Nous terminons une année liturgique difficile, une année de crise pour notre Église, pour notre pays, pour notre monde. Personne n’y a échappé et pourtant nous l’avons vécue différemment, selon que nous étions victimes d’abus, victimes d’attentats, victimes de maladies, du covid ou d’autres maladies. Certains ont souffert la mort de proches ou ont lutté, dans les hôpitaux, pour guérir et soulager. D’autres se sont battus pour maintenir tant bien que mal leur activité, ou se sont retrouvés désoeuvrés.
Nous avons dû apprendre à nous gouverner nous-mêmes. Cela aura été un des grands enseignements de cette crise. Il n’est pas facile de se gouverner, d’organiser sa vie lorsque nous perdons nos repères, nos habitudes, nos rendez-vous rassurants. Nous comptions sur telle retraite spirituelle, sur la messe du dimanche ou le pèlerinage à Lourdes pour nous redonner du tonus. Il a fallu, même dans la vie spirituelle, tout revoir, tout reconstruire. Certains ont dû réapprendre à vivre en famille, à être des parents, mais aussi des époux, des professeurs pour leurs enfants en même temps que des employés motivés même à distance et en visioconférence. Cette période a été exigeante, pénible. Elle a restreint nos libertés.
Pourtant, la parole de Dieu nous apprend que la liberté, la vraie, la liberté intérieure, celle qui nous libère de nos enfermements et de nos égoïsmes, de nos idées toutes faites et de nos certitudes, de nos idoles, nous ne l’avons pas perdue. Peut-être même l’avons-nous retrouvée en nous recentrant sur ce qui est essentiel.
Au coeur d’événements douloureux pour notre diocèse, le Seigneur nous a fait un magnifique cadeau en nous envoyant, pour nous guider et nous soutenir, pour être notre pasteur, Monseigneur Michel Dubost, à qui je veux profiter de cet éditorial pour exprimer la profonde reconnaissance du diocèse. Merci Seigneur pour sa bienveillance et son courage. Merci pour ce cri : « Ne vous laissez pas voler la joie pascale ! » Il nous a redit l’essentiel et nous a aidé à le vivre : Oui le Christ est victorieux.
Nous devons accueillir, y compris et surtout dans la crise, y compris et surtout dans la mort, la fécondité du mystère pascal. Il n’y a aucun lieu, aucune situation que le Christ, avec nous, ne puisse transformer en lieu de vie, en situation de vie, en mystère de résurrection. Il a pris sur lui nos morts, pour qu’avec son aide, nous entrions dans l’espérance. La pire crise que l’Église n’ait jamais vécue, c’est le vendredi saint. Il y avait de la division, de la souffrance, de la haine, de la peur. Les apôtres eux-mêmes avaient déserté. Les disciples d’Emmaüs avait pris le chemin de la fuite. Tout était perdu, tout était foutu.
Pourtant, la puissance de la résurrection, l’amour de notre Dieu a fait de cet échec l’événement du salut. Nous vivons tous la crise, à des niveaux différents. Laissons le Christ, avec notre aide, lui donner une fécondité, laissons-le nous donner, comme aux apôtres réunis au Cénacle, la paix, la vraie, celle qui vient de lui. L’unité aussi ! « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, révélé en Jésus Christ ». Telle est notre foi et elle est plus forte que tout !
Mgr Emmanuel Gobilliard
Evêque auxiliaire du diocèse de Lyon
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