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Les évêques
Homélie du jour de Pâques 2023

Publié le 11 avril 2023

Homélie du jour de Pâques 2023

Retrouvez ci-dessous l’homélie de Mgr Olivier de Germay pour la messe de Pâques célébrée dimanche 9 avril 2023 à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste à Lyon.

Nous sommes ici nombreux. J’imagine que nous sommes là pour des raisons diverses, et avec des fois diverses. Certains sont des pratiquants réguliers, d’autres plus occasionnels. Certains, peut-être, ne partagent pas notre foi mais sont là pour accompagner un proche, ce qui est une belle preuve d’amitié ou d’amour. Mais, au fond, peu importe pourquoi nous sommes là. Dieu, lui, le sait. Et pour lui, il n’y a pas de hasard. Il nous connaît ; il sait que nous sommes là et, qui que nous soyons, il nous invite à poser un acte de foi authentique.

Pourquoi est-ce si important ? Parce que c’est la foi qui sauve. « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » dit Jésus. Sauvé de quoi ? de la mort éternelle. La foi engage notre éternité ! C’est pour ça qu’on ne peut pas être croyant à moitié, par intermittence ou encore par procuration. Parfois je rencontre des hommes qui me disent : moi je ne vais pas à la messe, mais ma femme y va pour moi. Ça, ça ne marche pas !

La foi est un processus, un chemin qui dure toute la vie, qui passe par des étapes, et aussi par des hauts et des bas. Mais cet itinéraire passe aussi par des moments décisifs. Et c’est peut-être le cas pour nous ce matin.

Comment décrire cet acte de foi auquel le Seigneur nous invite ce matin ?

Cet acte de foi ne naît pas forcément au bout d’un long raisonnement, ou au bout d’un long discernement où on va peser le pour et le contre. Il y a parfois comme un moment favorable à saisir. Imaginez par exemple que vous allez prendre un train à la gare ; vous êtes en retard, vous courez, vous arrivez sur le quai, le train va partir dans quelques secondes mais vous n’êtes pas sûr que ce soit le bon train. Un inconnu vous dit : oui c’est bien celui-là. Est-ce que je peux lui faire confiance ou pas ? Le train va partir, il faut se décider. Il en va ainsi parfois avec la foi.

Monter dans un train, ce n’est pas y mettre une partie de soi. Le train nous emporte tout entier. Il en va de même avec Jésus. Dans l’évangile on voit Jésus qui passe à côté de quelqu’un et lui dit : « suis-moi » Et l’évangile indique : « quittant tout, il le suivit ». Il y a dans l’acte de foi une forme de radicalité.

Dans notre vie ordinaire, on peut distinguer la vie professionnelle, la vie familiale, la vie associative, etc. Mais suivre le Christ, ça nous prend tout entier. La foi ne peut pas être la cerise sur le gâteau ; on ne peut pas être chrétien simplement le dimanche de 11h à midi. C’est toute notre vie qui est transformée par Jésus.

Alors, comment décrire cet acte de foi ?

On le présente parfois comme quelque chose d’irrationnel, et on l’oppose à la science. C’est oublier que de nombreux grands scientifiques sont aussi de grands croyants. La foi et la raison ne se contredisent pas, elles se situent simplement à 2 niveaux différents. Il est vrai que la foi chrétienne ne se démontre pas comme on pourrait démontrer une formule mathématique mais, en sens inverse, personne n’a jamais été capable de démontrer la non-existence de Dieu. L’athéisme est une option respectable, mais qui n’a rien de rationnel. Être athée, ou vivre comme si Dieu n’existait pas, ce qui revient à peu près au même, c’est faire le choix, plus ou moins assumé et plus ou moins conscient, d’une existence sans but ; ou plutôt d’une existence dont la finalité serait la mort et la corruption. Vivre sans Dieu c’est, plus ou moins consciemment, mettre un couvercle sur cette aspiration à la transcendance et à la plénitude qui est dans le cœur de tout homme.

Alors, comment décrire cet acte de foi ?

On s’imagine parfois que la foi nous est imposée de l’extérieur par une forme de prosélytisme. Et dans ce cas, bien sûr, on se ferme comme une huître. Mais en réalité, l’acte de foi authentique passe par notre intériorité. C’est en effet en nous-mêmes, en développant notre intériorité, que nous découvrons notre soif de plénitude, soif d’aimer et d’être aimé, soif d’un amour immense qui ne supporte pas d’être séparé de l’être aimé et qui donc ne peut se satisfaire de la mort comme horizon ultime de l’existence. C’est en nous-mêmes que nous découvrons le grand paradoxe de la vie humaine : je suis un être fini et j’aspire à l’infini.

L’acte de foi suppose ce passage à l’intérieur de soi mais, il est vrai, il passe aussi par un appel extérieur. C’est déjà le cas dans la vie ordinaire, indépendamment de la foi. La philosophie personnaliste a mis en évidence que pour exister, j’ai besoin du regard d’un autre qui m’appelle à vivre. C’est encore plus vrai dans la foi. La foi est une réponse à un appel du Christ qui m’appelle à le suivre.
Mais, me direz-vous, comment suivre un inconnu ? En réalité, en même temps qu’il m’appelle, il se révèle à moi. Et je fais, plus ou moins progressivement, cette découverte bouleversante qu’il m’aime d’un amour infini et qu’il est celui qui peut répondre à mes attentes les plus profondes. Je découvre en même temps qu’il respecte infiniment ma liberté. C’est pourquoi il attend de ma part une réponse et m’invite à poser un acte de foi, un acte qui ne peut être que libre.

Et c’est pourquoi aujourd’hui, dans cette cathédrale, Jésus, qui est présent au milieu de nous, nous dit, me dit, te dit : « je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra. Le crois-tu ? »

+ Olivier de Germay
Archevêque de Lyon

 

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Légende de la photo : baptême d'adulte lors de la vigile pascale samedi 8 avril 2023. Crédit photo : Diocèse de Lyon