Synodalité, quel drôle de mot !
S’il nous prenait l’envie de faire un micro-trottoir et d’interroger les passants en leur demandant ce qu’ils pensent de la synodalité, ils ouvriraient des yeux écarquillés en se demandant de quelle nouvelle pandémie il s’agit ! Il faut dire que notre jargon n’est pas toujours très accessible. Le concept est pourtant si beau et si spécifique qu’il convient de l’expliquer plutôt que de vouloir mal le traduire.
Ce concept a été inventé dans les années 30 par un certain Jésus de Nazareth qui a, un jour, décidé de s’entourer d’apôtres, de disciples pour faire route avec lui. Depuis l’appel au bord du lac jusqu’à l’épisode des disciples d’Emmaüs, Jésus ne cesse de marcher, en écoutant, comme nous le rappelle notre évêque dans son texte sur le sujet (cf pages 8 et 9), en enseignant. Il avait d’ailleurs choisi des hommes très différents, des pécheurs du lac (Pierre, André, Jacques et Jean), un intellectuel pharisien (Barthélémy), un résistant à l’occupation romaine (Simon le Zélote), un collaborateur (Matthieu). Il y avait des idéalistes, des financiers, des taiseux et des bavards. Les différentes sensibilités étaient r représentées. Finalement le plus grand miracle de Jésus est probablement d’avoir fait de cet ensemble si disparate, un groupe d’amis, unis jusque dans la mort. Et pourtant il s’en est passé des difficultés, des questionnements, des révoltes et même des trahisons.
N’idéalisons pas trop la période apostolique. C’est un véritable combat que Jésus a mené. L’Eglise d’aujourd’hui n’est pas si différente. Ce que nous vivons, même si les modalités sont différentes, ressemble à ce qui a été vécu au cours des siècles. Et la seule réponse authentiquement chrétienne, c’est de se mettre à la suite du Christ, à nouveau, sous la conduite de l’Esprit Saint. Notre Seigneur est là pour nous écouter, pour nous enseigner, pour nous guider délicatement là où l’Esprit veut nous conduire. Il nous suffit de le suivre, et d’accepter qu’à nos côtés, il y en ait d’autres, si différents ! Il y aura des frictions, mais comme nous le demande le pape François et notre archevêque à sa suite, n’ayons pas peur de nous laisser bousculer. Le synode ne pourra pas être fécond si nous choisissons ceux qui nous entourent, ceux qui ont le droit ou pas d’appartenir au groupe des disciples, si nous nous entourons de personnes qui pensent comme nous, ou pire, si nous utilisons cette opportunité pour imposer nos vues et considérer que ce sont les autres qui ont tort, qui ne sont pas dans la bonne démarche.
Avec courage et espérance, entrons dans cette formidable aventure que vit l’Eglise universelle et qui doit nous enthousiasmer comme elle a enthousiasmé les disciples de Jésus depuis 2000 ans. De cette aventure nous recevrons la vie, la vraie, celle qui vient de l’Esprit Saint, nous aurons la joie de coopérer, de créer, de transmettre ce que nous avons au coeur : l’Evangile. Merci Seigneur de ce cadeau que tu nous as transmis et qu’on appelle la synodalité.
Mgr Emmanuel Gobilliard
Evêque auxiliaire de Lyon
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