À l’occasion d’une procession entre l’église Saint-Paul et la cathédrale le 5 janvier dernier, le diocèse de Lyon est officiellement rentré dans l’année jubilaire, comme les diocèses du monde entier. À Lyon, trois sanctuaires jubilaires ont ouvert : la cathédrale, Saint-Bonaventure et Fourvière. Un chemin d’espérance à travers le quartier du Vieux-Lyon est proposé.
Le 20e siècle occidental a mis à l’écart la foi en estimant que la science et la technique pourraient répondre aux besoins de l’homme (faire disparaître la
souffrance liée à la pénibilité du travail, à la maladie, aux conséquences de la vieillesse, prolonger la durée de sa vie, repousser les limites naturelles de l’homme, répondre aux questions existentielles…).
Aujourd’hui cette confiance dans le progrès est en voie de disparition, surtout après la crise du covid. La consommation a repris de plus belle, la crise environnementale est présente à l’esprit de chacun mais n’obtient pas de réponse politique adéquate, les guerres continuent à défier le désir universel de justice. L’unité des nations semble très fragilisée.
Parallèlement, ces dernières années, beaucoup de Français manifestent un grand désir spirituel, ne trouvant pas dans les certitudes des dernières décennies de quoi répondre à leur besoin de trouver du sens à leur vie et ne se satisfaisant pas d’une vie matériellement assurée. C’est dans ce grand désir spirituel qu’apparaît, de différentes manières, une recherche qui peut les conduire à s’approcher de l’Église ; ou à chercher ailleurs, dans de nombreux autres domaines spirituels.
Mais ceux qui ne sont pas dans cette démarche de recherche spirituelle peuvent perdre toute espérance, ne croyant plus que la médecine puisse un jour faire disparaître toute maladie, que la science puisse faire disparaître la faim dans le monde, que le droit puisse faire grandir la justice et la paix dans tous les peuples, et que la technologie puisse améliorer les conditions de vie de tout le monde. Beaucoup de jeunes estiment simplement que le monde commence à visiblement dépérir, que la Terre est irrémédiablement polluée, et que les guerres, civiles, économiques ou religieuses, vont sans doute rapidement venir à bout de l’humanité. Certains en viennent à préférer ne plus mettre au monde de nouveaux enfants, pour leur épargner une vie de souffrance inexorable.
Dans ce contexte, la demande de saint Pierre, dans sa Première Lettre, continue à retentir : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect » (1 P 3, 15-16). 2025 est une année jubilaire, selon le rythme que connaît l’Église catholique depuis 700 ans, pour rappeler à chaque génération le mystère de l’Incarnation : il y a plus de 2000 ans, Dieu s’est fait homme, en Jésus, pour se faire proche de chaque personne humaine et pour sauver l’humanité. Pour ce Jubilé de 2025, le pape François a choisi un thème particulier : « Pèlerins d’espérance ». Il invite chaque fidèle à devenir pèlerin en 2025, par exemple en allant à Rome pour passer par une des Portes saintes ; mais le pèlerinage d’espérance peut se vivre aussi dans chaque diocèse du monde. Le but est de renouveler notre espérance, dans un contexte actuel qui suscite beaucoup d’inquiétude. Ce jubilé doit être une occasion de rencontre personnelle et vivante du Seigneur.
« L’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 1-2.5). L’espérance chrétienne est la certitude que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu, qui s’est manifesté particulièrement lorsque Jésus a donné sa vie pour nous. La mort et la résurrection de Jésus sont la preuve absolue de l’amour de Dieu pour chacun. Cet amour nous accompagne à chaque instant, sans aucune condition, il suffit de l’accueillir. La mission de l’Église est de l’annoncer, particulièrement à ceux qui ne le savent pas.
Ce Jubilé est une étape vers le grand Jubilé de 2033 (pour fêter les 2000 ans de la Rédemption accomplie par la passion, la mort et la résurrection de Jésus).
Père Matthieu Thouvenot,
vicaire général modérateur
