupait beaucoup du sort des enfants dans les pays de mission. Il connaît l’oeuvre de la propagation de la foi, qui s’adresse aux adultes. Avec Pauline, il crée “l’Enfance missionnaire”. La mission doit intéresser même les enfants afin qu’ils puissent s’ouvrir aux questions de la mission ; ils joindront leurs prières et leurs offrandes, jeunes et adultes, tous au service de la mission.
16 avril 1842. Le curé d’Ars adresse à Pauline “une âme que le bon Dieu a faite pour lui et pour vous… apprenez-lui à aimer davantage Jésus et Marie”. Cette âme est Maria Dubouis, 24 ans. Elle sera son bras droit, sa compagne dans tous les voyages, son infirmière et sa confidente jusqu’à sa mort.
8 mars 1844. Décès de la soeur aînée de Pauline, Sophie, épouse Perrin. “En la perdant, j’ai perdu l’âme de mon âme et la meilleure partie de mon coeur”, écrit-elle. Par testament du 19 janvier 1837, Sophie avait fait la “donation absolue de sa personne, de sa famille” (son fils Pierre, jésuite, missionnaire aux Indes à Maduré meurt le 15 août 1856) et de ses biens à Marie, – elle était une ardente zélatrice du Rosaire Vivant même au milieu de ses souris dans la gestion de ses usines -, en plein accord avec son mari Zacharie.
Guy Ledentu
Source : Eglise à Lyon, n°46, décembre 2021, p. 18