Découvrez l’homélie de Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, lors de la cérémonie du œu des Échevins 2025 :
“Nous venons d’entendre l’annonce de l’ange à Joseph, le récit d’un événement qui a eu lieu il y a plus de 2000 ans. En quoi cela nous intéresse-t-il ? Cet événement se situe avant la naissance de Jésus, et cette naissance-là n’est pas une naissance comme les autres, cet enfant-là n’est pas un enfant comme les autres.
« Marie fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. » dit Matthieu.
« L’enfant qui est engendré en elle, vient de l’Esprit Saint. » dit l’ange à Joseph.
Cet enfant n’est pas un être humain comme un autre. Il n’est pas non plus un simple prophète. Il est Dieu qui s’est fait homme, Dieu qui est pur esprit s’est incarné, il a pris chair, il s’est fait l’un de nous. C’est pourquoi cette naissance est l’événement qui a fait basculer l’histoire de l’humanité.
Et pourquoi est-il venu ? C’est encore l’ange qui dit à Joseph : « Tu lui donneras le nom de Jésus, c’est à dire Le Seigneur sauve. »
Dieu vient à notre rencontre parce que nous avons besoin d’être sauvés. Sauvés de quoi ? d’abord du péché : « il sauvera son peuple de ses péchés ».
Mais pas seulement. Dans le Notre Père, nous ne disons pas seulement : « pardonne-nous nos offenses », mais aussi : « délivre-nous du Mal ».
Nous avons besoin d’être sauvés du mal, le mal que nous commettons, mais aussi du mal que nous subissons.
Le mal n’est-il pas bien présent aujourd’hui ? Qui pourrait dire que tout va bien ?
Regardez ce qui se passe : les guerres se multiplient, certains dirigeants rêvent d’étendre leur pouvoir, de conquérir d’autres pays, de dominer le monde. C’est la loi du plus fort. On investit des milliards dans des armements et des bombes atomiques, qui peuvent détruire la planète en un instant. Certains dirigeants s’imaginent établir la paix en massacrant des innocents.
Chez nous en France, la violence augmente, la drogue transforme nos jeunes en zombie, pendant que les trafiquants s’enrichissent ou s’entretuent. Certains dépensent des millions pour se divertir pendant que d’autres ont du mal à boucler les fins de mois, ou dorment dans nos rues. Le dérèglement climatique fait des ravages, le cri des pauvres et la clameur de la terre monte vers le ciel, comme disait le Pape François ; et on pourrait allonger la liste…
Face à tout cela, nous nous crions : Au secours ! Dieu, au secours ! Jésus, au secours ! Viens nous sauver ! ne nous abandonne pas !
Et l’ange dit à Joseph : « on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : Dieu avec nous. »
Dieu est avec nous. Mais alors que fait-il ?
Ça fait penser à un passage de l’Ancien Testament, où l’ange s’adresse à Gédéon, à un moment très difficile pour le peuple, et lui dit : « le Seigneur est avec toi » ; et Gédéon réponds : « excuse-moi mais si le Seigneur est avec nous pourquoi toutes ces catastrophes ? ».
Il nous arrive, nous aussi, de réagir ainsi, non ? Lorsque nous traversons des épreuves, nous demandons : Qu’est-ce qu’il fait le bon Dieu ? C’est sûr que si on confond Dieu avec une sorte de bouclier anti-missile, on risque d’être déçu. Si on croit qu’il suffit de claquer des doigts, en faisant une petite prière, et d’attendre que le Seigneur vienne régler tous nos problèmes… on risque d’être déçus.
Si on veut que le monde aille mieux, il faut se bouger ! Il ne faut pas rester les bras croisés ! Nos responsables politiques (il y en a beaucoup parmi nous aujourd’hui) ont des décisions courageuses à prendre, pour que les choses aillent mieux ! Et chacun de nous aussi : il y en a des choses à faire et des habitudes à changer, pour que la planète se porte mieux, pour qu’il y ait moins d’injustice, pour que la fraternité ne soit pas un simple slogan, un mot vide…
Tout cela est nécessaire, pourtant ce n’est pas suffisant. En fait, le Seigneur est vraiment avec nous ; mais c’est nous qui ne sommes pas avec lui !
Et c’est là l’origine du mal ; à l’origine du mal il y a un éloignement de Dieu. Oui le Seigneur est là, il se fait proche, mieux : il s’invite, il vient frapper à la porte de notre cœur, mais il ne s’impose pas. Et Marie, que nous fêtons aujourd’hui, est celle qui a ouvert la porte à Dieu, qui a dit oui. Elle accueille Dieu dans sa vie, au cœur de sa vie.
Et nous notre problème c’est que parfois, Dieu s’invite, il nous appelle, mais nous faisons la sourde oreille, ça sonne aux abonnés absents. On lui dit : désolé, excuse-moi ; pas le temps, j’ai mieux à faire Parfois, on lui fait une petite place, un strapontin, la cerise sur le gâteau. On se dit croyant, on veut bien de Dieu tant qu’il reste gentiment à sa place, tant qu’il fait partie du décor ; mais on ne veut pas qu’il vienne bousculer notre vie.
Mais quand est-ce qu’on va comprendre que sans Dieu, on va dans le mur ? Quand est-ce qu’on va comprendre que nous ne serons pas sauvés par la technologie, l’Intelligence artificielle, les armes surpuissantes, ou les énergies cosmiques ; tout cela ne peut nous sauver. Celui qui peut nous sauver, c’est Dieu.
Et lui ne vient pas à nous dans le fracas des armes, tel Mad Max ou un autre héros de science-fiction. Sa toute-puissance se révèle dans l’humilité ; il est né d’une femme, il s’est fait semblable à tous les nouveau-nés du monde. Il vient nous désarmer par la toute-puissance de l’amour.
Et aujourd’hui, le Seigneur Jésus nous dit : Je suis ton Dieu, ton créateur et ton sauveur. Veux-tu continuer à vivre sans moi ? Tu ne me connais pas, ou si peu, mais moi je te connais, tel que tu es, et je t’aime ; et j’ai donné ma vie pour toi, pour te sauver.
Oui, frères et sœurs, le Seigneur s’invite chez nous ; il se révèle d’une façon particulière en ce moment. On voit de plus en plus d’adultes et de jeunes qui se tournent vers lui, qui font l’expérience de son amour infini et veulent le suivre.
Et maintenant le Seigneur te dit : ne crains pas de dire oui, de m’accueillir au cœur de ta vie ; je suis ton sauveur, celui qui peut répondre à tes attentes les plus profondes.”
Crédit photo : © RCF Lyon (Grégoire Dubois)
