Sept ans après l’arrivée d’une équipe d’oratoriens à Saint-Bonaventure, le Conseil de l’Oratoire a décidé d’en rendre l’animation au diocèse. Dans l’état actuel des forces de l’Oratoire et prenant en compte des projets du diocèse de Lyon sur le rôle que peut jouer ce sanctuaire dans la pastorale de la métropole lyonnaise, il n’est plus possible pour la Congrégation de continuer à assurer ce service. Comme d’autres réalités de l’Église, l’Oratoire est une société de prêtres d’une grande fragilité, notamment, en raison de son vieillissement et de l’éparpillement de ses membres. Cette décision de renoncer à l’animation de Saint-Bonaventure fut difficile à prendre dans le contexte diocésain actuel et en raison des nombreux liens, souvent profonds, tissés avec les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à la mission de la Congrégation au service du diocèse de Lyon depuis de nombreuses années : à l’aumônerie de l’INSA, à Sainte-Madeleine à Villeurbanne, au séminaire Saint-Irénée, à l’Université catholique de Lyon, aux paroisses du Saint-Sacrement et de l’Immaculée-Conception, et plus récemment, à Saint-Bonaventure.
Sous l’impulsion de Luc Forestier, puis d’Antoine Adam, avec Armelle Pinon, laïque en mission ecclésiale, Françoise Zehnacker et Isabelle Vautherin, l’équipe rectorale a développé de nombreuses propositions qui ont complété les services de liturgie et d’accueil qui faisaient la réputation de Saint-Bonaventure dans Lyon. Des initiatives ont été prises au carrefour entre vie culturelle et vie spirituelle : ce lieu offre de nombreuses occasions d’approfondissement des questions que l’homme d’aujourd’hui se pose.
Qu’il s’agisse du café-ciné, des rencontres « un livre-un témoin », des rendez-vous du patrimoine ou de « l’espace lectures », ces initiatives ont dynamisé et renouvelé la vie du sanctuaire Saint-Bonaventure. Elles illustrent un certain christianisme, auquel sont attachés les oratoriens et les parties prenantes de la mission de l’Oratoire aujourd’hui. S’il y a « plusieurs demeures dans la Maison du Père », nous faisons vivre une demeure, en incarnant un christianisme attentif à la dignité de la conscience humaine, « sanctuaire de Dieu », et à la singularité des parcours qui explicitent le mystère de la personne appelée à participer à la vie de Dieu. Dans le domaine de l’accompagnement spirituel ou de l’animation d’une présence chrétienne en centre-ville, les oratoriens préfèrent le « sur-mesure » au « prêt-à-porter » pour chercher comment cultiver la fidélité de chacun aux promesses de son baptême.
Le Conseil de l’Oratoire et moi-même sommes conscients de la peine et de la tristesse provoquées chez les personnes qui participent, d’une manière ou d’une autre, à la vie de Saint-Bonaventure, en particulier chez les salariés et les nombreux bénévoles engagés, avec les oratoriens, au service du sanctuaire. Je souhaite que ceux qui éprouvent cette tristesse comprennent les raisons qui ont motivé cette décision. Dans la situation actuelle du clergé en France, puissions-nous ensemble, personnellement et en groupe, nous mettre à l’écoute de l’Esprit du Ressuscité, pour imaginer quelles formes de vie permettront à l’Oratoire de continuer de répondre à sa vocation et, qui sait, proposer ses services à un diocèse auquel la Congrégation demeure attachée.
François Picart, supérieur général de l’Oratoire