La veille de la première des conférences de carême à Fourvière, le P. Gwenolé Jeusset a invité ses frères franciscains d’Istanbul à venir avec un groupe de Mevlevi, des musulmans turcs plus connus sous le nom de « derviches tourneurs ».
Dans un long temps de prière commune, chrétiens et musulmans, où les uns priaient ou chantaient après les autres, les derviches nous ont ouvert, par leur danse admirable et si douce, à la « valse des créatures » rendant gloire au Créateur.
À la fin de ces presque deux heures de prière, Naïl Dede, qui est comme le père spirituel des derviches, nous a confié ce qui habite son cœur lors de ces rencontres dont il a l’habitude, puisqu’elles ont lieu à Istanbul chaque année, le 27 octobre, depuis 2005. Il ne voit pas le dialogue interreligieux à partir de nos rencontres, nos dialogues, nos prières ou nos chants. Il le présente plutôt du point de vue de Dieu, sans craindre de parler de Lui comme d’un « Père ». Il a évoqué ce regard du Créateur sur la famille de ses enfants, qu’Il aime voir en train de Le chercher, de Le servir et de Le prier. Pour lui, c’est comme s’il n’y avait, du point de vue de Dieu, qu’une seule « religion ». Elle désigne l’élan de tous ceux qui, dans la diversité de leurs cultes et de leurs cultures, partent à la rencontre du Dieu vivant, source de toute création.
Certes, un chrétien qui confesse que Jésus est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), ne peut pas dire qu’il n’y a qu’une seule religion, surtout lorsqu’on voit les différences entre les religions, et que ces différences sont source de tant de conflits. Mais il est intéressant de méditer ce propos. Partant de l’estime et même de l’admiration que nous pouvons avoir pour d’autres croyants, il n’est pas difficile d’accueillir cette joie d’un Dieu Créateur et Père qui voit avancer avec ferveur tout le peuple si varié de ses enfants. Ils cherchent à Le rencontrer et à L’adorer, pour mieux partager tout ce qu’ils reçoivent de Lui avec leurs frères et sœurs, spécialement en servant ceux qui sont dans la souffrance et la détresse.
Oui, « Tu seras l’allégresse et la joie de tous ceux qui Te cherchent » (Ps 39, 16).
—