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« Dieu n’enlève rien, il donne tout »

« Dieu n’enlève rien, il donne tout »

Article extrait du magazine Eglise à Lyon, juin 2025.
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Entretien avec Jean-Baptiste Mack, 32 ans, futur prêtre

D’où venez-vous ? Quels éléments de votre enfance pouvez-vous partager ?
J’ai grandi en Haute-Savoie, pas très loin de la frontière suisse, à côté de Genève. Je suis issu d’une famille catholique pratiquante. Mes parents font partie de la communauté de l’Emmanuel. Cette appartenance a joué un rôle dans mon cheminement, mais ce qui m’a le plus marqué durant mon enfance, c’est surtout le scoutisme. J’ai découvert très tôt la notion de service, cette joie d’être utile, de se donner.

De votre adolescence, qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué ?
Paradoxalement c’est une période où je me suis un peu éloigné de la foi. J’étais très pris par le sport, la montagne notamment. Mais je crois que c’est là que Dieu me rejoignait, à travers la beauté de la nature. J’étais touché, sans vraiment le savoir, par la beauté de la création.

Qu’est-ce qui vous a amené peu à peu à envisager la prêtrise ?
À 18 ans, j’ai vécu une vraie rencontre avec le Christ, pendant les JMJ de Madrid en 2011, au cours d’une confession. Le prêtre m’a regardé et m’a dit : « Merci, parce que Dieu est heureux de te pardonner. » Je ne m’attendais pas à ça. À ce moment-là, j’ai vraiment senti l’amour incroyable de Dieu pour moi. J’ai alors décidé d’avancer vers la sainteté. J’ai discerné avec la communauté de l’Emmanuel et je m’y suis engagé deux ans et demi plus tard. C’est cet engagement qui m’a permis d’ouvrir la porte à la question de la vocation sacerdotale. Un jour, pendant une veillée d’adoration à Paray-le-Monial, j’ai eu cette pensée : « Si Dieu m’appelle à devenir prêtre, ce n’est pas pour me rendre malheureux, mais pour mon bonheur. » Ça a débloqué quelque chose en moi. Je me suis dit : il faut au moins se poser la question. Je suis donc parti faire une année de discernement, en propédeutique.

Qu’est-ce qui se passe à la fin de cette année de propédeutique ?
À mon entrée en propédeutique, j’avais en poche un concours pour une carrière dans la gendarmerie… On m’a proposé de reprendre des études pour obtenir un diplôme. Je suis retourné à Lyon pour faire un cursus en Staps, avec une spécialité montagne. Pendant ces deux années, je continuais à discerner ma vocation tout en étant engagé dans la communauté. Et c’est à l’issue de cette période, après l’obtention de mon diplôme d’éducateur sportif, que je suis rentré au séminaire, en 2018.

Ces deux années intermédiaires ont-elles renforcé votre choix ou suscité des doutes ?
Au début, c’était un peu flou. J’avais l’impression d’avancer dans le brouillard, comme en montagne. Mais j’ai continué à prier, à me faire accompagner par un prêtre. Et peu à peu, une joie profonde persistait à la perspective de devenir prêtre. Une joie qui ne trompe pas. Ces deux années ont donc plutôt affermi mon désir.

Comment vos parents ont-ils accueilli ce cheminement ?
Ils m’ont toujours dit : « Ce qui compte pour nous, c’est que tu sois heureux. » Ils m’ont soutenu à chaque étape. Et quand je suis entré au séminaire, ils étaient heureux aussi. Mais leur priorité est toujours restée ma liberté et mon bonheur.

Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question de la vocation ?
Je repense à cette phrase de saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur du Christ. Il n’enlève rien, il donne tout. » C’est déjà un pas que de se poser la question. Même si c’est flou, même si on avance dans le brouillard, le Seigneur est à nos côtés. Il accompagne, il éclaire. Il ne faut pas avoir peur.

Y a-t-il quelque chose que vous avez découvert dans le cheminement vers le sacerdoce que vous n’imaginiez pas ?
Au début, je voyais surtout le prêtre comme un homme qui renonce, qui sacrifie beaucoup. C’est en partie vrai. Mais j’ai découvert que Dieu peut combler un cœur, même dans ce qu’on pensait devoir abandonner. Je pensais faire une croix sur certaines amitiés, sur la montagne… Et en fait, c’est encore possible ! Je ne suis pas guide de haute montagne, mais je peux encore faire des sorties, accompagner des jeunes. Être prêtre, ce n’est pas faire table rase de sa vie d’avant. Dieu utilise tout ce que nous sommes.

Et aujourd’hui, à l’approche de votre ordination, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Un peu impressionné, c’est vrai. C’est vertigineux. Mais en même temps, je me sens très soutenu : par ma famille, mes amis, ma paroisse. Ce qui me touche le plus, c’est la communion de prière qui entoure cette étape.


Article extrait du magazine Eglise à Lyon, juin 2025.
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