Le 20 juin 2025, le pape Léon XIV a officiellement reconnu le martyre de cinquante catholiques français – clercs et laïcs – tués par le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale « en haine de la foi ». Cette reconnaissance ouvre la voie à leur béatification, sans qu’un miracle ne soit requis, comme le prévoit la procédure pour les martyrs.
Ces hommes, engagés dans l’« apostolat ouvrier », avaient consacré leur vie au soutien spirituel et humain des travailleurs français envoyés en Allemagne dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO). Encouragés par le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, ils ont poursuivi clandestinement leur mission malgré les risques, et ont été arrêtés, torturés, puis assassinés dans les camps nazis entre 1944 et 1945.
Les 50 martyrs se répartissent en plusieurs groupes : quatre franciscains, neuf prêtres diocésains, trois séminaristes, un jésuite, ainsi que 19 laïcs issus de mouvements comme la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) et 14 Scouts de France. Parmi eux, Bernard Perrin, jeune scout lyonnais, illustre la ferveur de cette génération.
Initialement destiné à une carrière militaire, Bernard Perrin dut abandonner son projet à cause de l’Occupation. Il s’engagea alors dans des études de chimie à l’Institut catholique, avant de ressentir l’appel au sacerdoce. Réquisitionné par le STO, il fut arrêté pour des actes jugés « subversifs » par les nazis : soutien aux prisonniers, encouragement à la résistance, aide à l’évasion. Figure charismatique, il marqua ses camarades par son dévouement et son amour du Christ. Il mourut d’épuisement au camp de Mauthausen le 22 avril 1945.
Dans une lettre écrite en 1942, Bernard témoignait déjà de l’élan spirituel qui animait ces martyrs :
« Se donner avec fougue, totalement, d’un grand élan. Et qu’importe si dans cet enthousiasme, il entre un peu de naïveté ! Il y a bien assez de sages, de jeunes vieillards, de prudents, et de mesurés, pour compenser, et au-delà, notre folie. »
Ces 50 hommes incarnent une foi vécue jusqu’au sacrifice. Leur béatification prochaine permettra de transmettre leur mémoire et leur exemple de courage et d’amour chrétien aux générations futures.