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Vivre sa foi
Les parents d’un prêtre témoignent de sa vocation

Les parents d’un prêtre témoignent de sa vocation

Article extrait du magazine Eglise à Lyon, septembre 2025.
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Claire et François Gérard, parents du père Vincent Gérard (vicaire épiscopal du Roannais)

Quelle a été votre première réaction à l’annonce de votre fils ?
Claire : Tout de suite, je lui ai dit : “Écoute, c’est ton choix. Je pense que tu as réfléchi. Il va y avoir sept ans d’études. Si au bout de sept ans tu en es toujours là, c’est que c’est ta voie.” C’est une contrainte d’avoir des études longues, mais d’un autre côté, ça leur laisse le temps avant de s’engager vraiment.
Comment votre famille élargie a-t-elle réagi ?
François : On a eu des réactions très contrastées ! D’un côté, certains nous disaient : “Quelle chance, vous allez avoir un fils prêtre !” Et de l’autre : “Mes pauvres…” C’était assez drôle, on avait les deux extrêmes.
Claire : Ce qui m’a marquée, c’est que les jeunes, curieusement, étaient souvent admiratifs. Ils se posaient des questions : “Pourquoi ? Qu’est-ce qu’ils y trouvent ?” C’était l’occasion d’engager un dialogue sur la foi avec des personnes complètement éloignées de l’Église.

Quels ont été les moments les plus marquants de son parcours ?
François : L’ordination diaconale, c’est là qu’on a dit “ça y est”. Il y a l’engagement au célibat, l’engagement d’obéissance. C’est très solennel cette cérémonie, très profond. Paradoxalement, l’ordination de prêtre au vrai sens du terme, c’est une énorme cérémonie à la cathédrale, mais ce n’est pas le plus marquant.
Claire : Sa première messe à Belleville. Les paroissiens ont organisé un barbecue, on a été reçus comme des princes ! On était presque gênés.

Comment cette vocation a-t-elle impacté vos autres enfants ?
Claire : Au début, on s’est dit : “Qu’est-ce qui va se passer ? Est-ce que ça va faire une coupure ?” Mais ça a été plutôt le contraire. Notre fils Xavier, qui s’était un peu éloigné de l’Église par manque de temps, s’est rapproché. Quand il a vu Vincent vraiment heureux dans ce qu’il faisait, ça a renforcé sa foi. Aujourd’hui, il vient à la messe autant que possible avec sa famille.
François : Notre fille, mariée avec un musulman et vivant en Belgique, était inquiète. Mais quand elle est allée voir Vincent au séminaire Saint-Irénée à Lyon, elle a découvert un monde qu’elle n’imaginait pas. Elle a rencontré des jeunes séminaristes cultivés, intéressants, pleins de joie de vivre. Ça l’a rassurée.

Comment vivez-vous votre relation avec Vincent aujourd’hui ?
Claire : Il vient chez nous relativement souvent les lundis, arrive à midi et repart vers 15 heures. Quand il vient, je suis tentée de lui poser des petites questions sur son travail, mais non ! Il est là pour s’aérer, faire du vélo, voir ses neveux.
François : Il nous appelle sur le trajet entre ses paroisses : “Tout va bien à la maison ?” Il appelle aussi son frère pour la météo par rapport aux vignes. On a un lien très fort entre tous. À l’origine, c’était ça notre crainte : qu’il s’éloigne de nous. Mais pas du tout !

Vous faites partie d’une association de parents de prêtres…
François : On y est entrés quand Vincent a été ordonné, il y a huit ans. On se retrouve trois fois par an avec d’autres parents. C’est l’occasion de partager nos expériences, de parler de nos préoccupations communes.
Claire : L’intérêt, c’est de s’entraider. Il y a des parents de prêtres très âgés, de 90 ou 95 ans, qui ne peuvent plus se déplacer. On a une liste de personnes qu’on appelle pour prendre des nouvelles. C’est important de ne pas les oublier.

Quels conseils donneriez-vous à des parents dont l’enfant souhaiterait entrer au séminaire ?
François : D’abord, connaissez votre enfant. Si vous pouvez lui faire confiance, faites-lui confiance. Ensuite, il y a sept ans d’études, donc si vraiment il y a un souci, il y a le temps de faire marche arrière.
Claire : C’est rarement un engagement pris à la légère. Les jeunes aujourd’hui ont souvent déjà fait des études, ils ne sont plus des gamins de 18 ans. C’est un choix réfléchi.

Un mot pour conclure ?
Claire : Vincent, quand je lui envoie des messages, je termine toujours par : “Embrasse toute ta multitude !” Parce qu’il a une grande famille paroissiale maintenant.


Article extrait du magazine Eglise à Lyon, septembre 2025.
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