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Messe Chrismale 2025 : Homélie de Mgr Olivier de Germay

Messe Chrismale 2025 : Homélie de Mgr Olivier de Germay

Découvrez l’homélie de Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, lors de la messe chrismale 2025 :

“Vous l’avez entendu dans l’Evangile, frères et sœurs, la parole d’Isaïe annonçait Jésus. C’est Lui qui est consacré, c’est lui qui est envoyé pour porter la Bonne nouvelle aux pauvres. Et aujourd’hui, 2000 ans après, Jésus poursuit sa mission à travers son Corps qui est l’Eglise. L’an dernier, à la messe chrismale, j’avais insisté sur la belle mission des prêtres. Ces prêtres qui vont renouveler les promesses de leur ordination et que je remercie pour leur fidélité. Leur charge est belle mais lourde aussi. J’en profite pour vous inviter, une fois de plus, à prier pour les vocations. Je voudrais dire aussi aux jeunes qui sont peut-être là, ou qui nous suivent, et qui hésiteraient à répondre à l’appel du Seigneur à devenir prêtre ; je veux leur dire : « Ne crains pas de dire oui, car si telle est la volonté de Dieu sur toi, ce sera pour toi, un chemin d’accomplissement et de joie ». Si donc l’an dernier j’ai insisté sur la mission des prêtres, cette année, je voudrais insister sur le fait que c’est l’Eglise tout entière, pas simplement les prêtres, qui est envoyée. Et donc, chacun de nous, chaque baptisé. Cette mission a de multiples facettes et elle est toujours d’actualité. Car, vous le savez bien, ils ne manquent pas, aujourd’hui, ceux qui ont besoin d’être consolés, d’être guéris, délivrés, relevés. Certains sont bien visibles – on en voit dans nos rues – d’autres souffrent en secret, et parfois dans une grande solitude. Dans le contexte actuel où tant de personnes ont peur de l’avenir, l’Eglise a la mission d’annoncer l’espérance ; ce qu’elle doit faire non seulement par des paroles mais aussi par des actes. La mission est donc celle de toute l’Eglise. Cela nous renvoie au mystère de l’Eglise, pour reprendre une expression du Concile Vatican II. L’Eglise Corps du Christ, comme le dit saint Paul, Corps mystique du Christ, dira le pape Pie XII. Cette image du corps montre bien que l’on peut – que l’on doit même – distinguer le Christ de l’Eglise mais sans jamais les séparer. Sans le Christ, l’Eglise ne serait qu’un cadavre. Et le Christ aime l’Eglise. Vous connaissez cette parole de saint Paul : « Le Christ a aimé l’Eglise ; Il s’est livré pour Elle ».

Nous aussi, nous aimons l’Eglise, même si parfois, elle nous interroge, elle nous déstabilise, elle ne correspond pas à ce que l’on attendrait d’elle. Elle peut aussi parfois nous faire souffrir. Il faut bien le reconnaître, frères et sœurs, il n’est pas si simple de poser sur l’Eglise un regard ajusté. Je veux dire un regard de foi. Parce que l’Eglise est à la fois sainte – elle transmet la sainteté de Dieu – et composée de pécheurs, que nous sommes. Il y a en elle du divin et de l’humain. On peut parfois rêver d’une Eglise puissante, reconnue, respectée, voire incontestée ; mais cela ne colle pas bien avec l’exemple que nous laisse le Christ. Lui qui s’est abaissé. Lui qui a été humilié et qui disait : « Ma royauté n’est pas de ce monde ». On peut aussi rêver d’une Eglise enfouie, silencieuse, qui serait bien vue du monde au risque d’épouser les idées du moment. Mais cela ne colle pas non plus avec l’exemple que nous laisse le Christ, Lui qui a parlé ouvertement, qui a dénoncé l’injustice et l’hypocrisie, sans craindre d’être rejeté. Cette Eglise, aujourd’hui, en France, est dans une situation paradoxale. Devenue minoritaire, elle a été, vous le savez, éclaboussée, secouée par le scandale des abus. Et pourtant, aujourd’hui, de plus en plus d’adultes et d’adolescents viennent frapper à la porte de l’Eglise et demandent à être baptisés. J’ai dit paradoxal, mais au fond, cela n’est pas si étonnant. Je me souviens qu’en novembre 2021, il y avait l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes et nous nous étions mis à genoux, nous les évêques, pour demander pardon au nom de l’Eglise et pour affirmer notre détermination à prendre au sérieux les paroles des victimes et à tout faire pour que l’Eglise soit un lieu sûr. Et c’est à partir de là – novembre-décembre 2021 – que j’ai commencé à rencontrer des prêtres me disant : « Je ne sais pas ce qui se passe. Cette semaine, il y a eu deux, trois, quatre personnes qui sont venues frapper à la porte du presbytère et qui demandent le baptême ». Nous avions posé un acte de vérité, d’humilité, je dirais même d’humiliation. Et le Seigneur a donné sa grâce. Comment ne pas penser à ces paroles de Jésus : « Qui s’abaisse sera élevé. » ? ou encore « Ma puissance se déploie dans ta faiblesse ».

Et donc, frères et sœurs, nous devons être capables de regarder la réalité en face, capables de nous remettre en question avec humilité – ce qui n’est jamais terminé – et parallèlement, nous ne devons pas avoir peur d’annoncer le Christ avec audace. Nous devons nous rendre disponibles pour l’œuvre de Dieu, nous mettre au service non pas d’abord de ce que nous voulons faire, mais au service de ce que le Christ est en train d’accomplir aujourd’hui en France à travers son Eglise. Et on le voit bien avec tous ces adultes qui la plupart du temps ne connaissaient absolument rien du christianisme. Nous voyons bien comment Jésus se révèle d’une façon étonnante. Cet afflux de catéchumènes est une grâce, un don de Dieu, mais c’est aussi un défi. Je rencontre parfois des prêtres et des paroissiens qui me disent : « Nous sommes débordés ! 20, 30, 40 catéchumènes… Nous n’arrivons plus à suivre ! ».

C’est pourquoi je voudrais lancer aujourd’hui un appel à tous les fidèles du diocèse de Lyon, un appel à une mobilisation générale pour faire de ces catéchumènes et de ces néophytes des disciples. Ces catéchumènes et ces néophytes sont formés, initiés, incorporés au sein de petites fraternités d’une dizaine de personnes. Ils ont besoin d’être accompagnés. Vous qui êtes déjà baptisés et confirmés, demandez à rejoindre une fraternité ! L’Eglise a besoin de vous. Et vous verrez, si vous acceptez de vous lancer dans cette aventure, non seulement vous aiderez ces nouveaux venus à devenir disciples mais vous-mêmes en serez bénéficiaires. Et peut-être me direz vous comme cette personne qui a intégré une de ces fraternités et que j’ai rencontrée récemment : « Comment ai-je pu passer tant d’années en étant si ignorante du mystère de la foi ? Aujourd’hui, non seulement j’approfondis ma foi, mais ma vie a changé et j’apprends à devenir missionnaire ». Frères et sœurs, l’heure est venue de travailler ensemble à l’œuvre de Dieu. Lorsqu’on parle de Dieu, on ne parle pas de choses de peu d’importance. On parle de Celui qui veut conclure avec nous une alliance éternelle. L’heure est venue de mettre le Christ au centre de nos vies et d’annoncer au monde qu’il nous a sauvés. Amen.”

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