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Les évêques
Homélie de Mgr Gobilliard – 1er dimanche de l’avent

Publié le 27 novembre 2016

Homélie de Mgr Gobilliard – 1er dimanche de l’avent

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à sortir de notre sommeil. Et bien cela tombe bien parce que cette semaine nous avons été réveillés à nouveau par la pape François qui nous a écrit une belle lettre pour que notre cœur ne se ferme jamais au mystère de miséricorde qui jaillit du cœur de Dieu. Voici ce qu’il dit par exemple au numéro 4 de sa lettre « Misericordia et Misera » : « Nous avons célébré une Année intense durant laquelle la grâce de la miséricorde nous a été donnée en abondance. Tel un vent impétueux et salutaire, la bonté et la miséricorde du Seigneur se sont répandues sur le monde entier. Et face à ce regard aimant de Dieu, qui s’est posé sur chacun de nous de façon prolongée, nous ne pouvons pas rester indifférents car il change la vie. » Oui le regard que Jésus pose sur chacun de nous doit changer notre vie. Laissons-nous donc toucher par Lui qui a le grand désir de nous rencontrer. L’Evangile d’aujourd’hui nous dit comment nous pouvons vivre cette rencontre personnelle avec Jésus, en n’ayant pas peur de nous laisser surprendre, en étant même dans l’attente de cette divine surprise.

Dieu nous surprend toujours, parce que l’amour est une éternelle surprise. La rencontre, elle surgit toujours, elle a toujours quelque chose de nouveau, de rafraîchissant, de vivifiant. Il faudrait que nous nous laissions surprendre par Dieu au moins une fois par jour. Regardez dans l’Evangile combien Jésus est surprenant, avec les pharisiens, avec Zachée, avec la Samaritaine, avec la femme adultère, avec les apôtres eux-mêmes lorsque par exemple il leur lave les pieds. Aimer Jésus c’est aller de surprise en surprise. Si on ne se laisse pas surprendre par Jésus, c’est parce qu’on a fermé la porte, qu’on s’est barricadé. Alors nous pouvons nous attendre à deux réactions possibles de la part de Jésus. Soit il agit comme un voleur, mais c’est impossible pour lui puisque ce qu’il veut c’est nous aimer, c’est que nous l’aimions et la liberté est indispensable à l’amour ! On aimerait tellement qu’il agisse comme un voleur. « Seigneur j’ai fermé les portes de mon cœur, mais s’il te plait, force la porte ». Non Jésus n’est pas un voleur alors il n’a qu’une autre solution : il repart ! C’est terrible ! Jésus frappe à ma porte mais je me suis calfeutré. Je refuse qu’il fasse irruption. Ce refus, il s’exprime lorsque je m’enferme dans mon confort, dans ma petite vie facile, lorsque je refuse d’être bousculé. J’ai trop peur de ce que cela pourrait impliquer. Je deviens vieux. Je me barricade lorsque je refuse d’accepter une main tendue si je suis en situation difficile, ou si je refuse de tendre la main à celui qui réclame de moi un peu d’attention. Ce n’est pas nécessairement quelqu’un d’extraordinaire ; c’est même souvent quelqu’un de tout proche : mon conjoint, mes enfants, mes parents seuls ou malades. Cela m’a fait penser à cette très belle actrice qui avait décidé un jour de se déguiser une mendiante. Son but était de savoir ce que pouvaient ressentir les plus pauvres et quelle était la réaction des passants.

Certains ont été distants, voire dégoûtés, d’autres ont été généreux et une personne a voulu vraiment aider cette pauvre mendiante qui sentait mauvais : elle lui a parlé, sans la juger, elle lui a proposé de l’aider. Quelle surprise pour elle de s’apercevoir qu’il s’agissait d’une actrice très connue. Elle en a presqu’été déçue. Le lendemain de la diffusion de cette émission à la télévision, je me doute que certains hommes ont mieux dévisagé les mendiants du quartier. Mais imaginez un peu la chance que nous avons ! Pour nous c’est Dieu lui-même qui se cache derrière chaque personne que nous rencontrons, et la surprise est d’autant plus belle, d’autant plus bouleversante qu’il se cache derrière un pauvre, un souffrant, derrière quelqu’un vers lequel nous ne serions pas allés naturellement. Nous ne cessons de nous protéger contre l’irruption du Seigneur dans nos vies. Nous adoptons une mentalité contraceptive. Non au préservatif spirituel ! Vous savez ce que c’est le préservatif spirituel ? C’est cela : « Surtout Seigneur, ne vient rien semer en moi. Quelque chose risquerait de naître. Je préfère ne rien attendre ». Quelle tristesse ! Alors chers frères et sœurs, comme nous le demande saint Paul : « C’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil. Car le Salut est tout proche ! » Comme la vie serait trépidante si on se disait en se levant le matin : Cette fois Seigneur, je ne vais pas te rater. Je vais guetter ta venue et dès que je la pressentirai, je t’ouvrirai mon cœur. La vie des saints n’a rien de banale parce que c’est ce qu’ils se disent à chaque instant. Seigneur qu’attends-tu de moi ? Où m’attends-tu ? Que veux-tu de moi ? Si nous leur ressemblions un peu plus, je vous assure que nous ne nous embêterions pas.

On le chante dans un hymne : « Toi qui fais toute chose nouvelle, quand passe le vent de l’Esprit. Viens encore accomplir des merveilles, maintenant ! » Si nous sommes dans cette attitude de l’attente, dans cette attitude de l’avent, non seulement notre vie aurait du goût, du relief mais en plus nous ne nous poserons même plus la question de savoir comment être témoins de l’amour de Dieu autour de nous. Remplis de l’amour du Seigneur, débordants de miséricorde, nous ne pourrons faire autrement que de le laisser jaillir de notre cœur sous la forme de gestes de miséricorde, d’œuvres de miséricorde.

Voici venu le temps favorable, réveillons-nous ! Le pape nous le dit à un autre endroit de sa dernière lettre : « Voici venu le temps de la miséricorde. Chaque journée de notre route est marquée par la présence de Dieu qui guide nos pas avec la force de la grâce que l’Esprit répand dans le cœur pour le modeler et le rendre capable d’aimer. Voici venu le temps de la miséricorde pour tous et pour chacun, pour que personne ne puisse penser être étranger à la proximité de Dieu et à la puissance de sa tendresse. Voici venu le temps de la miséricorde pour que ceux qui sont faibles et sans défense, loin et seuls, puissent accueillir la présence de frères et sœurs qui les tireront du besoin. Voici venu le temps de la miséricorde pour que les pauvres sentent se poser sur eux le regard respectueux mais attentif de ceux qui, ayant vaincu l’indifférence, découvrent l’essentiel de la vie. Voici venu le temps de la miséricorde pour que tout pécheur ne se lasse jamais de demander pardon et sente la main du Père qui accueille toujours et serre contre lui ».

Oui, comme nous le demande notre pape, laissons-nous surprendre par l’Evangile, par Jésus qui nous attend derrière chaque personne que nous rencontrons, derrière chaque occasion que nous avons d’aimer et de nous donner. Alors soyons vigilants et entrons avec joie dans cette attente de Jésus qui vient.

Amen

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