Publié le 12 avril 2020
Le Christ est ressuscité, notre cœur est dans la joie. Nous devons le chanter, nous devons le vivre et en témoigner. Le Christ a vécu notre mort pour nous en délivrer, il a partagé nos souffrances pour nous soulager ; il a revêtu notre péché pour nous sauver. Dans le monde entier les chrétiens proclament cette victoire de la vie sur la mort. Cette proclamation est d’autant plus importante en ce moment d’angoisse et de doute, en cette période ou nous sommes dans l’incertitude et la peur. Mais concrètement, est ce que cette proclamation de foi va changer quelque chose ? Est-ce que les morts vont ressusciter, les malades cesser de souffrir, les pécheurs devenirs subitement des saints et le mal disparaître de la surface de la terre. Vous savez bien que non ! Alors qu’est-ce que nous célébrons ? Oui, ce temps pascal, qui est une réalité liturgique, est bien difficile à vivre ! D’une certaine manière, je trouve que le carême est plus facile à comprendre, à vivre. Le carême, c’est le temps où Dieu vient au secours de notre péché et de nos souffrances, le temps où il est là avec nous, où il partage notre condition difficile. Désormais le Christ est ressuscité et nous avons le sentiment qu’il s’est échappé de notre condition mortelle, qu’il nous a laissé dans nos difficultés. Il est ressuscité, mais notre résurrection et notre victoire, nous avons, surtout en ce moment, le sentiment que ce sera pour plus tard ! Vous l’avez entendu dans l’Evangile, les femmes, qui sont les premières à avoir reçu l’annonce de la résurrection, ont la mission de l’annoncer aux disciples. Les disciples auront bien du mal à croire, ils voudront vérifier par eux-mêmes, comme Pierre et Jean qui vont se précipiter au tombeau. Ils voudront toucher de leur main, comme saint Thomas. Ils se moqueront d’elles, comme les disciples d’Emmaüs. Aujourd’hui nous sommes comme ces disciples. Notre rapport à la foi est très différent, mais soyons réalistes. Nous avons bien du mal à vivre, psychologiquement, la joie de la résurrection, parce qu’autour de nous, le péché, la souffrance et la mort sont omniprésents. Nous devons passer de ce temps du carême au temps du cénacle. Dans ce temps du cénacle, le Christ est déjà ressuscité, mais les disciples d’Emmaüs, comme beaucoup de nos contemporains, n’y croient pas ; Jésus les rejoint quand même, sur le chemin qu’ils avaient pris pour le fuir. Le Christ est déjà ressuscité, mais les apôtres sont enfermés à clé dans le cénacle, confinés. Ils ont peur. Finalement, nous leur ressemblons, même dans ce temps du cénacle. Ils n’ont pas encore reçu la visite du Christ ressuscité, mais nous non plus. Nous sommes, non seulement liturgiquement, mais réellement dans ce temps du cénacle, où nous attendons la manifestation totale du Christ, où nous devons encore lutter contre nos peurs, nos angoisses de la mort ; contre notre péché aussi ! Ce n’est pas pour rien que ce temps pascal dure 50 jours. C’est parce que nous avons bien du mal à le vivre. Toutes les années nous avons bien du mal à le vivre, mais encore plus cette année, où nous sommes confinés, comme les apôtres au cénacle. Rassurez-vous, et c’est cela la bonne nouvelle d’aujourd’hui. L’expérience apostolique nous montre que ce n’est pas d’abord nous qui allons sortir, de nous-mêmes, comme mus par une force mystérieuse qui nous permettrait de ne plus avoir peur. Si vous n’avez pas le courage de forcer les verrous de la peur, comme les apôtres en leur temps, ne craignez pas ! Comme il l’a fait pour eux, c’est le Christ qui nous rejoint. C’est le Christ qui nous enverra son Esprit Saint à la Pentecôte, parce que, sans lui, nous ne pouvons rien faire ! Acceptons seulement de ne pas pouvoir tout contrôler, accueillons sa présence à nos côtés et laissons-le faire. La voilà la joie réaliste de la résurrection. Nous ne sommes pas seuls. Le Christ est vivant, réellement. Il est à nos côtés, il est présent de différentes manières, dans les sacrements, dans la prière, dans mon prochain que je suis appelé à aimer. Il nous enverra l’Esprit Saint pour que nous puissions faire ce qu’il a commandé aux femmes dans l’Evangile de la nuit de Pâques : « Allez dire à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée ! » Oui, vous avez bien entendu. C’est en Galilée qu’il nous attend, dans cette Galilée des nations, capharnaüm de couleurs et d’expériences différentes, foisonnement de vie, mais aussi de souffrances et de combats. Ce n’est pas dans la douce Judée qu’il nous attend, ni dans le temple, ni dans nos sacristies, mais au contact de la vie réelle, au contact des joies et des espoirs, des tristesses et des angoisses des hommes et des femmes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, comme le dit le concile Vatican II, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans le cœur des disciples du Christ. Oui n’ayez pas peur, le Christ vous enverra son Esprit Saint, pour que vous soyez ses témoins, jusqu’aux bout du monde, jusqu’au bout de votre humanité, même blessée. Amen