Publié le 16 juin 2022
Vous l’avez entendu, frères et sœurs, l’Evangile que nous venons d’entendre est la suite de celui d’hier, où Jésus nous disait ce qu’il faut faire ou ne pas faire si nous voulons entrer dans le Royaume des cieux. C’était des paroles exigeantes, mais celles d’aujourd’hui, le sont encore plus !
Jésus dit à ceux auxquels il s’adresse : « On vous a appris : tu ne commettras d’adultère ; et bien moi, je vous dis : tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur » ! Quelle exigence ! Pour ne pas dire intransigeance… Jésus dit aussi ces paroles fortes : « « si ta main te porte au péché, coupe-la. Si ton œil te pousse au péché, arrache-le ». C’est quand même un peu violent.
Et à la fin de ce passage d’Evangile, Jésus dit en substance : celui qui renvoie sa femme la pousse à l’adultère, et celui qui épouse une femme qui était déjà mariée, est adultère. Quand on entend cela dans le contexte actuel, on se dit … c’est un peu décalé ! Car des personnes divorcées, ou divorcées remariées, il y en a parmi nous, et on en connait tous parmi nos proches, nos amis. Alors on pourrait se dire : tout cela n’est plus d’actualité ; ou, comme on l’entend parfois : il faut vivre avec son temps…
En réalité, si on écoute les paroles de Jésus de l’extérieur, elles restent obscures, je dirais même : on n’y comprend rien ! Mais si on s’approche de Jésus, alors c’est différent. Si on commence à faire une expérience de Dieu, alors c’est différent.
Ici à Lourdes, c’est un lieu où on peut faire une expérience de Dieu. Faire une expérience de Dieu, ce n’est pas forcément avoir une apparition comme Bernadette. Une expérience spirituelle se fait souvent dans le secret du cœur, comme dans une brise légère. Vous avez entendu dans la première lecture, Dieu n’est pas dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre. Il y a une brise légère, un petit souffle, et Dieu est là. Dieu se manifeste dans le murmure d’une brise légère. Ça nous fait penser à Bernadette ; avant la première apparition, elle a vu que les feuilles des arbres bougeaient. Il y avait un petit souffle de vent, un souffle qui annonce l’Esprit Saint.
Cela nous fait comprendre que Dieu ne nous parle pas à travers un haut-parleur, ou des oreillettes, Il nous parle dans le silence. C’est pourquoi il est si important de prévoir dans chacune de nos journées des temps de silence, des temps d’intériorité.
Et quand on progresse dans cette expérience de Dieu, quand notre relation au Christ s’approfondit, alors on réalise de plus en plus que le Seigneur est vivant ; que nous ne parlons pas d’un personnage du passé ; car il est présent, il nous connait chacun d’entre nous, il nous aime et il a un projet de bonheur pour nous. En entrant de plus en plus dans cette relation, on prend conscience que c’est folie de vivre sans Dieu, que c’est folie de vivre dans le péché. Et c’est bien cela que Jésus nous dit avec cette image un peu choc : « si ta main conduit au péché, coupe-la ». Bien sûr c’est une image, mais c’est pour dire : c’est folie de vivre dans le péché ! car le péché nous conduit à l’esclavage, et à la mort.
Ici à Lourdes, il y a des guérisons physiques, mais surtout des guérisons spirituelles, des conversions, des personnes qui décident de changer de vie. Dans l’Evangile d’hier, Jésus nous disait : si tu veux entrer dans le Royaume des Cieux, il faut que tu ailles te réconcilier avec ton frère ou avec ta sœur avec qui tu es brouillé. Je suis témoin qu’hier des personnes parmi nous, se sont réconciliées après avoir entendu cette parole. C’est un miracle ! C’est aussi ça les miracles de Lourdes ! Quand on est brouillé depuis des années et qu’enfin on se réconcilie, c’est une résurrection, c’est un passage de la mort à la vie. Et je suis sûr qu’aujourd’hui, après la parole que nous venons d’entendre, de nombreuses personnes parmi nous vont décider de rompre avec tel ou tel péché, ou telle ou telle mauvaise habitude.
Ici à Lourdes, la place toute particulière qui est donnée aux personnes malades ou en situation de fragilité nous aide à nous décentrer, à être un peu moins préoccupés de nous-même pour nous tourner vers les autres, pour prendre soin des autres. Et cela nous fait du bien. Les jeunes me le disent parfois, s’occuper des personnes malades cela nous fait du bien et nous aide à laisser de côté nos problèmes personnels pour nous tourner vers les autres. C’est vrai, prendre soin des autres nous libère de nos égoïsmes et nous permet de déployer tous les dons que le Seigneur a mis en nous.
Aujourd’hui frères et sœurs, nous pourrions tout simplement nous tourner vers le Seigneur, et lui dire : « Seigneur, montre-moi ce que je dois changer dans la vie, ce à quoi je dois renoncer ; et donne-moi la force de le faire. Montre-moi aussi ce que je dois changer pour donner plus de temps aux autres ».
Demain, nous allons rentrer dans notre diocèse de Lyon. Je suppose que nous serons différents, changés par ce pèlerinage, par cette belle expérience spirituelle que nous avons vécue. Je voudrais vous faire simplement deux recommandations :
N’attendez pas le prochain pèlerinage à Lourdes pour faire une place à Dieu dans votre vie ! Permettez à Jésus de venir demeurer en vous, faites dès aujourd’hui le choix de la sainteté.
Et puis : N’hésitez pas à témoigner de ce que vous avez vécu ici, de ce que vous avez vu et entendu. Aller dire à ceux que vous rencontrerez que le Seigneur les aime, qu’il est vivant, et qu’eux aussi peuvent faire l’expérience de sa présence et de la libération qu’il opère en nous.
Maintenant, avant de célébrer le grand mystère de l’Eucharistie, nous allons prendre un temps de silence. Ecoutons Dieu qui nous parle dans le silence, écoutons Dieu qui nous parle dans le silence d’une brise légère.
+ Olvier de Germay
