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Les évêques
Homélie de Mgr Gobilliard – 2e dimanche de l’avent

Publié le 05 décembre 2016

Homélie de Mgr Gobilliard – 2e dimanche de l’avent

Frères et sœurs la liturgie d’aujourd’hui est comme une grande description de la figure du Messie. Pour bien comprendre le temps de l’avent, il faut se rappeler que les deux premières semaines de l’avent nous invitent à contempler la figure du Messie. Il est celui qui nous apporte la paix. IL est le prince de la paix, mais vous verrez que cette figure de paix n’est pas la figure laxiste d’un Messie qui nous passerait tout, qui ne serait que tendresse et douceur. En Jésus l’amour est éducatif. Il ne nous passe rien parce qu’il nous veut heureux et donc saints. En lui, « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » comme le dit le psaume 84. Il est celui qui baptise dans l’Esprit Saint et le feu. Lorsque le pape François nous invite à contempler en Jésus le visage de la miséricorde, il ne s’agit pas d’une réalité molle ou doucereuse. Si vous êtes parents, vous ne le savez que trop bien. Les repères, les exigences, les objectifs clairs sont nécessaires au bonheur de nos enfants. Aujourd’hui Jésus nous est présenté comme le nouveau Jean Baptiste. Et vous voyez dans l’Evangile que Jean Baptiste s’y connaît en exigences. Il est d’abord exigeant pour lui-même avant de l’être pour les autres. Finalement son discours, c’est de nous dire : « sortez de vous-mêmes, de votre confort trop facile, de vos habitudes égoïstes ». D’ailleurs, quand je dis cela je suis nettement en dessous de la réalité. En vrai il dit : « engeance de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? » Il nous invite à réagir, à sortir de notre torpeur, de notre paresse. C’est bien sûr très exigeant, mais c’est très beau. En fait Jésus, par la voix de Jean Baptiste nous dit « bouge-toi ! » mais il nous dit aussi : « j’ai confiance en toi. Je sais que tu peux le faire. Je veux que tu sois un saint, un grand saint, parce que le monde en a besoin parce que l’Eglise en a besoin, parce que j’ai besoin de toi ».

Notre monde est en attente d’exigences. Notre société, trop repliée sur elle-même, a soif qu’on la prenne au sérieux, qu’on ne rabaisse pas systématiquement les exigences au plus petit dénominateur commun. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre mais on attire les jeunes en leur proposant de grands objectifs, en les invitant à se surpasser. C’est aussi ce que le pape a dit aux jeunes aux JMJ, les invitant à quitter leurs divans. Bien sûr que c’est difficile, bien sûr qu’il y aura des souffrances, bien sûr que vous transpirerez, mais le sommet de la montagne est à ce prix et quand vous serez arrivés là-haut, vous aimerez jusqu’à votre sueur. On nous dit de plus en plus que le monde a besoin de valeurs. C’est vrai, mais pas de valeurs morales pour elles-mêmes, pas d’objectifs théoriques et fumeux. Ils veulent qu’on les invite à s’élever et à se surpasser. Mais attention ! pas tous seuls ! La figure de Jean Baptiste est très intéressante aussi par son extraordinaire humilité. Il a soif des grands espaces. Il fait l’expérience du désert et des vastes horizons. Mais il n’est pas entêté. Il ne part pas bille en tête sans prendre les moyens de ses exigences. Il s’incline devant Jésus et lui dit, symboliquement : « tu es mon Seigneur, celui dont j’ai besoin et je ne suis pas digne de délier la courroie de tes sandales ». Il attendait probablement un Messie plus éclatant, plus victorieux, plus intransigeant mais il accepte de se tromper, il accepte surtout d’avoir besoin. Ayez de grandes aspirations mais apprenez à avoir besoin. C’est la deuxième grande leçon de ce temps de l’avent. Dans les deux premières semaines on nous présente un messie, qui sauve, qui guérit, qui agit, qui enseigne qui invite à la conversion. Puis pendant la troisième semaine nous sommes invités à contempler ce qui pourrait apparaître comme étant la contradiction de ce qui a été dit juste avant. Nous vivons l’Annonciation, la Visitation. Nous sommes en contact avec la figure de Marie, de Joseph, d’Elizabeth et de Zacharie qui nous disent que Dieu a eu besoin d’eux. Ce Messie tout puissant a eu besoin d’une mère pour le porter, d’une famille pour lui apprendre son métier d’homme, d’un cousin pour le lancer dans sa mission. Oui vous avez bien entendu : le Verbe de Dieu s’est fait bébé balbutiant. Le tout puissant s’est fait dépendant. Le risque, lorsqu’on propose aux jeunes de se dépasser, c’est de faire de ce dépassement lui-même une finalité, de mettre au-dessus de tout la valeur de l’autonomie et de confondre autonomie et liberté. L’homme libre c’est celui qui est capable de reconnaître ses faiblesses et de se laisser recouvrir par la miséricorde de Dieu. L’homme libre c’est celui qui est capable de reconnaître dans les autres ceux sans lesquels il ne peut pas vivre vraiment ni être heureux. L’homme libre c’est celui qui comprend que la liberté n’est pas cette liberté d’indifférence qu’on nous ressert à toutes les sauces médiatiques. Ainsi on serait d’autant plus libre qu’on ne serait influencé par personne, et surtout pas par sa famille, sa religion, sa culture, son histoire. Cette liberté-là est incompatible avec l’amour, parce que quand j’aime, un mot, une parole, un regard de la personne que j’aime me fait changer d’attitude, me fait changer de route, me fait changer de vie. Demandez aux apôtres combien une parole de Jésus a suffi à tout bouleverser et à les rendre heureux. Le véritable esclavage n’est pas extérieur à moi. Des hommes et des femmes sont restées libres même en prison. Le véritable esclavage, il est en nous. C’est l’esclavage du péché ! Nous le savons bien, nous qui sommes prisonniers de notre langue qui médit ou calomnie, de notre cœur qui ne pense qu’à lui, de notre intelligence qui se débat tant qu’elle peut pour affirmer son pouvoir en écrasant les autres, nous qui ne pensons qu’à nous ou qui manipulons les autres pour arriver à nos fins. Nous avons besoin de Jean Baptiste pour nous sortir de nous-mêmes, nous avons besoin surtout de Jésus pour nous relever quand nous tombons, pour nous consoler quand nous pleurons. Pour sortir de notre médiocrité nous avons besoin de Dieu qui veut pour nous le meilleur, nous avons besoin aussi des autres sans lesquels ce meilleur devient une utopie après avoir été un rêve. En Jésus, qui nous fait confiance au point d’avoir besoin de nous, nous avons le maître qu’il nous faut : il nous montre le but ultime, notre idéal de sainteté, mais il nous donne en même temps les moyens de le réaliser : son amour, son pardon, la force de ses sacrements, le soutien de l’Eglise et de tous ceux qui nous entourent. Le message de ce dimanche c’est !

Avancez au large. Regardez loin. Soyez exigeants avec vous-mêmes, dépassez-vous mais ayez aussi la force d’avoir besoin, la force de vous abaissez et de reconnaître vos limites comme l’a fait Jean Baptiste ; la force d’aimer et de vous laisser aimer. Le Messie qui vient nous invite à la conversion mais il est doux et humble de cœur. Demandons-lui de nous faire désirer la sainteté mais demandons-lui en même temps de venir la réaliser en nous, parce que la sainteté, c’est lui. Amen

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