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Publié le 29 septembre 2019

2 – La blessure et la reconstruction

Avec Olivier Savignac : au coeur d’un témoignage de vie engagée, combative pour plus de prévention et de formation.


  Présentation de l’entretien

Olivier Savignac, membre président de l’association Parler et Revivre, victime d’un prêtre du MEJ à 13 ans, musicien et père de famille, nous appelle à prendre conscience, comprendre et agir pour protéger nos enfants, combattre le fléau de la pédocriminalité et renouveler l’Église.


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  Les questions posées et extraits

 

Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont votre action et votre engagement associatif aujourd’hui ?

“La fonction à l’association parler et revivre c’est de les aider (les victimes) à cheminer d’une part et voir ce qui leur correspondrait le plus : Est-ce que c’est signaler (…) est ce que c’est être reconnu comme victime (…) ou est-ce que c’est pouvoir prendre contact avec d’anciennes victimes ?”

Selon vous que se passe-t-il dans le corps, dans le cœur, dans la tête et dans l’âme d’un enfant abusé sexuellement par un prêtre ?

“Le fait qu’il y ait eu cette agression, cet attouchement, ces caresses qui ne doivent pas être, ça c’est déjà considéré comme un viol, même si du point de vue de la justice c’est peut être moins aggravant qu’un viol avec pénétration, c’est déjà le viol de l’âme du corps d’un enfant et de tout ce qui va faire sa vie plus tard.”

“Le traumatisme nous fait nous emmurer dans un silence parce qu’on a honte, on se sent coupable, coupable d’avoir été là au mauvais endroit, coupable d’avoir été choisi par cette personne, coupables de ce que nous sommes en fait.”

Qu’est-ce qui vous semble abîmé aujourd’hui dans votre vie d’adulte ? Qu’est-ce qui vous restaurerait le plus ? Comment expliquer que certaines victimes parlent et d’autres ne parlent pas ?

“On se sent amputé de notre enfance. (…) J’ai perdu mon enfance sur son lit.”

“L’institution a muselé notre parole en tant que victimes. Pour moi, ça a été une trahison qui fait écho à une part abimée de moi-même. Une trahison spirituelle de la part de ces prêtres et de la part d’une institution qui pour moi était ma famille. (…) l’institution m’a tellement meurtrie que c’est très compliqué de se relever de tout cela sans avoir à l’esprit de la défiance.”

“Pour ma part ce qui m’a restauré c’est le combat, c’est ce qui fait que je suis resté dans la foi, que j’ai gardé mes valeurs en Christ, non pas par l’Église des hommes mais parce que le Christ est tout simplement. C’est à dire cet appel à l’insurrection, l’insurrection contre toutes formes de discrimination, de destruction de toutes ces enfants. ”

“Il ne faut pas avoir peur de mettre des mots, d’expliquer les choses, cela doit passer par de la prévention, de la formation. Cela doit passer par de la prévention auprès des familles et des enfants.”

“La guérison si elle doit intervenir, c’est au bout d’un long processus, mais qui passe d’abord par la prise de conscience du traumatisme, par un processus de réparation pas à pas, de reconstruction de tout ce qui fait l’être psychologiquement, physiquement, spirituellement.”

Aujourd’hui, qu’espérez-vous des citoyens/de la société ?

“J’espère de la société qu’elle prenne réellement conscience du fléau de la pédocriminalité.”

“Pour moi cette question de la prescription n’amenuise pas la question de l’importance de l’impact du dommage causé. Je souhaiterais que chaque citoyen ait à l’esprit cela.”

“Il y a une loi très claire sur la non-dénonciation : je sais quelque chose, je ne dénonce pas, je peux être poursuivi.”

“Ce que j’aurais à dire et notamment à notre président Emmanuel Macron : ce fléau doit être combattu clairement et durablement et cela passe par une chose très simple la prévention et la formation. Une action dans chaque école de la République, chaque école d’enseignement catholique, cela sauvera des enfants de cette boucherie. Un session de formation une fois par an (…) c’est important et cela sauvera des enfants.”

Qu’espérez-vous des responsables de l’Église et de l’institution Église ?

“Ce que j’attends de chaque évêque c’est que la question soit posée. Qu’il y ait un dispositif de prévention et de formation acté à l’intérieur de chaque diocèse, uniformisé à l’échelon national.”

“Dans chaque diocèse des gens doivent être formés avant d’intervenir sur le terrain que ce soit pour écouter des victimes dans les cellules d’écoute ou que ce soit en session de formation avec des acteurs pastoraux, des séminaristes, des prêtres ou autre.”

“Certes les évêques actuels sont dépositaires de temps d’héritage malsain de tant d’années de silence et d’omerta, mais je crois que c’est à eux de prendre le taureau par les cornes et à un moment donné de décider de l’avenir de l’Église..C’est un poids sur leurs épaules mais cela sera aussi une sorte de rédemption, d’assainissement complet des structures de l’Église.”

“On doit pouvoir associer des prêtres à l’aspect prévention c’est la figure de la paroisse du terrain,  le religieux le prêtre c’est lui qui est présent c’est par lui que la confiance doit revenir.”

“S’il vous plait messieurs, certes faites intervenir des spécialistes pour les questions de prévention mais qu’il y est aussi un prêtre pour parler des difficultés que cette personne rencontre à travers sa vie de prêtre.”

Qu’aimeriez-vous dire aux familles, aux parents qui vous écoutent ?

“Dès la plus petite enfance il faut apprendre les bons gestes. Des simples gestes (…) au bain, à l’école par rapport à la notion de distance avec un adulte, ce sont des notions tellement importantes à évoquer avec des enfants.”

Qu’aimeriez vous dire aux évêques, prêtres et séminaristes pour les aider dans leur mission, pour les aider à se renouveler ? 

“L’Église pour être ré assainie doit se poser les bonnes questions sur la mission, l’équilibre personnel, et sur les forces en présence. Protégeons nos forces en présence, protégeons nos prêtres. C’est vraiment la chose la plus importante si on veut que l’Église aujourd’hui continue à rayonner, continue de vivre la mission qui est la sienne.”


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