Lourdes, c’est bien sûr rencontrer Marie et, par elle, rencontrer Jésus son fils. Lourdes c’est aussi Bernadette ; n’oublions pas Bernadette ; c’est par elle que Marie voulut nous enseigner, nous inviter à la conversion et par là à la joie et au salut.
Bernadette, pas vraiment le profil d’un docteur de l’Église ! La pauvrette était presque sans instruction mais cependant pourvue d’une droiture, d’un courage persévérant, d’une sagesse nourrie de simple prière… Après tout peut-être un vrai profil de Docteur mais pour un temps de détresse quand toutes les sagesses du monde se sont tues, quand tous les recours humains s’avèrent sans lendemain et ne font plus d’ombre à la sagesse de Dieu qui parle à travers les pauvres de coeur.
À Lyon, on connaît le docteur de l’unité, à Lourdes on rencontre peut-être le docteur de l’humilité : quand la guerre s’approche, que les pouvoirs établis vacillent et les rapports sociaux se délitent, c’est alors que le témoignage de Bernadette se révèle décisif.
Bernadette, marquée par la misère, les humiliations, n’en tire ni morosité ni amertume ; « beaucoup d’humiliations pour un peu d’humilité » dira-t-elle : les humiliations, le pauvre connaît ; en tirer un chemin d’humilité et de sainteté, voilà le secret.
Bernadette, affrontée au refus de croire de ses contradicteurs, à l’interdit jeté sur son témoignage, ne se décourage ni ne se renie ; « je suis chargée de vous le dire, pas chargée de vous le faire croire » ; elle ne se résout pas au silence ni ne brutalise les consciences : douce et humble ! Bernadette, celle qui redit avec le psalmiste : « Seigneur, je n’ai pas le coeur fier ni le regard ambitieux » (Ps 130). Sa seule ambition, faire la volonté de Dieu : nouveau secret de Bernadette pour éviter les pièges subtils de l’orgueil d’où naît la violence qui toujours s’achève en désastre.
À Lourdes, ne manquons pas de rencontrer Bernadette et de puiser à son enseignement… avec le diocèse du 29 mai au 2 juin.
+ Patrick Le Gal
Évêque auxiliaire de Lyon